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© HORIZON MAGAZINE PLUS : Carine Kamogne
- 11 Nov 2015 06:41:54
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CAMEROUN :: La face hideuse d’un instrument de règlements de comptes nommé Opération Epervier :: CAMEROON
S’il est un mystère que de nombreux observateurs ne parviennent pas à percer jusqu’à cejour, c’est celui de la véritable motivation qu’ont les acteurs de l’action de répression des atteintes à la fortune publique, encore appelée Opération Epervier, à garder un silence de mort sur la gestion honteuse des actifs résiduels des ex-sociétés d’Etat privatisées ou fermées (Regifercam, Oncpb, Sotuc, Onpc, Sodecao, ex-Zapi, ex-Cenedec, ex- Matgenie, Sofibel, Onaref, Onadef, Celucam, Biao…). Une gestion qui pour trois d’entre ces ex-sociétés confiées au cabinet Atou (Regifercam, Oncpb, Onpc) confine au plus gros scandale de notre temps.
On a vu les deux derniers ministres de la Justice, à savoir Amadou Ali et son successeur Laurent Esso, se démener comme ils le pouvaient, pour mettre le grappin sur des gestionnaires indélicats qui avaient pourtant bonne presse, et dont le travail de certains était même très apprécié de la plus haute hiérarchie administrative du Cameroun. Polycarpe Abah Abah, Urbain Olanguena, et autres Nguini Effa, Yves Michel Fotso… sont des personnalités dont la sagacité a permis à un certain moment de redresser quelquesunes des situations qui paraissaient très embarrassantes, pour ne pas dire désespérées. Mais les camerounais ont applaudi des quatre membres ces actions purificatrices qui permettaient, non seulement de distinguer le bon grain de l’ivraie C a m e r . b e, mais aussi de détromper ceux qui étaient assis sur la certitude de leur impunité pour services rendus et en profitaient pour exercer d’effroyables sévices sur les deniers publics. Mais la situation tourne à la controverse quand on se rend compte que bien d’autres personnalités qui ne peuvent même pas prétendre jouir de la réputation d’avoir posé un jour un acte remarquable en faveur de l’Etat, sont pointées du doigt de façon itérative dans des affaires qui relèvent du gros scandale, mais ne font même pas l’objet de poursuites judiciaires aussi rageuses et enragées que d’autres embastillées depuis longtemps dans le cadre des procès qui tirent en longueur faute de preuves suffisantes pour étayer l’accusation, tout simplement parce que ces personnes étaient ou sont proches soit de l’ancien, soit de l’actuel ministre de la Justice.
On peut citer, sans être exhaustif, le cas de l’expert Dooh Collins dont on ne sait pas trop comment il a géré les fonds mis à sa disposition par Amadou Ali -dont il était un proche selon toute vraisemblancepour aller traquer par monts et par vaux les comptes planqués dans des paradis fiscaux des "présumés coupables" de détournement de deniers publics. Aujourd’hui, on peut évoquer le cas du Cabinet Atou, ou de son promoteur, Lazare Atou, englué dans les scandales de la gestion des actifs résiduels des anciennes sociétés d’Etat, mais qui est à peine inquiété, Laurent Esso, ci-devant Secrétaire Général de la Présidence de la République et actuel ministre de la Justice étant très visiblement derrière cette personnalité controversée. Au contraire, on voit un fidèle serviteur de l’Etat comme Lazare Essimi Menye qui a quitté le cadre douillet d’une institution financière internationale pour répondre à l’appel du président Biya à venir servir son pays, traîné dans la boue, martyrisé et poussé à la mort, avec à la clé un refus de lui autoriser une évacuation sanitaire, pour la simple raison qu’il aurait tenu tête à Laurent Esso dans l’affaire du retrait de mandat de Lazare Atou pour la gestion et la sauvegarde des actifs résiduels des ex-Rncf, Oncpb et Onpc.
Inimitié mortelle entre Laurent esso et Essimi Menye pour Lazare Atou
Tout commence par un communiqué de essimi Menye, alors ministre des Finances, daté du 04 janvier 2008. Un communiqué relatif à la sécurisation et la gestion des biens résiduels des liquidations de la Regifercam, l’Oncpb et l’Onpc, dans lequel le ministre signale «au public qu’il a été mis fin aux mandats confiés au cabinet conseil Atou, relatifs à la sauvegarde et à la gestion des actifs des liquidations » desdites sociétés «depuis le 3 avril 2007». Aussi, en conséquence, avait prévenait-il, «tous les actes posés par ledit cabinet sont nuls et de nul effet». Pour ne pas s’arrêter en chemin, Essimi Menye commettra le péché lèse Esso-Atou de désigner le cabinet Challenger pour remplacer Atou. La réaction des concernés ne tardera pas puisque deux jours plus tard, le 06 janvier 2008, Essimi Menye reçoit une correspondance de Laurent Esso, ministre d’Etat Secrétaire Général de la Présidence de la République, qui lui instruit de rapporter sa décision. Essimi Menye ne s’y pliera pas, d’autant plus qu’il ne fait qu’exécuter une décision de son département ministérielle datant d’une époque où il n’était même pas le titulaire de ce portefeuille alors dirigé par Polycarpe Abah Abah. Bien plus, le 8 janvier 2008, Essimi Menye convoque une réunion à laquelle le cabinet Atou doit présenter des justificatifs sur la gestion de l’Immeuble Shell pendant trois ans. Quelques mois plus tard, en juillet 2008, il intente un procès en sa qualité de ministre de tutelle des privatisations et des liquidations contre le cabinet Atou pour détournement de deniers publics. En 2009, la police judiciaire remet à la justice un rapport d’enquête dont les conclusions font état de malversations financières dans la gestion du cabinet Atou au détriment de l’Etat. Non seulement Atou ne sera jamais inquiété, mais il continuera envers et contre tous à gérer les actifs résiduels réussissant même à damer le pion au Cabinet Challenge. C’est encore le cas jusqu’à ce jour.
Le cas Lydienne Eyoum qui met la puce à l’oreille
Or en janvier 2010, comme pour prouver qu’il y a des gens qui ont des parapluies et des godasses dans ce Cameroun que nous prétendons nôtre, mais qui est plutôt la propriété personnelle de certains deus ex-machina, Me Lydienne Yen Eyoum avocate de l’État camerounais chargée (sous mandat spécial délivré par le ministère des Finances le 16 décembre 2004, dans le dossier opposant ce dernier à la filiale camerounaise de la Société générale, l’ex-Société générale de banques du Cameroun (SGBC) du recouvrement des fonds de la liquidation de l’ex-Office national de commercialisation des produits de base (ONPCB), versés sur un compte de la SGBC, est arrêtée le 8 janvier 2010 et placée sous mandat de détention provisoire, pour finalement écoper de 25 années de prison. Son crime officiel est d’avoir détourné 1,077 milliard de francs CFA, mais son crime véritable est d’avoir été proche d’un certain Abah Abah qui lui, semble- t-il, était un adversaire politique de certaines personnalités encore bien en cours –ou peu s’en faut- qui étaient plus ou moins proches de l’ancien ou de l’actuel ministre de la Justice. En effet, Me Eyoum avait été chargée de récupérer quelque 3,6 milliards de francs CFA que la banque avait bloqués alors qu’elle aurait dû les restituer à l’État.
L’action de Lydienne Yen Eyoum, amènera la justice à sommer la banque de transférer 2,155 milliards de francs CFA à l’État. Le 23 décembre 2004, feu Henri Engoulou, alors ministre délégué aux Finances en charge du Budget, adresse une correspondance à Me yen Eyoum dans laquelle on peut lire : « Maître, comme suite à la décision de justice relative à l’affaire État du Cameroun/ONPCB contre la SGBC, et en attendant que nous nous mettions d’accord sur vos honoraires Camer.be, j’ai l’honneur de vous demander de bien vouloir virer la moitié de la somme (…) au profit du Trésor public. » cela sera fait par Me Eyoum. Comme on le voit bien, quand quelqu’un a recouvré 3,6 milliards et en a versé la moitié au trésor public, il lui reste bien plus que les 1,077 milliard supposés être détournés. Or Me Eyoum avait toutes les raisons de détenir la somme de 1,077 milliard représentant les « dépens » (frais de justice engagés pour un procès) en attendant un accord sur ses honoraires pour effectuer la déduction qui s’imposait s’il y avait lieu. Mais elle avait la malchance d’être du mauvais côté au moment où le vent y était contraire et contrariant. Elle n’aura même pas l’heur de humer seulement les senteurs de ses honoraires, mais sera embastillée pour les enfers. Lazare Atou sur qui pèsent des soupçons plus graves est quant à lui, libre comme l’air ! Mais même en supposant qu’elle ait vraiment détourné cet argent, ce qui permettrait de comprendre l’empressement de la " justice" à la punir, comment peut-on expliquer que cette même justice et tous ceux qui la déclenchent, n’aient jamais voulu enquêter « pour savoir qui fait quoi avec l’argent perçu des actifs résiduels immobiliers des ex-sociétés d’Etat, qui tire les marrons du feu, et qui protège les prédateurs et les prévaricateurs », pour reprendre le questionnement des membres du "Collectif des Descendants des Personnels Déflatés ou Compressés des anciennes sociétés d’Etat" (CDPDC) passées sous les fourches caudines de la privatisation, de la liquidation ou de la scission-liquidation, qui écrivaient sur la question il y a un peu plus d’un an aux membres de la représentation nationale.
Il est pourtant indéniable que le tort causé aux Camerounais par les gestionnaires est plus important que le détournement de 1,077 milliard de francs. Car bien gérés, les actifs résiduels auraient permis de désintéresser les 14.000 déflatés et compressés des anciennes sociétés d’Etat. Au contraire, ceux-ci en viennent à mourir, parfois en public, devant les caméras de télévision, sous le regard indifférent de ceux à qui le président de la république avait confié la mission de régler leurs problèmes et autres réclamations. Normal, le magot qui en est tiré leur profite à eux seuls, et doit continuer de leur profiter. Indument. Et après, on viendra toujours bassiner les oreilles des pauvres Camerounais, qui ne sont pas dupes cependant, avec des histoires d’opérations bidon de protection de la fortune publique et de répression des crimes de détournement, comme on est en train de vouloir le faire avec Essimi Menye, un autre ennemi du clan de ceux qui entendent succéder à Biya en 2018, en écartant tous ceux qui ne partagent pas leurs ambitions politiques et la stratégie d’enrichissement illicite pour disposer des moyens de parvenir à ces fins occultes.
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