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© La Météo : Nadine Bella
- 10 Nov 2015 00:00:00
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CAMEROUN :: Déviances - Mifi : quand le préfet «colle la petite» :: CAMEROON
L’impact de la décision d’interdiction de cette chanson est inversement proportionnel au but recherché. A l’observation, Joseph Tangwa Fover fait plutôt la publicité de l’album.
En décidant, seul comme un grand le 2 novembre, d’interdire la vente, la promotion et la diffusion de «Coller la petite» sur son territoire de compétence, le préfet de la Mifi, Joseph Tangwa Fover, n’imaginait sans doute pas la publicité gratuite qu’il faisait au jeune Franko. L’interdit ayant le don d’aiguiser la curiosité, la popularité de cette musique a décuplé depuis lors : plus d’un million de «vus» de la vidéo sur Youtube depuis lors.
Prétendant protéger, à l’insu de son plein gré, la population contre les obscénités, le chef de terre s’est plutôt posé en agent commercial d’un salmigondis pourtant appelé à s’essouffler aussi vite qu’il est apparu. Mesure à la fois inopérante et contreproductive. Dans le chef-lieu de la région de l’Ouest et aux alentours en effet, le succès de «Coller la petite» ne se dément pas. Le succès de «coller la petite» se répand désormais sur l’ensemble du pays, et en dehors à une vitesse inimaginable. Nombreux, ceux qui estiment déjà que «coller la petite» sera la chanson de l’année. Impossible d’arrêter le vent avec les mains. Que va donc faire le très inspiré Joseph Tangwa Fover ? Se couvrir de ridicule, bien sûr. Aider un navet à durer dans les hits.
Si on est bien d’accord que la lutte contre les déviances doit être menée sans la moindre faiblesse, et ce dans tous les plans. Mais que vaut un arrêté d’interdiction d’une minable chanson dans un département, lorsque tout à côté, la même mièvre mélopée est en libre circulation ? Quand on peut se l’offrir gratuitement sur Trace Tv ou Internet ?
Le Cameroun retient d’autant plus son souffle qu’on a connu pire, en matière de déviances musicales, la norme communément admise, aujourd’hui dans ce pays, étant l’atteinte à la moralité publique. Face à la démission massive des autorités chargées de veiller au respect des bonnes mœurs, les chansonniers du dimanche exploitent à fond le filon de la grivoiserie pour un public de plus en plus voyeur.
Le brave Tangwa Fover pourra toujours prendre tous les actes coercitifs qui l’arrangent. Pour leur application, il faudra certainement repasser. Pour tout dire, le préfet de la Mifi a raté l’occasion de se taire.
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