Essimi Menye invité à rendre l’âme sur place : IL LES CREE ET LES LAISSE MOURIR
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Il faudrait procéder à une analyse psychanalitique pointue pour comprendre pourquoi  Paul Biya broie avec autant de gournandise des personnes qu’il a pourtant « créées ». Comment malgré tout, il arrive toujours à en recruter ? Qui connaissait Essimi Menye avant qu’il n’en face le « grand argentier national » ? Aujourdhui, comme les Abah Abah, Jérôme Mendouga, Catherine Abena, Booto a Ngon, Marafa Hamidou Yaya… il risque l’infamie d’une condamnation pénale. Personne ne nous empêchera de penser que dans tous les procès autour de l’opération « Epervier », il manque le principal responsable : devine qui pourra !

Depuis quelques jours, l’actualité politique nationale est dominée par le souffle, plus ou moins court, de l’ancien ministre des Finances, débarqué récemment du poste de ministre de l’agriculture. Comme c’est devenu, hélas récurrent, des informations concordantes font, non seulement état de sa santé chancelante, mais surtout de sa volonté contrariée de bénéficier de la faveur d’une évacuation sanitaire.

« Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude »

Le débat fait rage. On peut néanmoins voir les choses sous plusieurs angles. Si on est cynique, on peut tout simplement utiliser cette formule populaire : « c’est bien fait pour lui ». Il n’avait qu’à rester tranquillement aux Etats-unis continuer une brillante carrière internationale qui s’offrait à lui. Au lieu de quoi, il a préféré rentrer au pays servir de « bras armé » dans la lutte qui allait opposer le pouvoir à l’ancien ministre des finances Abah Abah, qui n’était plus en odeur de sainteté autour du premier cercle.

On peut mettre cet Essimi Menye dans le même « sac » que tous ceux qui, un jour plurent au « dieu » de l’Etat et acceptèrent de le servir avec zèle, sans mesurer le chemin qui le séparait du bon Dieu, Créateur du ciel et de la terre.
On peut moquer sa demande en vue de bénéficier d’une évacuation sanitaire afin de fuir les affres d’un système hospitalier mis en place par le pouvoir incarné par un homme qui, depuis une trentaine d’années, a pratiquement détruit tout ce qu’il a touché et ceux qui l’ont approché.

Pourquoi allez voir ailleurs si le pays est aussi bien géré qu’ils le disent à longueur de meeting où l’homme du 06 novembre 1982 et sa charmante épouse sont aussi vénérés que Néron, célèbre roi dans l’histoire de la Rome antique ?

Hélas ! Alors que Néron demandait chaque matin à un de ses soldats de venir lui rappeler qu’il « n’est qu’un homme », personne n’a ni le pouvoir, ni le courage de lui rappeler pareille évidence.

Ceux qui n’ont pas le courage de refuser de servir un tel homme, de lui rappeler qu’il n’est  qu’un simple mortel, peuvent-ils bénéficier de notre compassion ? Des gens qui, comme Essimi Menye, ont poussé le zèle tellement loin, au point de faire couler littéralement des institutions financières ethniquement ciblées (Cofinest, Amity bank…), en manipulant l’argent du contribuable avec une légèreté blâmable ? Le tout surtout avec le ton supérieur et arrogant qui caractérise les gens sans véritable consistance.

Une vision humaniste des choses

On peut aussi voir les choses sous un autre angle. Se demander ce qu’on aurait fait à leur place ; s’il était possible, pour un simple fonctionnaire internationnal, de refuser  de venir  « surveiller » un « golden boys » du calibre de Polycarpe Abah Abah, avec la perspective de le remplacer.

Se poser la question de savoir si face aux dépenses folles du président de la République pour voyager à des fins privées, aux frais du contribuable, tous les trimestres « quelque part » en Europe, un homme chargé de ce genre de décaissements n’arriverait pas à penser que détourner quelques milliards « seulement », n’avait pas la même consistance qu’un  péché véniel.

En plus, dans un pays chrétien ou musulman tel que le nôtre, la miséricorde n’est pas simplement une vue de l’esprit. Les gens de notre génération ont appris ce que c’était que la morale dès l’école primaire : elle veut que l’on ne s’acharne pas sur un « homme à terre ».

Si Essimi Menye est réellement malade, quel est l’intérêt des Camerounais, sans doute spoliés par sa gestion contestée des finances publiques, à ce qu’il périsse pour cause d’une maladie alors qu’il aurait pu s’en échapper  entre de bonnes mains? Quel est l’intérêt du chef de l’Etat, à s’acharner sur des hommes qu’il a brisés littéralement en les faisant « tutoyer » les sommets, pour ensuite les rabaisser plus bas que terre ? Un tel comprortement est-il humain ?

Essimi Menyé sur les traces de Booto à Ngon, Gérôme Mendouga, Catherine Abena… Henri Engoulou ?

Mais ne soyons pas dupes. Dans la situation qui est la sienne, il est très commode pour Essimi Menye d’invoquer la maladie afin d’échapper aux griffes d’un homme qui se vantait, il y a une vingtaine d’années devant  le journaliste Eric Chindje, ébahi, au cours d’une interview mémorable, de pouvoir, avec un simple « coup de tête », faire et défaire n’importe qui dans ce pays.

Qui peut croire l’ancien ministre de l’Agriculture assez « fou » pour, à la suite d’une évacuation sanitaire, revenir dans l’enfer camerounais et se retrouver dans la gueule du loup ? Ce serait faire offense à son intelligence.

Mais il peut se faire que cette maladie soit une réalité, le ministre de la santé André Mama Fouda, biyaïste parmi les biyaïstes, ne pouvant prendre à la légère la défense de son cas devant la « très haute hiérarchie ». Alors le problème reste entier : qui a intérêt à le voir mourir aussi précocement ?

Faut-il que le président de la République soit inhumain au point de n’avoir tiré aucune leçon de ce qui s’est passé avec les ministres Catherine Abena, Henri Engoulou, Booto a Ngon et l’ambassadeur Jérôme Mendouga ? Comment ne pas se rappeler, avec émotion, de ce vieil homme (Booto a Ngon ) se présentant devant les portes du pénitencier avec dignité, en indiquant à tous qu’avec son âge et ses maladies, il ne ferait pas long feu en prison où, il devait purger une lourde peine pour avoir acheté une voiture de l’Etat à un prix jugé bas selon les règles de l’administration camerounaise ?

Et cette poignante plaidoirie devant les tribunaux de l’ambassadeur Jérôme Mendouga, victime collatérale de la lutte larvée entre Paul Biya et son ancien « chouchou » Atangana Mebara ? Le pauvre y rappelait son origine modeste, son sens de l’Etat. Il expliquait, avec des mots justes et simples, comment il s’était retrouvé dans l’affaire de l’avion présidentiel pour avoir voulu respecter les instructions du président de la République, du moins telles que les lui avait présenté le Secrétaire général de la présidence de la République d’alors, Atangana Mebara.
Que dire de Catherine Abena, internée à l’hôpital central de Yaoundé, criant son innocence avec vigueur et surtout se scandalisant du fait que son supérieur hiérarchique, le ministre Bapès Bapès, soit en liberté alors qu’elle, même malade, croupissait en prison ? Sa féminité ne lui a été d’aucun secours.

Le « lion » qui nous gouverne est resté insensible à leur souffrance. Aujourd’hui, il regarde une autre de ses « créatures », Lazare Essimi Menye, se rapprocher lentement et surement vers la mort. Quelle part d’humanité reste-il à cet ancien séminariste ? Dire qu’il y a des gens qui se battent encore pour servir un tel homme !

© Ouest Littoral : Benjamin Zebaze

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