La réaction des Camerounais à la journée de deuil national décrété par Paul Biya en mémoire des 76 Camerounais qui ont péri en Arabie Saoudite.  

Atouba Jean, étudiant en sciences politiques à l’université de Yaoundé II : « Un effet de mode »
« Le décret du président de la République ordonnant un deuil national en faveur des compatriotes malheureusement décédés à la Mecque, n’est qu’un effet de mode. Les Camerounais n’y comprennent rien. Un travail préalable de communication aurait dû être fait en amont, afin d’expliquer aux uns et aux autres, les ressorts d’un deuil national. Encore mal conseillé par ses conseillers attitrés, le chef de l’Etat s’est encore loupé. Cette journée de deuil national est un non-évènement »

Tsafack Emile, commerçant, Marché Mokolo de Yaoundé : « Rien ne prouve vraiment  que le Président a décrété un deuil national »
«  C’est vous journaliste, qui m’informez d’ailleurs qu’il y a deuil national au Cameroun aujourd’hui (16 octobre 2015, Ndlr). Je ne sais même pas ce qu’on appelle un deuil national. Si, celui de Marc Vivien Foé, où j’avais vu tout un pays mobilisé, l’ambiance grave et triste. Pour ce qui concerne la tragédie des pèlerins camerounais à la Mecque, rien ne prouve vraiment que le Président a décrété le deuil national ».

Ibrahim, Commerçant, Marché central de Yaoundé : « Le chef de l’Etat nous a surpris »
« Le président de la République a bien fait de prendre la décision d’un deuil national pour nos frères musulmans morts à la Mecque afin d’aller adorer Allah le miséricordieux. La seule chose qui dérange c’est que les musulmans eux-mêmes ne sont pas au courant d’une telle chose. Tout le monde à part vous les journalistes, l’ignore complètement. Le chef de l’Etat nous a surpris, raison pour laquelle il n’y a aucune cérémonie allant dans ce sens ».

Priso Epoh Catherine, informaticienne, Yaoundé : « L’attitude du chef de l’Etat n’est pas réconfortante »
« Pourquoi seulement une journée de deuil national pour les morts de la Mecque, et pas pour les victimes des attentats-suicides de Boko Haram ? Le chef de l’Etat fait de deux situations aux résultats identiques, deux poids deux mesures.  Depuis que des compatriotes meurent, on n’a point vu le président de la République à une quelque cérémonie d’hommages posthumes. Et pourtant, la France qui est notre modèle, voit François Hollande se rendre à l’aéroport accueillir lui-même un seul otage, de même qu’il prend part aux autres cérémonies d’hommages aux soldats français morts sur le champ de bataille. L’attitude du chef de l’Etat n’est pas réconfortante. C’est un chef très distant pour être compatissant ».

Yakana Bafenda Emile, analyste politique, Yaoundé : « J’ai vu qu’aucun drapeau n’est en berne »
« Les conditions de décision du décret du président de la République sont l’illustration parfaite de la manière tatillonne de fonctionner de ce régime. Toutes les décisions sont prises sans aucune projection objective. Une préparation de l’opinion nationale en amont, auraient fait observer des manifestations ça et là. Au demeurant, l’Etat qui lui même a ordonné le deuil national, ne semble pas s’y reconnaître. Il n’y aucune manifestation officielle telle une messe inter religieuse. Il n’y a aucune cérémonie pouvant conduire le citoyen Lambda à prendre conscience de l’acte présidentiel. Bien plus, les gens ignorent tout d’un deuil national. Je suis passé par le lycée Général Leclerc, et bien d’autres bâtiments officiels de la capitale, dont les plus insoupçonnables, j’ai vu qu’aucun drapeau n’est en berne ».