Bras de fer : Lydienne Eyoum refuse le “bon cœur” de Paul Biya
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Plutôt que d’être graciée, l’avocate franco-camerounaise  souhaite bénéficier d’une amnistie, alors que le président de la République est convaincu, à travers le verdict de la Cour suprême, que le droit a été dit dans cette affaire.

A une question posée par notre confrère de l’hebdomadaire Jeune Afrique à Paul Biya, le président camerounais et à François Hollande, celui de la France au sujet de l’affaire dite “Lydienne Eyoum” sur la possibilité pour le Chef de l’Etat Camerounais « de faire un geste dans ce dossier », le locataire du palais d’Etoudi a eu cette réponse équivoque: « la justice a suivi son cours  et  la Cour suprême a pris une décision. Je verrai ce que je pourrai faire si tel est le souhait de l’intéressée et si la constitution me donne les moyens de faire quelque chose, c’est de bon cœur que je le ferai le moment venu ».

Changer de prison pour se rapprocher de sa famille

Aussi appelée « cette personne » par Paul Biya  dans la même réponse, « l’intéressée » Lydienne Yen Eyoum est  sortie son silence vendredi 10 juillet, près d’une semaine après la visite de son compatriote, le chef de l’Etat  français; visite au terme de laquelle tout espoir d’une  libération prochaine de l’avocate franco-camerounaise  semble être permis. Lydienne Eyoum affirme par la voix  de Caroline Wassermann, son avocate, qu’elle souhaite «  changer de prison ».

Pendant longtemps, le camp  Lydienne Eyoum  n’a eu cesse de dénoncer les conditions d’incarcération de leur protégée à la prison centrale de Kondengui. Dans une interview accordée à nos confrères de Radio France internationale (Rfi) en juin 2014, Me Maxime Cessieux dressait un tableau apocalyptique des conditions d’incarcération de sa cliente, après une visite rendue à la détenue franco-camerounaise  mi-juin à la prison centrale de Kondengui : « Pas d’eau courante, des gens qui meurent  tous  les jours à l’infirmerie, mouroir de la prison, des quartiers de détenus majeurs, mineurs, hommes, femmes et malades mentaux……on est dans l’horreur absolue ».

Selon nos informations, Lydienne Eyoum  préfèrerait, en attendant une éventuelle suite donnée à son affaire, être transférée à la prison centrale de new-Bell, à Douala. Celle-ci, souvent qualifiée de « mouroir» par des organisations de défense des droits de l’Homme, la rapprocherait de sa famille, a-t-on appris.

Etre amnistiée pour demander réparation

Mais en plus de vouloir changer de prison, la franco-camerounaise décline toute « grâce présidentielle » ; une « grâce » qui confirmerait de facto sa culpabilité ; or Lydienne Eyoum  a toujours plaidée non-coupable dans cette affaire. Caroline Wassermann souhaite pour sa cliente « une grâce amnistiante ». En d’autres termes, une « amnistie » qui déculpabiliserait  rétroactivement  Lydienne Eyoum,  ouvrirait  forcément  la voie à un recours  juridique au civil contre l’Etat du Cameroun, pour réparation d’éventuels dommages subis par cette dernière.

Auréolée  par la « pression » française et l’intervention personnelle de François Hollande dans ce dossier, Lydienne Eyoum semble entrer dans une sorte de bras de fer  juridique avec Paul Biya qui, est convaincu de la culpabilité de l’avocate, en se basant sur l’arrêt rendu par la Cour suprême. Le président  de la République du  Cameroun cédera-t-il à ses désidératas ? Paul Biya reviendra-t-il sur ses intentions  « de bon cœur » de « faire quelque chose » pour Lydienne Eyoum dont « le souhait » est plutôt de se faire « amnistier » ? Un vrai casse-tête juridique dont les prochains épisodes sont déjà très attendus.

© Ouest Littoral : Georges Semey

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