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© Correspondance : Hilaire Mbakop,Écrivain
- 09 Jul 2015 15:01:52
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Cameroun,L’anéantissement de Bawock: un crime qui doit être puni :: CAMEROON
Parmi les 30 personnes que le chef d’État camerounais Paul Biya catapulta à la chambre haute du parlement le 08 mai 2013, il y avait un grand criminel – comme lui –, à savoir Doh GaNyonga III qui cumule depuis lors les fonctions de sénateur et de chef traditionnel. L’homme de 68 ans est le sixième souverain de la dynastie de Bali-Nyonga, une petite ville de la Région du Nord-Ouest du Cameroun. Avant son intronisation, il s’appelait George Dohsang. On dit qu’il a fait des études de sociologie à la Ruprecht-Karls-Universität Heidelberg. Il épousa une Allemande, mais cette dernière s’en retourna dans son pays natal après avoir passé quelques mois à la cour de Bali-Nyonga. En raison de cette union, le chef de tribu possède un visa permanent, ce que prouvent ses voyages réguliers en Allemagne.
Sa nomination en qualité de sénateur est en effet un scandale, d’autant plus que c’est lui qui incita ses sujets à rayer Bawock Mfeu Ngafa de la carte en mars 2007. Tout de suite, ils envahirent leur village voisin, le pillèrent et l’incendièrent. Les 5000 habitants de la localité anéantie fuirent devant l’ennemi. Ils se réfugièrent notamment chez le gouverneur de la province à Bamenda. La fuite dura douze heures et demie !
Le gouvernement condamna cet acte barbare des gens de Bali-Nyonga et promit qu’il leur demandera des comptes à ce sujet. En outre, il laissa entrevoir l’aide à la reconstruction aux réfugiés. Comme si ça ne suffisait pas qu’il manque à sa parole, il a par surcroît permis au chef de la tribu belliqueuse d’avoir l’immunité parlementaire. En conséquence, on ne peut pas poursuivre ce dernier en justice au Cameroun.
L’ascension sociale et la protection du chef traditionnel criminel sont inquiétantes à tous points de vue. Maintenant qu’il est pourvu du privilège de l’impunité, rien ne peut l’empêcher de faire prendre de nouveau Bawock en assaut. Étant donné qu’il n’a aucune morale, il n’a pas le droit d’être membre d’une institution qui exerce le pouvoir législatif. Donc, il n’y a rien qui puisse justifier sa nomination au poste de sénateur. Le Cameroun se compose de nombreuses tribus et ethnies. Les Bawockais font partie des Bamilékés, tandis que les Balinais font partie des Chambas.
Bien que les autorités fussent renseignées sur l’intention des Balinais, elles n’entreprirent rien pour en empêcher la réalisation. Et comme le gouvernement négligea de venir en aide aux réfugiés, des centaines d’entre eux moururent dans les ruines. Jusqu’aujourd’hui, beaucoup de survivants subissent la douleur physique et psychique causée par la misère et le souvenir de leur village détruit. Ce qui est clair, c’est que le gouvernement a une part de responsabilité dans ce drame. En procurant au responsable principal du crime une fonction élevée dans l’appareil étatique, il prouve une fois de plus qu’il est son complice.
Ce serait honteux pour l’humanité si ce crime reste impuni. Il est souhaitable que l’Allemagne et les instances internationales se chargent de cette affaire.
Le pays de Goethe devrait sanctionner Doh GaNyonga III par la privation du droit de séjourner. Quant aux instances internationales, elles devraient non seulement sévir contre le chef criminel et ses sujets, mais aussi contre les autorités politiques, militaires et policières impliquées dans le crime. La rééducation des gens de Bali-Nyonga est absolument nécessaire, surtout que c’étaient eux qui marchèrent sur Bawock et le détruisirent. Il est important de souligner que les adultes et les enfants des deux sexes participèrent à l’action. Comme le montre l’histoire, les Balinais sont une tribu belliqueuse. On ne peut leur faire passer cette attitude qu’en leur inculquant les valeurs morales et en leur imposant de verser les réparations.
Le total des dommages matériels fut évalué à 2.200.000.000 FCFA (deux milliards deux cent millions). En même temps, Doh GaNyonga III et les personnalités suivantes doivent être attaqués en justice :
– Paul Biya : président de la République du Cameroun depuis 1982 ! Il a manqué à ses devoirs, car la garantie de la sécurité des citoyens est de sa compétence. De surcroît, il soutient le chef de Bali-Nyonga.
– Marafa Hamidou Yaya : ancien ministre de l’Administration territoriale, depuis quelque temps prisonnier politique.
– Emmanuel Edou : à l’époque, il était ministre délégué auprès du ministre susmentionné. Ensuite, il fut nommé délégué général à la Sûreté nationale. Quelques mois plus tard, il fut relevé de ses fonctions.
– Amadou Ali : l’ancien garde des Sceaux occupe depuis quelques années le poste de ministre délégué à la présidence, chargé des relations avec les Assemblées.
– Maurice Kamto : il était ministre délégué auprès du garde des Sceaux. En novembre 2011, il donna sa démission et créa peu après le MRC (Mouvement pour la Renaissance du Cameroun) dont il fut élu président.
– Rémy Ze Meka : l’ancien ministre de la Défense aurait dû user de méthode de dissuasion. Il y a une base militaire à Koutaba. Bawock et Bali-Nyonga sont à quelques minutes de vol.
– Abakar Ahamat : gouverneur de la province du Nord-Ouest, il fut muté à l’Adamaoua en 2012. S’il avait déployé la légion stationnée à Bamenda, les Balinais auraient détruit au maximum 50 maisons. On porta l’attaque à sa connaissance à temps. Après avoir consulté Yaoundé, il resta sans rien faire.
– Jules Marcellin Ndjaga : du temps où Bawock fut anéanti, il occupait la fonction de préfet du département de la Mezam. Il lui revenait de régler le conflit entre Bawock et Bali-Nyonga. Mais il se montra laxiste et peu consciencieux dans son rôle de médiateur, il laissa faire Doh GaNyonga III, ce qui accrut les tentions. Tout comme son supérieur hiérarchique Ahamat, il endormit les réfugiés par des promesses. En dépit de son incroyable incompétence, le président Biya le promut gouverneur de la région du Sud en mars 2010.
– Daniel Ngembane Ekolle et Joseph Ntomb Ntomb : ils étaient respectivement sous-préfet et commandant de la brigade TER de l’arrondissement de Bali. Les deux fonctionnaires furent soudoyés par Doh GaNyonga III. C’est la raison pour laquelle ils assistèrent à la destruction du palais royal et des maisons des notables de Bawock sans rien faire. Même le jour où le reste du village fut anéanti, ils se dérobèrent à leur devoir. Ngembane Ekolle est l’actuel sous-préfet de l’arrondissement de Jakiri. En ce qui concerne Ntomb Ntomb, je n’ai pas réussi à établir s’il travaille encore ou s’il est déjà parti à la retraite.
– Napoléon Takou et Félix Mvondo Kane : ils étaient respectivement chef de poste de police et commandant de compagnie à Bali-Nyonga. Les deux brillèrent également par la prévarication. Aujourd’hui, Takou occupe le même poste, tandis que Mvondo Kane travaille au secrétariat d’État à la Défense.
– Christopher Kunbuma Nyamsenkwen : il était maire de la commune rurale de Bali. C’est un pharisien. Quand les Bawockais apprirent que c’était lui qui avait acheté le carburant utilisé pour incendier leur village, ils tombèrent des nues. Actuellement, il travaille comme surveillant général au lycée bilingue de Bali-Nyonga.
La liste ci-dessus n’est pas exhaustive.
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