Affaire Lydienne Eyoum : Paul Biya renvoie la balle dans le camp de la condamnée
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Le sujet a été évoqué lors de la visite, sans solutions claire et précise.«Je verrai ce que je pourrais faire si tel est le souhait de l’intéressée. Et si la constitution me donne les moyens de faire quelque chose, c’est de bon cœur que je le ferai le moment venu». A propos du dossier Lydienne Eyoum évoqué par Paul Biya et François Hollande au cours de leur tête-à-tête, le président camerounais n’a pas donné la réponse que les Français auraient voulu entendre. L’annonce d’une libération plus ou moins immédiate de l’avocate franco-camerounaise condamnée à 25 ans de prison ferme le 9 juin dernier par la Cour suprême.

Mais «c'est un signe d'espoir assez fort parce qu'on peut comprendre qu'une amnistie peut éventuellement être décidée prochainement. Donc c'est le signe de quelque chose qui se décoince, d'un apaisement du côté de l'Etat camerounais», rêve Caroline Wassermann, avocate et membre du Conseil de la condamnée. «Maintenant, il faut voir dans les faits ce qui va se produire et dans quels délais», temporise-t-elle. C’est que le président de la république est désormais le seul capable de faire élargir l’avocate franco-camerounaise, en usant du pouvoir de grâce que lui confère la Loi fondamentale du Cameroun. Après épuisement des voies de recours judiciaires.

Une éventualité soulignée par Paul Biya qui n’a pas manqué de rappeler le bien-fondé de la confirmation de la décision du Tribunal criminel spécial (Tcs), par la plus haute juridiction camerounaise. «L’avocate en question avait été chargée de récupérer une somme de deux milliards auprès d’une banque pour le déposer au Trésor. Eh bien, au lieu de déposer les deux milliards, elle a déposé un milliard. Et c’est là-dessus que les services l’ont poursuivie. La justice a suivi son cours, la Cour suprême a pris une décision», rappelle-t-il. Alors qu’en France, on semble voir en l’incarcération de celle dont les conditions de détention sont régulièrement dénoncées par des organisations de défense des droits de l’homme favorables au second pays de la femme de robe, une affaire politique, Paul Biya oppose que «la justice camerounaise est indépendante».

Et tente de rectifier le tir : «J’ai assisté comme tout le monde à la sortie du verdict concernant cette personne. Je tiens à dire qu’elle n’était pas une activiste politique hostile au gouvernement. Je n’avais donc aucune raison de lui en vouloir. D’ailleurs beaucoup d’opposants ici vivent en liberté et débattent librement». Plus important, «il se trouve que nous avons fait de la lutte contre la corruption une priorité», souligne l’auteur de l’Opération Epervier, cette traque des auteurs de corruption et de détournements de deniers publics. Une allusion qui semble être destinée à François Hollande qui venait d’insister à ce que l’Etat camerounais poursuite la lutte contre la corruption. Mais Paul Biya veut rester légaliste, et renvoyer la balle dans le camp de la concernée.

En revenant sur l’éventualité d’une grâce présidentielle, l’Homme-lion précise que «je verrai ce que je pourrais faire si tel est le souhait de l’intéressée». Renvoyant la balle dans le camp de Lydienne Yen Eyoum. Un peu comme ce fut le cas avec Michel Thierry Atangana, un autre Franco-camerounais condamné définitivement également pour des affaires de détournements de deniers publics, et qui avait bénéficié d’une grâce présidentielle. Issa Tchiroma, le porte-parole du gouvernement, avait insisté sur la nécessité pour le condamné de faire le premier pas. Ce qui n’avait pas été fait. Le coaccusé de Titus Edzoa continuait de clamer son innocence. Mais avait finalement bénéficié d’une grâce présidentielle. Sous la pression de la France et des Nations unies. Mais Paul Biya avait pris son temps.

Le sujet ne pouvait passer inaperçu dans les débats, encore moins à la conférence de presse conjointe qu’ont donné les deux présidents. Françoise Hollande s’est contenté de souligner d’entrée que le sujet sur lequel la presse française l’attendait beaucoup, a été évoqué avec Paul Biya. Avant de laisser le champ libre à son homologue de le détailler. Et le président du Conseil supérieur de la magistrature camerounaise n’a pas manqué de se montrer ouvert, en restant ferme sur les procédures à suivre.

© La Nouvelle Expression : Lindovi Ndjio

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