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© Correspondance : Rebecca Tickle
- 27 Apr 2015 08:01:40
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Le Burundi s'enflamme
Au mépris de la Constitution et des accords d'Arusha de 2000, Pierre Nkurunziza annonce le 25 avril 2015 sa candidature pour un troisième mandat pour les élections de juin prochain.
Sous prétexte qu'il avait d'abord été élu au suffrage indirect pour son premier mandat, puis au suffrage direct pour le second, il estime aujourd'hui qu'il a droit à un deuxième mandat par suffrage direct.
Mais tout le monde sait qu'un mandat est un mandat, même si le révisionnisme constitutionnel de Nkurunziza n'est pas un scoop.
A l'annonce de sa déclaration de candidature, les États-Unis ont reagi mollement, regrettant l'absence d'alternance et espérant que le scrutin se passera bien.
La France n'a pas encore réagi. Mais sur France 24 il est dit que "selon l'opposition, la candidature de Nkurunziza ne respecte pas la Constitution".
Et justement, on est en droit de se demander de quel type de soutien Nkurunziza bénéficie pour violer aussi allègrement les lois fondamentales de son pays.
Ce matin 26 avril, les ministres de l’intérieur, de la sécurité publique et de l’information, ont assiégé la Radio Publique Africaine, accusée par le gouvernement de lancer des appels à l'insurrection, et ont coupé le signal d'émission.
Les manifestations populaires ont repris malgré l'interdiction des autorités, bravant les brutalités policières qui ont d'ailleurs déjà provoqué au moins deux morts. Selon des témoins, la police use de balles réelles pour mater les débuts d'une révolte populaire qui promet d'être de grande envergure.
Selon certaines sources, des Imbonerakure - Ligue des Jeunes du parti au pouvoir CNDD-FDD -, seraient venus appuyer les forces de l'ordre ce matin. En effet, des jeunes sans tenues militaires ont été vus à bord de véhicules de l’armée dans certains quartiers de Bujumbura.
Des violences à caractère ethnique ont également été attribuees à cette milice pro-gouvernementale, qui déambule dans la capitale en terrorisant la population depuis plusieurs semaines.
Des milliers de Tutsis - ethnie minoritaire au Burundi (14%) - ont déjà fui au Rwanda voisin, répétant le scénario de 2004 où les tensions pré-electorales avaient déjà provoqué des mouvements importants de populations, suite aux discours peu rassurant de politiciens locaux.
Ce petit pays d'environ10 millions d'âmes, enclavé entre la Tanzanie, la RDC et le Rwanda, n'aspire pourtant qu'à la paix, après une histoire postcoloniale émaillée de conflits inter-ethniques et de massacres, notamment en 1965 et en 1972 où des milliers de Hutus avaient été assassinés par le pouvoir tutsi.
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