C’est une affaire qui aurait normalement dû intéresser le TCS, compétent pour des affaires supérieures à 50 millions de F CFA. Dans un câble diplomatique américain daté d'octobre 2007 l'ambassade américaine à Yaoundé affirme qu'Amadou Ali a confié à Dooh Collins près de 800 millions de F CFA (1,2 million d'euros) de fonds publics pour financer ses investigations. Il y a donc jusqu’à l’heure de forts soupçons de détournements de fonds publics par le biais de la gestion de l’opération Epervier dont il était le redoutable ordonnateur.

Révélée par la presse, l’affaire des 800 millions de FCFA a sonné le glas du mythe d’un homme intègre et du gestionnaire rigoureux et respectueux de la chose publique dont se gargarisait ce baron du régime Biya. Son enquêteur, qui se présente comme un expert en intelligence économique, fut arrêté à l'aéroport alors qu'il s'apprêtait à prendre un avion pour la France, puis auditionné, avant d’être relâché par les éléments de la direction de la police judiciaire.

Il a depuis lors quitté le Cameroun, en toute discrétion. Mais une procédure judiciaire fut engagée à son encontre portant sur des soupçons de déclaration mensongère, de diffamation et de dénonciation calomnieuse. À travers Dooh Collins, c'est Ali, aujourd'hui ministre délégué chargé des relations avec les Assemblées, qui est la véritable cible de la justice.

Pourra-t-il être rattrapé par la justice un jour ? D’aucuns soutiennent qu’il y a longtemps perdu le sommeil du fait de sa gestion de l’opération Epervier. Car si Paul Biya est l'initiateur de l'opération Épervier, qui a conduit des dizaines de ministres et de directeurs généraux en prison, Ali en a été le maître d'oeuvre. C'est lui qui tenait l'épée de Damoclès au-dessus de la tête de ses collègues du gouvernement. Lui qui, pendant des années, a fait perdre le sommeil à l'élite politico-administrative du pays. Il est donc toujours attendu au tournant.