Les Arabes choas dans le collimateur de Boko Haram
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Ils sont la cible priviligiée des islamistes ces derniers jours.

La communauté arabe-choa est-elle plus visée que d’autres par la secte Boko Haram ? Certains observateurs sont tentés de répondre par l’affirmative. Lors de l’attaque de la secte à Fotokol, le 04 février 2015, cette communauté avait déjà payé un lourd tribut. «Ils avaient un agenda dans lequel les Arabe-chaos étaient prioritaires. Des témoins affirment avoir entendu les combattants de la secte designent les concessions appartenant aux Arabe-choas», déclare Ibrahim, un habitant de Fotokol. Cette animosité à l’égard des arabe-chaos a été particulièrement meurtrière au cours de cette attaque.

«Au début, Boko Haram s’en prenait aux villages situés le long de la frontière. Avec le temps, la secte a décidé de mener des incursions plus en profondeur du territoire camerounais. La présence de ces villages et surtout des bergers est une véritable gêne pour eux. Car, grâce à la démocratisation des téléphones portables, les autorités et les élites sont rapidement informées de leurs faits et gestes. De ce fait, les habitants de ces villages sont considérés par les éléments de la secte comme des indics et des traîtres. Et par conséquent, pour les chasser de cette zone, toutes les techniques de la terreur sont mises en oeuvre. Leur dernière trouvaille : incendier les villages et arracher les portables», déclare Kamssouloum Abba Kabir, député Rdpc du Logone et Chari.

La communauté arabe-choa du Nigeria n’est pas non plus épargnée par les agissements de la secte Boko Haram. Le 23 février 2015, Boko Haram s’en est pris à plus d’une dizaine de villages dans le district de Kala-Balge dans l’État de Borno, à moins de dix kilomètres de Gambaru. En effet, du 23 au 25 février 2015, les insurgés s’en sont pris aux villages nigérians de Goumna, Godoram, Antilse, Mousse, Nguechiche, Ndougoura, Ndefene 1, Ndefene 2, Ndefene 3 et Manari entre autres, habités essentiellement par des Arabes Choa.

Selon des rescapés, le mode opératoire des combattants de la secte consiste à boucler dans un premier temps le village ciblé. «Ils sont venus sur une cinquantaine de motos. Une fois le bouclage du village assuré, ils ont regroupé tous les hommes et arraché tous les téléphones portables. Ceux qui avaient des cartes SIM des opérateurs de téléphonie camerounaise étaient égorgés, et le reste tués à bout portant», témoigne un rescapé de Godoram où 32 villageois ont été enterrés le 25 février. Comme lui, ils sont nombreux à avoir fui pour se réfugier en territoire camerounais. «Ils ont aussi arraché tous les biens, y compris le bétail. Et après avoir incendié le village, un coup de sifflet signalait le repli coordonné», raconte un autre témoin qui s’était caché.

Le lendemain, les islamistes se sont attaqués au marché de Modu, tuant systématiquement des Arabes-Choa. De fait, Modu est devenue une nouvelle base pour les terroristes après les bombardements de la localité de Ndu. Les villages Tchoukouli, Hime, Handofu, Moufki, Meteuk, Zari ont ainsi subi les affres des extrémistes. Selon les nombreux témoins, ils reprochaient aux Arabes Choa de ne pas suffisamment s’engager aux côtés des hommes de Shekau. Pire, ils sont accusés de renseigner les militaires camerounais et tchadiens.

Il faut aussi dire que ces faits ne sauraient signifier que les Arabes Choas sont des cibles exclusives de la barbarie de Boko Haram. Lequel n’épargne en effet aucune communauté dans les zones touchées de l’Extrême-Nord.

© L’Oeil du Sahel : DAVID WANEDAM

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