Peuple de Yaoundé, merci ! Vous êtes le visage du Cameroun profond… merci
CAMEROUN :: POINT DE VUE

Peuple de Yaoundé, merci ! Vous êtes le visage du Cameroun profond… merci :: CAMEROON

Le Cameroun est une nation particulière dans le concert des nations. Nous avons su dès notre contact avec l’extérieur que nous devons croire en l'émancipation des individus et des peuples. Pour cela, au-delà de tout, nous sommes héritiers d'une histoire, d'un patrimoine, d'une géographie ; c’est cela l’Afrique en miniature. Nous avons foi dans l'élévation au rang de citoyen et, par l'école nous forgeons chaque jour un peuple, c’est cela la fierté des héritiers de Martin Paul Samba, Um Nyobè et les autres.

Oui, être camerounais, c'est aussi vivre dans un pays où la majorité aspire à une juste redistribution de nos richesses, une majorité qui croit à l’égalité sociale, à l’égalité des chances. Nous croyons à l'Etat providence, à un Etat fort qui organise et construit le vivre ensemble en mettant en place les services publics pour nous rendre solidaires d'un projet de société au lieu d'exclure, de diviser et de cloisonner, c’est cela la dignité des fils d’Ossendé Afana, de Gabriel Nlep.

Réfléchir à ce qui nous unit et à ce que nous voulons faire ensemble dans l'avenir n'a rien de confessionnel. De multiples formes de discrimination qui ne se limitent ni à la religion ni à l'immigration minent le lien national.

Aujourd’hui, peuple du Cameroun, tu as franchi une étape importante. Par ton langage-silence, par ton refus de cautionner l’imposture tu as su dire le plus profond de toi, l’âme paysanne, cultivatrice et fière.

Plus qu’hier, aujourd’hui, tu as refusé de partager notre deuil et notre colère avec les anges de la mort, ceux qui donnent la mort, ceux qui ont fabriqué de toutes pièces le Cameroun Al Haram, celui-là même qui tue, viole, égorge dans l’Extrême-Nord en affirmant que c’est un peuple d’éleveurs donc de moutons qui ne se rendra jamais compte de la supercherie. Les peuples Podoko du Mayo-Sava qui tombent tous les jours sont pris entre deux feux qu’ils ne connaissent pas et qu’ils n’ont pas les moyens de contrecarrer.

Tu nous permets avec fierté d’envisager l’avenir en nous posant la question suivante : c’est quoi être camerounais ?

1/ Etre Camerounais, c’est appartenir à une lignée ; une lignée, celle des résistants, celle des fondateurs, celle des torturés qui a plié sans rompre. C’est être héritier de la monumentale Histoire du Cameroun, du Père Engelbert créateur du ministère de la Culture dans notre pays.

2/ Etre Camerounais, c’est appartenir à une civilisation : la civilisation Négro-Africaine aux trois branches religieuses : les religions traditionnelles, l’Islam et le Christianisme. C’est l’héritage spirituel et culturel qui se prolonge ici et s’enracine dans l’héritage de nos ethnies. Etre Camerounais, c’est partager des croyances communes et un imaginaire commun dans lesquels se mêlent la consanguinité, la parenté. Etre Camerounais, c’est partager la mémoire des créateurs bamouns, des légendes Kirdi, les épopées des peuples de la forêt, de l’imaginaire des

peuples du sahel qui contemplent la lune et disent le temps, c’est épouser la courtoisie des piroguiers Sawa comme celle de tous les peuples côtiers. Etre Camerounais, c’est, qu’on soit animiste, musulman, chrétien, appartenir d’abord à un peuple et c’est cette appartenance à ce peuple qui définit notre rapport au monde.

3/ Etre Camerounais, c’est la richesse de nos langues dans nos 256 ethnies tricotées serrées ; c’est ne pas nier notre rencontre avec le Portugal au Char des Dieux, c’est reconnaître notre rencontre avec l’Angleterre, l’Allemagne et la France, mais, et surtout, que nous sommes demeurés nous-mêmes, des Camerounais.

4/ Etre Camerounais, c’est donc partager une histoire, une mémoire, celle que nous conservons dans nos cases sacrées de l’Ouest-Cameroun. C’est nous donner la main, c’est devenir nous quand nous nous rencontrons et c’est refuser de nous faire aliéner parce que nous connaissons depuis des générations le combat qui fut celui de nos ancêtres et que nous reprenons tous les jours dans notre hymne national. Le Cameroun c’est cet attachement que nous avons à notre village, à la terre nôtre, à nos enfants comme à nos morts.

5/ Etre Camerounais, c’est partager l’amour d’un territoire vallonné dans l’Ouest, volcanique sur les portes du Littoral : Etre Camerounais, ce sont ces chants et ces danses qui montent de nos terroirs, c’est le prolongement de notre regard dans la steppe du Nord. Etre Camerounais, c’est aimer le Cameroun, ses rivages, ses vallons et ses sommets, ses cacaoyères, ses vastes champs de café, ses bananeraies, ses champs d’hévéa, c’est comprendre le langage de ces arbres qu’on voudrait nous arracher !

6/ Etre Camerounais, c’est partager des musiques et des sons, des saveurs, des odeurs de cuisines, c’est la pêche à l’épuisette de nos mères, ce sont les danses de toutes les régions du pays. C’est Manu Dibango, comme Messi Martin, c’est Ali Baba comme Anne Marie Ndzié, ce sont les contes de notre enfance sources de sagesse.

7/ Etre Camerounais, c’est vous hommes, femmes, jeunes à pieds comme à dos d’ânes qui dites non aujourd’hui. Vous êtes un peuple de résistants et votre cordon ombilical est caché dans l’unique rhizome qu’est le Cameroun.

8/ Etre Camerounais, c’est ce vivre ensemble, que nous construisons au quotidien. Etre Camerounais c’est de nous dire que la superficie du Cameroun est de 475 442 km² et que nos pères se sont battus pour nous le donner ainsi et que nous le transmettrons à nos enfants ainsi sans un millimètre de moins et sans un centimètre de plus.

© Correspondance : Dr Vincent-Sosthène FOUDA

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