Cameroun: La Société des Amis de MONGO BETI (SAMBE) cogite sur les Martyrs d’hier et la jeunesse d’aujourd’hui
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Cameroun: La Société des Amis de MONGO BETI (SAMBE) cogite sur les Martyrs d’hier et la jeunesse d’aujourd’hui :: CAMEROON

Dans le cadre du lancement de ses activités et à l'occasion de la 49ème édition de la fête nationale de la jeunesse, la Société des Amis de MONGO BETI (SAMBE) a organisé le mercredi 18 février 2015 à la Librairie des Peuples Noirs à une conférence-débats sur le thème : Martyrs d’hier, jeunesses d’aujourd’hui, quelles leçons à tirer ?

Après un retard compréhensible accusé, la conférence démarre par la prise de parole du modérateur Nzouabet Hervé qui présente le panel à l’assemblée. Il s’agit de:

-  M. Mamadou BABA DODO activiste jeune, membre de plusieurs organisations dont entre autre Cameroon O’Bosso, membre du Conseil National du Cameroon People’s Party (CPP)

-  Dr Eric Mathias OWONA NGUINI, Sociopolitiste

Le modérateur a tenu lors de sa prise de parole à préciser qu’il faut prendre la présence et ses positions connues du Dr Eric Mathias Owona Nguini comme une sorte d’engagement.

Après cette présentation, le modérateur a indiqué le plan de discussion de la soirée. Il fait savoir que la parole sera confiée dans un premier temps à Baba Dodo puis à Owona Nguini et enfin une séance d’échanges sera ouverte et constituera le lot de la soirée.

La parole passée au premier panéliste Baba Dodo, ce dernier s’est attardé sur la notion de responsabilité de la jeunesse. Il souligne d’abord que pour lui le terme Martyr n’est pas assez approprié, raison pour laquelle il qualifie ces jeunes qui ont donné leur vie pour le Cameroun de héros et héroïnes. Il ajoute que  les jeunes d’aujourd’hui sont dans une sorte d’attentisme en indiquant que le cadre socialisant peut déterminer la vision actuelle de la population jeune camerounaise qui représente la plus grande frange de la population camerounaise.

De son côté, le Dr. Owona Nguini a essayé de mieux éclairer l’assemblée sur le thème du jour en indiquant qu’il faut retenir dans martyr, un modèle. Le martyr est le produit social et historique d’un parcours. Pour lui, il est posé la notion d’engagement. Il  a distingué les temps ; celui de l’avant indépendance où les jeune étaient sous l’emprise des colons blancs et s’engageaient plus facilement pour des notions fortes comme l’indépendance,  la liberté. Il a soutenu  que  cette période a des questions de fonds dont il faut débattre mais il en est impossible depuis plus de 50 ans et l’exemple palpable pour mettre en lumière ce fait est le cinquantenaire de l’indépendance en 2010 pendant lequel le débat a été éludé. L’autre période est celle de l’après indépendance dans laquelle nous sommes gouvernés par nos frères  mais avec manque liberté et d’indépendance véritable. Le panéliste revient sur la jeunesse comme figure d’attentisme sauf dans certain  cadre comme celui que connaissent le Cameroun et le monde entier connait présentement. Ces jeunes, pour lui ne sont que réactionnaires.  Il dit aussi qu’il  est important d’informer la jeunesse sur le fait des motivations de l’engagement de jeunes avant l’indépendance tout en précisant que ceux qui ont le pouvoir actuellement, c’est simplement par l’engagement des jeunes d’avant. Pour lui, les sources de déculturation et d’illettrisme de la jeunesse viennent de la période du colon. Les jeunes vivent leur rapport à la politique sous une culture d’opportunisme. Il dit que nous sommes en présence d’une civilisation de la jouissance absolue. Il va conclure son propos en proposant une véritable éducation morale et politique qui est la voie possible de la jeunesse d’aujourd’hui. 

Au terme de ces interventions, la parole est donnée à l’assistance. Les interventions seront nombreuses, elles permettront de toucher d’autres points comme la place de la famille dans de  l’engagement de la jeunesse, le jeu de la  religion.

Sur la place de la famille, nous avons eu Jacob KOTCHO qui nous a d’ailleurs fait un témoignage personnel après son désir d’engagement dans les grèves qui ont secouées l’université de Yaoundé en 1991.  Un constat y ressort des interventions, la famille est un élément de répression de l’engagement de  la jeunesse. Un fait sur lequel le pouvoir actuel surfe. Mais un participant fera savoir qu’il est à rappeler qu’il faut comprendre cette position par les répressions dures qu’ont  subies les parents sous les colons et le régime AHIDJIO dont les méthodes n’ont pas tant désespéré sous le régime BIYA. En fait qu’il faut entendre cette position comme une sorte de protection des parents envers leurs progénitures.

Par l’intervention de DJE Guillaume historien, choix qu’il a fait par les multiples contes faits par son grand père sur la période coloniale et  qui l’ont beaucoup intéressé, il estime d’ailleurs du témoignage de son grand père qui estime que tous ceux qu’il voit au pouvoir sont ceux qui étaient les affidés des colons d’hier. D’où selon lui, le régime actuel est le régime de colon d’hier. Ce qui lui fait dire à Owona Nguini que le régime actuel est un régime colonial, le colonialisme n’étant pas une affaire de couleur de la peau.

Un autre élément comme nous l’avons dit ci haut est longtemps revenu, celui de la religion. Dans les interventions, la religion a été beaucoup indexée comme un instrument utilisé par les colons pour s’imposer. D’ailleurs un participant lors de sa prise de parole a lui indexé comme causes de l’attitude atone actuelle de la jeunesse, la religion et la peur. Ces deux causes entretenues grassement par le régime en place.  Une question est alors revenue. Celle de construire une religion purement africaine.

Réagissant sur la question de la religion, Owona Nguini en donnant l’exemple du rôle de la religion dans la chute des sandinistes au Nicaragua, a affirmé que celle-ci dépend de ce qu’on en fait. Elle peut être profitable comme destructrice, selon l’orientation qu’on lui donne. Mais s’il faut construire une religion purement africaine, il ne faut pas oublier qu’elle doit construire avec un socle impérial car les autres ont été construites sur cette base et elles disposent des moyens très gigantesques.  

Un point important va être  évoqué par le journaliste BIKOI Serges Aimé. Le point est celui de la dépolitisation des jeunes qui selon lui est un plan programmé par le pouvoir. Il prend pour cela l’exemple les conséquences subies par les étudiants après les grèves des années 1993 et 2005 que les hommes du pouvoir se sont chargés de mettre en œuvre. En plus, il va indiquer que la phrase du Président « L’école aux écoliers et la politique, aux politiciens » va donner le tempo. C’est une voie que le pouvoir a choisi pour conserver la jeunesse dans l’ignorance et selon celui pouvoir mieux la dompter.      

Le panéliste Baba Dodo prend la parole pour lui transcender le pan de la description. Il insistera dans un premier temps sur la nécessité d’être responsable dans ses actions car toutes les causes ne sont pas exogènes. Même s’il y a tous ces écueils qui supplantent la jeunesse, nous avons encore notre libre arbitre individuel et selon lui, le salut est toujours venu d’une personne que les autres ont simplement suivie. Il se questionne sur les moyens possibles pour pouvoir construire des convictions pour des causes collectives auprès d’une population jeune. Essayant d’y apporter une réponse, il fait appel dans sa réponse à  des instances supérieures, tutélaires comme les chefferies qui, à l’époque des allemands ont été à l’avant-garde de l’éveil de conscience. Il a dans ce sens l’exemple du N’gondo.  Malgré la perversion qui est fait de ces instances, elles peuvent encore reprendre leur place et jouer ce rôle décisif.

Prenant la parole pour une dernière fois, Owona Nguini est revenu sur cette responsabilité de la jeunesse déjà engagée qui ne doit pas jouer double jeu. Dans son propos, il est également ressorti que la jeunesse doit avoir conscience que la bataille sur le plan national n’est qu’un premier pas car la vraie bataille est sur le plan africain. Evoquant cette jeunesse qui a peur et pourtant qui désire ardemment que les choses changent en espérant que ça soit un prophète sorti du néant qui accompli ce vœu, il a conclu par l’image de «celui qui veut le miel mais a peur des abeilles. »

La conclusion de la conférence s’est faite avec les propos de DOMOU Bergeline, vice-présidente Internationale en charge de la mobilisation et fundraising. Elle a d’abord fait une présentation de la SAMBE en revenant sur ses activités. Elle a également invité tous ceux qui étaient là à adhérer à la SAMBE. Elle a en outre précisé qu’un tableau d’honneur sur lequel tout le monde peut apposer sa signature est ouvert à l’honneur D’Abel Eyinga. Elle a indiqué que cette année la Sambé mettait en Lumière Réné Philombe. Une descente dans son village aura lieu en Avril mais avant cela, il sera organisé une conférence,  elle espérait déjà voir tous les participant présents. 

© Correspondance : Tchaleu Barthelemy, Secrétaire Général ADDEC

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