Controverse autour des prix d’hygiène et de salubrité à l'Ouest
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La désignation de Bafoussam comme ville la plus propre de la région de l’Ouest, suscite des interrogations. D’autant plus que son insalubrité saute à l’œil.

Au cours d’une cérémonie solennelle tenue récemment dans la salle des fêtes du gouvernorat de l’Ouest, les villages, les marchés, les villes, les établissements scolaires et lieux autres publics de cette région du pays, ayant marqué l’année écoulée par leur état de propreté, ont été gratifiés dans le cadre d’un concours traditionnel organisé par les autorités de la région. Si dans la plupart des catégories, le verdict final n’a pas suscité de contestation remarquable, celle de «ville la plus propre» quant à elle, a fait délier les langues.

Puisque, pour la quatrième fois successive, contre toute attente, la couronne a été remise à la ville de Bafoussam. Depuis lors, les interrogations qui n’ont pas cessé de fuser. Et  celle en rapport avec les critères ayant fait peser la balance vers Bafoussam, revient avec acuité. Pour beaucoup d’observateurs, la véritable place du chef- lieu de la région est aux abysses du classement. « En aucun cas Bafoussam ne mérite la récompense, ni même la troisième place de ville la plus propre de la région de l’Ouest », fulmine Serge Gérôme Todjom. Pour ce journaliste en service au quotidien Emergence, il est maladroit de comparer ce qui n’est pas comparable. « On ne peut pas comparer la ville de Bafoussam avec les chefs lieu de de département », dit-il avant d’étayer son argumentaire. « Dans l’évaluation, l’on note les villes qui ont les feux de signalisation, ce que les autres n’ont pas et n’auront peut-être jamais. Ce qui veut dire que si cet aspect vaut 5 points par exemple, toutes les autres villes les auraient perdu d’avance», précise-t-il.

Une position entièrement partagée par Michel Ferdinand, chef d’agence Ouest-Nord-Ouest du quotidien Mutations. Bien plus, s’étonne Christian Djomo, en service à Radio Batcham (une radio locale), « si Bafoussam est la ville la plus propre de l’Ouest, cela veut tout simplement dire que cette région est trop sale. Compte tenu de l’état alarmant des routes, la poussière partout, manque d’éclairage public, qui font pourtant partie des critères de notation. Ce prix remis à Bafoussam contredit le constat qui avait été fait par Jean Claude Mbwentchou, Ministre du développement urbain et de l’habitat, au cours d’une récente visite  dans cette ville».

En tant que résident de cette ville, Serge Gérôme Todjom souligne qu’en dehors de l’axe principal qui est régulièrement nettoyé par les agents de la société en charge de l’hygiène et de la salubrité au Cameroun, tout le reste est un ilot de poubelles. « Dans les quartiers, c’est très sale, il y a des porcheries partout. De même les maisons en poto-poto en bordure de route sont mal entretenues ; les rigoles bouchées. Faire de Bafoussam la ville la plus propre, il faut vraiment s’interroger », tranche-t-il.

Combine?

Ces disparités relevées entre Bafoussam et les autres villes tendent à attester d’une certaine combine. Pourtant, le fait que tout le corps du jury réside dans capitale de l’Ouest, était un atout pour éviter le piège des magistrats municipaux qui, dès l’annonce de l’arrivée de la commission d’évaluation se hâtent pour dégager les tas d’immondices qui décoraient hideusement leurs villes, et pavoisent temporairement les coins à visiter.

Un concept à repenser

Instauré il y a plus de cinq ans par Dieudonné Ivaha Diboua Samuel, alors gouverneur de cette partie du pays, dans l’optique de transformer la physionomie (villageoise) de l’Ouest au moment où il y est nommé, ce concours d’hygiène et de salubrité n’a eu que l’effet d’un feu de paille. Puisqu’après une édition seulement, l’esprit d’émulation que le père de l’initiative voulait créer entre les différents magistrats municipaux, chefs de villages et autres, n’a pas tenu longtemps. Aujourd’hui, selon des indiscrétions, la corruption qui s’y est mêlée, a relégué au second plan toute objectivité. Celle-ci est d’ailleurs favorisée par l’annonce longtemps à l’avance de la descente sur le terrain la commission d’évaluation. En plus les lieux à visiter pour notation, sont choisis par les maires des villes concernées.

Quelques d’observateurs parlent de la nécessité de repenser le concept. Par souci d’équité Michel Ferdinand plaide d’une part pour la mise à l’écart conséquente des fonctionnaires qui jusque-là constituait le gros du jury mis en place, et d’autre part prône l’intégration en grand nombre ce jury, des acteurs de la société civile. Pour ce que concours redevienne crédible, « il faut que le jury soit indépendant, il ne doit pas être uniquement constitué de fonctionnaires qui sont forcément influencés dans certaines administrations. On doit pouvoir confier la plupart des postes dans ce jury aux organisations de la société civile. Il faut y associer des hommes de Dieu, quelques acteurs de la société civile de renom. Les membres devraient aussi venir de part et d’autre de divers département », conseille-t-il.

© La Nouvelle Expression : Vivien Tonfack

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