Adamaoua - Bia Ibrahima, ex-otage, 60 ans : «J’ai payé 3 millions pour être libre»
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C’est lorsque je revenais de mon pâturage que j’ai vu surgir devant moi neuf personnes. Parmi elles, huit avaient des armes de guerre et trois étaient en treillis militaire. Ils m’ont emmené avec eux. Tous étaient des Mbororos. C’était le 5 janvier 2015. Lorsqu’ils m’ont pris, ils disaient qu’ils voulaient de l’argent, mais je n’avais rien sur moi. Ils ont donc dit qu’ils m’emmenaient et que si après ils n’avaient pas l’argent, ils me tueraient. De mon pâturage de Louguéré Mbaka où on dormait, il y a une distance d’environ 20 km. Nous avons fait toute cette distance à pied.

J’ai passé au total 11 jours avec eux. A mon neuvième jour, 6 autres otages m’ont rejoint. Dans la journée nous étions bien traités. On nous apportait de l’eau pour se laver et on mangeait bien. A chaque fois, je voyais seulement des sacs de riz, de farine et de sucre arriver de temps en temps. Je ne savais pas où ils allaient acheter toutes ces choses. Pour la viande, ils égorgeaient n’importe quel boeuf qu’ils croisaient sur leur passage. Pendant la nuit, ils nous enchainaient avant de dormir. Pour ma liberté ils avaient demandé 3 millions de francs Cfa.

Comme j’étais en liaison avec mon berger, je lui ai dit d’aller vendre quelques boeufs pour avoir cette somme qu’ils m’exigeaient. A tout moment ils me menaçaient pour cet argent. Et ils me disaient toujours que si mon berger informait les militaires, ils allaient me liquider. Donc je vivais avec cette peur et je ne pouvais pas informer les militaires de peur d’être tué. Bref, lorsque mon berger a réuni les 3 millions, il est venu me les donner et je leur ai remis cet argent. Ce n’est qu’après avoir payé cette rançon que j’ai recouvré ma liberté. Lorsque je quittais ce campement, j’ai laissé les six autres otages sur place.

Avec ceux-là on n’avait juste passé deux jours ensemble. C’était vraiment des moments difficiles, surtout quand ta vie est entre les mains des gens qui sont capables de te tuer à tout moment sans que ça ne leur pose pas de problème. J’ai vraiment été soulagé lorsqu’ils m’ont demandé de partir, et encore plus lorsque j’ai retrouvé ma famille.

© Source : L’Oeil du Sahel

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