La journée d’hier a été consacrée à l’ensevelissement des victimes des actes barbares de Boko Haram. Sur le plan militaire, les nouvelles sont rassurantes.

Comment Fotokol a-t-elle passé la journée d’hier, 24 h après les actes barbares de Boko Haram? Selon diverses sources du Jour, l’état des lieux était désolant, l’atmosphère lourde. Les populations ayant échappé aux tueries ont passé la journée à procéder à l’inhumation des victimes de la dernière attaque de Boko Haram. «Les différents enterrements ont commencé mercredi et se sont poursuivis ce jour (hier Ndlr)», détaille une de nos sources. Ces enterrements se font après les prières funéraires.

Mais combien sont-ils, ces victimes de la barbarie perpétrée par Boko Haram mercredi dernier à Fotokol? Il serait difficile d’avancer un chiffre exact. Hier jeudi, Edgard Alain Mebe Ngo’o, le ministre de la Défense a affirmé que 81 civils ont été tués lors de cette attaque d’une rare cruauté. Six de nos vaillants soldats sont tombés les armes à la main. Le Tchad a aussi perdu 13 militaires venus appuyer notre armée. Mais le Mindef a précisé que ce bilan peut évoluer en raison du nombre des blessés graves enregistrés.

Bien avant lui, le ministre de la Communication, Issa Tchiroma a organisé mercredi soir un point de presse pour informer l’opinion sur ce qui s’est passé à Fotokol. Justement que sait-on de cette tragédie? En fait, selon le Mincom, ces lâches terroristes se sont introduits nuitamment dans cette ville camerounaise vers 5h du matin. A cette heure, selon nos sources, la plupart des fidèles musulmans plus nombreux ici étaient à la mosquée pour la prière de Fajr, la prière canonique la plus courte en termes de Raqats (unité de prière).

C’est donc au cours de cette séance d’adoration que les combattants de Boko Haram font irruption dans la ville. Ils se rendent, selon nos confrères de l’OEil du Sahel, à la mosquée de Goni Tidjanima où ils égorgent 22 fidèles. Ils commettent la même barbarie à la mosquée Al Goni Moustapha et à celle d’Oustz Mahmat Adam. Ici, ils tuent non seulement les fidèles, mais aussi l’imam de la mosquée. Pis, ils réduisent ces lieux de culte en cendres. Outre les mosquées, ils se déversent dans les rues de cette ville où vivent 2000 âmes.

Ils tuent et saccagent les maisons. Le ministre de la Communication estime ces agresseurs barbares à environ 800 hommes. Pendant ce temps, notre armée dont la vaillance et le professionnalisme forcent respect ripostent avec succès comme à l’accoutumée. Les militaires tchadiens qui étaient à Gambarou viennent se joindre à nos forces de Défense. Ils parviennent à repousser ces barbares hors de nos frontières, les empêchant d’occuper un seul centimètre de notre territoire. L’armée camerounaise a également tué des terroristes. Là aussi, l’on n’a pas de chiffres exacts. Selon le gouvernement, il y aurait eu une cinquantaine de morts du côté des assaillants. Plusieurs sources estiment que le chiffre pourrait être plus important, avoisinant des centaines. En ce moment, selon nos sources, «la situation est sous contrôle».

Le calme est revenu dans la ville. Les soldats camerounais tiennent leur position pour réprimer toute velléité d’attaque. Par ailleurs, l’on attend la mise en place de la coalition devant combattre cette secte. Et de ce point de vue, les experts de différents pays et de différentes organisations internationales, réunis à Yaoundé depuis hier vont donc élaborer le concept de cette opération, le cadre juridique, logistique et financier. Si sur le plan militaire les nouvelles sont rassurantes, sur le plan humanitaire par contre, il y a des inquiétudes, notamment dans une ville comme Fotokol et le reste du département de Logone et Chari.

Le rapport de la campagne agricole 2014-2015 effraie. L’on a alors appris que cette insécurité va occasionner l’apparition précoce de la période de soudure. Censée commencer en temps normal vers le mois de mai, elle pourrait intervenir le mois prochain. En ce moment à Kousseri, un sac de riz de 50 kg coûte 40.000 F Cfa contre 18000 par le passé. Fotokol et Gambarou qui vivaient essentiellement du commerce sont donc privées de tout. En raison de la difficulté à se déplacer, il devient difficile de se rendre à Kousseri situé à 105 km de là.

Le même rapport s’inquiète également de la baisse criarde du pouvoir d’achat des populations en raison de la «baisse» des échanges commerciaux avec le Nigeria. Les ménages sont incapables de s’approvisionner. C’est ainsi que et c’est curieux- le riz Pady dans le Mayo Danay ne trouve pas preneur. Si rien n’est fait, l’on se dirige droit vers une crise alimentaire sérieuse. Que fait le gouvernement? Il aurait mobilisé l’Office céréalier, la Sodecoton et la Semry pour agir en urgence. 40 000 tonnes de ces denrées devraient être distribuées par la Semry et 11 000 tonnes par l’Office céréalier. La Sodecoton, elle, va distribuer de l’huile de table entre autres.