En raison d’un grand mécontentement de la part de la population de Kribi, particulièrement chez les jeunes, au vu de la politique de recrutement menée par l’administration du Port de Kribi, un embargo associé à des actions de destruction de marchandises a été lancée.

Le port en eau profonde de Kribi subit de nombreuses perturbations depuis le 30 janvier, avant tout mené par des jeunes mécontents de ne pas avoir pu obtenir d’emplois au port comme il leur avait été promis. En effet, le projet, lancé par Paul Biya le 8 octobre 2011, avait pour but de relancer une grande partie de l’économie de la région ainsi que du pays. Alors que tout se déroulait dans les temps, les Camerounais s’attendaient à voir plus de 20 000 emplois directs et autant d’emplois indirects créés, comme annoncé par le gouvernement pour justifier les travaux recouvrant plus de 26 000 hectares. D’ailleurs, le projet à ses débuts avait suscité de nombreuses protestations de la part des locaux en raison de la suppression de nombreuses terres à cultiver. Les personnes de la ville s’attendaient donc en contrepartie à obtenir une bonne partie de ces emplois.

Mais il semble aujourd’hui que la situation est tout autre : “ On nous a menti ! On nous a fait croire que 75 % d’employés de ce chantier devait être de notre localité mais aujourd’hui quand on regarde, c’est tout le contraire ! C’est à peine si 10 % d’enfants de Kribi sont embauchés ici […] Et pour marquer notre mécontentement, on bloque le port”, proteste un jeune très en colère. Ces arguments ont d’ailleurs convaincu les autorités tradionnelles qui comprennent la colère des jeunes face à cette injustice et soutiennent leur action en approuvant la grève.

Néanmoins, le trafic ne s’arrête pas pour autant et un nouveau stock de matériel et une cargaison de véhicules de Carmudi Cameroun,  à destination de certains cadres, ont été stoppés par les jeunes de Kribi. De plus, le port de Kribi a également été considéré comme une solution pour la décongestion du port de Douala, où le temps d’attente des cargos pour être déchargé peut aller jusqu’à une moyenne de 60 jours, même pour ceux dont les produits sont périssables, entrainant de nombreuses pertes. Tant que la situation ne sera pas réglée pour satisfaire les jeunes, la situation ne risque que d’empirer au fil du temps… Sachant que le port a pour but d’accueillir la moitié des cargaisons arrivant vers le pays à l’origine, cela peut devenir une véritable crise pour tout le Cameroun.

Pourtant, le jeudi 29 janvier, le chef traditionnel s’était entretenu avec le préfet du département de l’Océan pour discuter des différentes protestations des habitants de la ville, notamment des jeunes qui se retrouvent sans travail. Il a alors été annoncé que l’administration est actuellement à la recherche de solutions pour tenir sa promesse d’offrir la plupart des emplois créés aux habitants de Kribi et régler les problèmes de la jeunesse.  Le groupe Bolloré associé à l’entreprise chinoise China Harbour Engineering Corporation (CHEC), maitre d’ouvrage du chantier de Kribi, reste les plus accusés pour cette situation de crise.

En effet, ignorant les clauses de leur contrat, ils ont préféré recourir à des travailleurs venus d’autres villes du Cameroun. Toutefois, des négociations sont actuellement menées pour que la situation retourne à la normale et pour arrêter l’embargo du port. Les autorités locales promettent que tous les véhicules de Carmudi Cameroun pour le moment confisqués seront restitués en parfait état.