Cameroun,HERVE PARFAIT MBAPOU : « JE NE SUIS PLUS UN FEYMAN»
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  • 05 Feb 2015 09:52:35
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Cameroun,HERVE PARFAIT MBAPOU : « JE NE SUIS PLUS UN FEYMAN» :: CAMEROON

Il se plait à dire que sa réputation d’ « homme à scandales » est derrière lui. Il y a près d’une dizaine années, le nom de ce jeune camerounais à la motricité réduite, la trentaine entamée, était mêlé à une affaire de mœurs décalées. Hervé Ménard Parfait Mbapou avait alors servi d’instrument de chantage à certains patrons de presse qui l’ont fait passer pour une victime des pratiques homosexuelles de certaines hautes personnalités de la République. Reconverti dans le lobbying et les affaires, ce jeune homme qui dit entretenir des relations étroites avec le directeur du Cabinet civil de la présidence de la République, Martin Belinga Eboutou,  roule sur du chic. Pour le rencontrer, il faut se rendre à Santa Barbara, un quartier résidentiel de Yaoundé où il habite une résidence cossue. Ce self made man qui a arrêté ses études en classe de 4e parait assez cultivé et surtout hyper-renseigné lorsqu’il aborde certains sujets brûlants de l’actualité. Camer.be est allé à sa rencontre. Ses activités, ses rapports avec certains hommes de médias, l’affaire du journaliste incarcéré Ndiomo Flash, Boko Haram, l’homosexualité, l’affaire Tombi à Roko, l’opération Epervier, le cas Marafa Hamidou Yaya dont il dit être le fils, Parfait Mbapou s’exprime sur ces sujets sans porter de gants tout comme il fait des révélations explosives sur certaines personnalités en étant précis sur les noms et les dates.

Cela fait longtemps qu’on entend plus parler de vous, qu’êtes-vous devenu ?

(Rires) Est-ce qu’on doit toujours entendre parler de moi ?

Puisque vous avez défrayé la chronique à une époque qui n’est pas très lointaine et depuis lors vous avez disparu de la circulation, que devenez-vous donc ?

Vous dites bien que j’ai défrayé la chronique. C’était des événements très malheureux. Bon, comme les Camerounais aiment toujours voir  les gens au-devant de ce qui n’est pas bon, c’est pour cette raison sans doute que les uns et les autres se demandent ce que je suis devenu. Certains m’ont surnommé l’homme à scandales, je ne suis pas un homme à scandales, je suis juste quelqu’un qui dit la vérité. Et en tant que jeune Camerounais, je pense que j’ai mon mot à dire parce que le pays c’est pour tout le monde. Ce que je deviens ? je suis là, comme vous me voyez, je suis là, je me bats dans mes activités, je suis une nouvelle personne, aujourd’hui je suis âgé de 33 ans et demi, donc j’ai grandi et il faut changer.

Je vois que vous habitez une belle maison dans un quartier résidentiel de Yaoundé, qu’est ce qui vous confère un cadre aussi luxueux ?

(Rires), qu’est ce qui est étrange dans tout ça ? Où alors vous vous demandez certainement vu mon état physique, comment j’ai fais pour avoir tout ça, c’est ce que vous voulez dire ? Beaucoup de jeunes vivent dans un espace mille fois plus confortable que celui-ci.

La question est de savoir comment avez-vous fait pour partir de rien et avoir une aussi belle maison, êtes-vous devenu un homme d’affaires ?

Hommes d’affaires ? Ça dépend de ce qu’on entend par homme d’affaires. Parce que quand on parle d’hommes d’affaires, on se dit que ce sont des gens qui ont beaucoup de milliards. Non, je suis aussi un homme d’affaires peut-être petit mais je me bats, je me bats pour gagner ma vie. Il faut noter qu’avant que je ne tombe malade, je n’étais pas un sous-fifre. C’est vrai que c’est différent parce que les activités que je menais avant que je ne tombe malade n’était pas très bonne, ce ne sont pas des activités que j’encourage les jeunes à faire.

De quelles activités s’agissait-il ? 

Bon, ce n’est un secret pour personne que j’étais un arnaqueur. C’est vrai qu’après, les gens ont donné un petit nom à ça… Feyman
Un feyman c’est un arnaqueur, c’est quelqu’un qui vend des illusions, qui n’a rien et créé quelque chose de virtuel et il vous vend ça, c’est ce que je faisais avant, aujourd’hui je ne le fais plus ça et je n’encourage pas les jeunes à le faire, beaucoup de jeunes sont venus me voir pour cela, je leur ai dis qu’il faut travailler et prier, voilà le conseil que je donne aux jeunes. Le fait que je dise que j’étais un feyman ne doit pas faire problème. Il y a beaucoup de personnalité aujourd’hui qui était des feyman mais qui ont trouvé leur place dans la société. D’autres sont des députés, suivez mon regard, vous savez de qui je veux parler…

Pas vraiment

Je veux parler de Feutheu Jean Claude alias « Claude le Parisien » qui est un homme respectable aujourd’hui. A l’époque, c’était un bandit. Je parle de Bekolo Mbang (Dg de la société pétrolière Socaepe, ndlr), vous savez qu’il a imité la signature du chef de l’Etat, qu’il a fait la prison, mais aujourd’hui c’est  un homme respectable, on ne va pas regarder ce qu’il a fait avant parce que tout le monde dans la société a des casseroles, il n y a personne qui est propre. Je vais prendre le cas d’Atanga Nji. Aujourd’hui c’est un chargé de mission à la présidence de la République mais à l’époque, il changeait de l’argent au Hilton Hotel, il était un bandit, il a été plusieurs fois en cellule et le patriarche Onambele Zibi ne va pas me démentir à propos puisqu’il l’a plusieurs fois sorti de cellule.

Est-ce à dire, comme le titrait un article du journal Mutations il y a quelques années que vous êtes un feyman repenti ?

Je suis repenti et je le dis avec beaucoup de conviction. C’est vrai que ce n’est pas toujours facile pour moi parce que je rencontre toujours beaucoup de problèmes. Il y a des gens qui veulent bien faire des affaires avec moi mais quand ils se rendent compte que c’est le même Mbapou, ils prennent du recul, bon cela ne me dérange pas, l’apôtre Paul dans la Bible était quelqu’un de dangereux avant que Jésus ne vienne lui transmettre le message qu’il a d’ailleurs accepté, il a bien mené sa mission, donc je suis comme cela, je m’arroge ce titre.

Vous disiez tout à l’heure que vous êtes un homme d’affaires, dans quel secteur opérez vous ?

Dans une radio à Yaoundé, TBC, un certain journaliste véreux, maffioso de petite classe-parce que quand je faisais la maffia, je n’étais pas à son niveau de maffiosisme- Alama Edouard a raconté que j’étais un petit indic d’une haute personnalité de ce pays, que j’habitais un hôtel au quartier Kondengui dont les factures étaient payées par la direction que gère cette haute personnalité à la présidence de la République, c’était d’ailleurs faux, très faux parce que je ne suis pas un petit indic, un indic n’est d’ailleurs pas petit mais je ne fais pas ce genre de chose, j’ai de très bonne relations avec cette haute personnalité, on a des relations de père et de fils, c’est quelqu’un que j’ai rencontré, à qui j’ai posé mes problèmes et il a décidé de me soutenir si je prends la bonne route, j’ai pris cette bonne route, je vais chez lui en journée, je vais chez lui dans la nuit, tout le monde le sait et il ne le cache pas…

Pouvez vous nous dire de qu’il s’agit ?

Oh je ne le dis pas, vous êtes journaliste vous n’avez qu’à fouiller. Je ne veux pas faire la publicité de cette personne puisqu’elle est d’abord très réservée, très cachée malgré son pouvoir étendu, c’est un homme humble qui ne fait pas de mal, c’est vrai qu’on entend de choses ici dehors à son sujet qui en réalité ne sont pas vraies. Quand vous voyez l’âge de la personnalité, vous voyez sa fonction, son statut dans le monde, c’est quelqu’un qui devait être orgueilleux mais il accepte que certains jeunes viennent vers lui. Il me soutient beaucoup, je ne fais pas des affaires avec lui mais j’ai certaines ouvertures que d’autres jeunes n’ont peut-être pas, je suis quand même assez connu, j’ai beaucoup de personnes qui me soutiennent c'est-à-dire qu’elles ne me donnent pas seulement de l’argent, elles me donnent aussi du travail, je peux me lever un matin pour aller rencontrer un ministre, un directeur général, je lui dis ‘voyez mon état, je voudrais bosser, je ne veux pas aller dans la rue’, il va toujours me trouver quelque chose à faire, les marchés publics par exemple, c’est la chose la plus facile que je puisse faire vu mon état de santé. Je suis malade, j’ai les nerfs coincés dans les vertèbres depuis le 19 septembre 2004, donc j’ai de temps en temps des atrophies musculaires, c’est-à-dire qu’il y a des moments où je ne peux même pas tenir un bic pour écrire. C’est ce travail que je fais le plus facilement, j’ai une carte de visite, je suis négociateur, je suis facilitateur, quand je tombe sur des marchés de 4.9, je ne les livre pas, je donne à quelqu’un qui les livre et on s’arrange sur ce que je gagne.

Parlons à présent de ce qui vous a révélé au public camerounais à savoir une affaire de mœurs à laquelle vous avez été mêlée par certains patrons de presse il y a près de 10 ans, ces derniers vous avaient fait passer pour une victime des pratiques homosexuelles de certaines personnalités de la Républiques. Que s’était-il passé exactement ?

Je l’ai toujours dis et je le redis encore, le véritable responsable de cette affaire c’est Jean Pierre Amougou Belinga (Pdg du groupe de presse l’Anecdote, ndlr). Le ministre (du travail et de la sécurité sociale, ndlr) Grégoire Owona, je ne le connais pas, ni avant, ni pendant ni après cette affaire. Malheureusement, ce que je vais dire de ce ministre est qu’il n’est pas humble, il n’est pas honnête non plus. Pourquoi je le dis ? Si Amougou Belinga ne m’avait pas trouvé pour faire ce travail, il aurait trouvé quelqu’un d’autres mais qui n’aurait pas fait ce que j’ai fais. J’ai fais volte-face, je me suis ressaisi et j’ai décidé de dire la vérité. Mais aujourd’hui, ce monsieur me prend pour quelqu’un de dangereux. J’ai même essayé de le rencontrer pour lui expliquer ce qui s’était passé. Sans faire l’apologie de ma personne, je pense que tout le monde connait le contexte dans lequel Amougou Belinga m’a utilisé. Je suis tombé malade le 19 septembre 2004, je suis rentré au village mourant, souffrant avec 50 Kg et des escarres partout. Je vivais avec ma grand-mère qui n’a pas de moyens et j’étais tout près du tombeau. Amougou Belinga m’a sollicité afin que je joue le rôle de la victime du ministre Grégoire Owona, vu mon état, on devait croire que cela est vrai. On s’est entendu que cela ne se publierais pas. A l’époque, c’est son ami intime, Laurent Esso, qui était secrétaire général à la présidence. Il m’avait dit que par le canal de Laurent Esso, il pouvait faire entrer une vidéo de moi à la présidence de la République confirmant que le ministre Grégoire Owona m’a bel et bien sodomisé. Le problème d’Amougou Belinga était que comme je suis un ancien ripou et lui-même l’est, il voulait que nous prenions beaucoup d’argent à M.Grégoire Owona. C'est-à-dire que si la vidéo était partie chez le président de la République, Grégoire Owona devait être convoqué et il devait m’approcher pour savoir exactement ce qui se passe puisqu’il ne me connait pas. Non seulement il allait payer de l’argent pour que cela ne s’ébruite pas, mais j’avais aussi une mission cachée : dire à M.Owona que c’est René Sadi (actuel ministre de l’Intérieur, ndlr) qui me monte, ça ce sont les instructions qu’Amougou Belinga m’avait donné. Et à l’époque, comme j’étais très proche de Biloa Ayissi (patron du journal Nouvelle Afrique, ndlr) parce que j’ai connu Biloa Ayissi avant que je ne tombe malade et il menait une véritable lutte acharnée contre les homosexuels et en vrai parce que lui il ne leur faisait pas du chantage. Amougou Belinga m’a donc demandé de passer par Biloa Ayissi parce que par lui, il était facile de faire une lecture. Alors il m’a dit de passer par Biloa Ayissi et de lui laisser croire que c’est la vérité et Biloa Ayissi allait vendre mon image sans le savoir et après que Biloa l’ait dit à tout le monde, nous devrions entrer en action. Quand Biloa Ayissi le prenait au sérieux, je disais toujours à Amougou Belinga qu’il faut faire très attention parce que Biloa Ayissi prend l’affaire au sérieux et peut finir par le publier alors que je ne le souhaitais pas. Amougou Belinga m’a dit de ne pas me gêner parce qu’il le contrôle. Voilà l’histoire du top 50.Beaucoup de jeunes dans mon état n’aurait pas refusé cela. 

Est-ce qu’avec le recul, n’avez vous pas quelques regrets d’avoir joué à ce jeu ?

Je ne le faisais pas de gaieté de cœur mais je regrette beaucoup l’avoir fait, d’avoir causé du tort à la famille de M.Grégoire Owona. Mais en réalité, il se dit que lui-même est homosexuel…

Comment vous le savez ?

Biloa Ayissi m’a fait savoir au cours d’une discussion que Grégoire Owona aurait sodomisé un enfant de 14 ans dont les parents étaient venus le voir, lui Biloa Ayissi. Et quand ce dernier voulait relancer les parents de la victime, ils refusaient soit par peur soit parce qu’ils ont reçu de l’argent. J’étais la seule personne à témoigner. Lui il croyait que c’était la vérité. En plus je suis jeune et je fréquente beaucoup de milieux de jeunes, je connais tous les jeunes de Yaoundé, les jeunes de Yaoundé me respectent, m’aiment, viennent vers moi, il se dit qu’il est dans ces choses, je ne veux pas redevenir un homme à scandale, je connais plein de jeunes homosexuels à Bastos qui disent être avec lui ainsi qu’avec d’autres personnalités.

Est-ce à dire qu’il y a plein de ministres qui font dans l’homosexualité, vous en connaissez en dehors de celui que vous citez ?

Dans la Bible, il est écrit que sur les dires de 2 ou 3 témoins, toute affaire est établie. Quand on parle de témoin, on parle de témoins oculaires, qui ont vécu, qui ont des preuves, je ne suis pas témoin oculaire, je n’ai pas de preuves, mais s’il faut s’appuyer sur ce que ces jeunes homosexuels disent, ils sont pleins. Même si j’ai la conviction que c’est vrai, je n’ai pas la preuve pour le clamer haut et fort et en public. Mais de vous à moi, je peux vous dire que c’est vrai. La culotte baissée, ça se passe beaucoup.

Et vous en avez été victime vous-même ?

Non, je n’ai jamais été victime. Vous savez, je suis un gros hétérosexuel, toutes mes copines le savent. Quand j’ai une copine, elle ne me laisse pas avec sa copine, même pas avec ses sœurs parce que je ne ris pas. Donc je suis un très gros hétéro, l’homosexualité je suis contre parce que premièrement, nous sommes des bantous, africains, c’est de la malédiction, deuxièmement, le Dieu que nous servons condamne l’homosexualité. C’est un usage contre-nature. Même en n’étant pas bantou ou chrétien, le bon sens voudrait que Dieu ait créé l’homme et la femme, il n’a pas créé l’homme et l’homme ou l’homme et la bête. Je ne saurai jamais être un homosexuel, je n’ai jamais été victime, je ne suis peut-être pas passé à l’acte mais des gens m’ont fait des propositions.  Même avant que je ne tombe malade, je fréquentais un monsieur qui est décédé aujourd’hui qui s’appelait Lingoue Pierre, il était directeur administratif à l’Enam  (Ecole nationale d’administration et de magistrature, ndlr), c’était un toupouri qui était un homosexuel à qui j’ai fais beaucoup de chantage avec beaucoup de hautes personnalités, militaires, journalistes et autres, il nous a payé beaucoup de millions. Ça c’est dans les années 2002, 2003, 2004 avant que je ne tombe malade. Lui il était réellement homosexuel et chaque fois qu’il venait vers moi, ce n’était pas pour que c’est lui qui me sodomise, c’était pour que c’est moi qui le sodomise. Et quand je  lui disais que ce n’était pas bien, qu’il prenait les chances des gens il me répondait toujours qu’il y a deux catégories d’homosexuels : il y en a qui sont dans les sectes et il y a ceux qui sont des homosexuels vrais c’est-à-dire qu’ils n’aiment pas les femmes, ils n’ont pas d’enfants et il me disait que tel ministre est comme moi, tel autre n’est pas comme moi.

Après ce scandale homosexuel au centre duquel vous vous êtes retrouvé, quelle image vous gardez de la presse camerounaise ?

De manière générale, je ne garde pas une très bonne image de la presse. Les journalistes au Cameroun de manière générale sont des rapaces, des maîtres-chanteurs. Je respecte un journaliste qu’on appelle Parfait Siki, du journal Repères. Parfait Siki est celui avec qui j’ai travaillé pour le démenti réel de ce problème. Vous savez, les journalistes ont une technique d’escroquerie. Il a des informations, elles sont vraies, mais il veut d’abord aller recouper. Le recoupement en réalité c’est pour aller voir la personne incriminée pour lui dire que si tu peux donner tu donnes. Mais Parfait Siki n’a jamais fait ça. Les journalistes, pour la plupart sont véreux. Je vais vous prendre encore l’exemple d’Edouard Alama, du journal l’Avocat et de sa petite télé qui se voit dans quelques maisons à Yaoundé. Ce monsieur est venu à l’hôtel me voir en compagnie de mon tchango (celui dont l’épouse est la sœur de sa compagne, ndlr), un adjudant-chef de l’armée qui est son ami par rapport à un travail spécifique sur Brahim Menimmour. Nous sommes entre septembre et octobre 2014. Alama me sort une histoire en me disant qu’il a fait le chantage à Louis Bapès Bapès (ministre des Enseignements secondaires, ndlr). Feue Catherine Abena a écrit une lettre au ministre Bapès Bapès et a demandé que la lettre soit lue le jour de sa mort au cours de ce qu’on appelle chez les Betis le ‘Nsil Awou’. Dans cette lettre, Catherine Abena évoquait 2 choses. Elle disait que Bapès est venue lui rendre visite le 27 septembre (2013, ndlr)-parce qu’elle est morte le 29 septembre- et lui a introduit une banane dans la bouche. Elle a demandé à Bapès ‘pourquoi tu me pourchasses ?’, Bapès lui a répondu ‘ j’ai tué mon beau-fils qui était colonel, j’ai tué ma fille pour en arriver ici, j’ai tué des gens et si toi tu me déranges, je dois te liquider’. Dans la deuxième partie de la lettre, elle expliquait que Bapès a le soutien de la famille présidentielle du côté de la Première Dame par le biais de l’un de ses fils jumeaux qu’on appelle Patrick Le Gros qui a fait plusieurs marchés fictifs avec Bapès Bapès et que c’est lui qui est la couverture de Bapès. Elle demandait qu’on transmette cette lettre au président de la République. Elle a donc laissé cette lettre à Abafi.

Qui est-il ?
    
Abafi c’est le cousin de Catherine Abena, il est chef du côté d’Esse. Abafi veut qu’on lise la lettre le jour du deuil, qu’on la publie, Edouard Alama dit qu’il faut plutôt aller voir Bapès parce que ce dernier est son ami. Edouard Alama est allé voir le ministre Bapès. Lui-même m’a raconté que quand il a donné la lettre à Bapès Bapès, il a fini de lire la lettre et est tombé. Il croyait que Bapès va mourir. Bapès s’est encore assis. Il a dit à Bapès que ‘pour que cette affaire n’aille pas loin, il faut que tu me donnes 20 millions de F Cfa’. Bapès lui a dit ‘je dois réunir les 20 millions’, Alama lui a dit ‘ je veux cet argent aujourd’hui, si ce n’est pas possible aujourd’hui, il y a encore une autre version de la lettre, on va la publier’, Alama dit qu’il est resté chez Bapès pendant 4h de temps, on est arrivé avec une tablette contenant 20 millions de F Cfa.Dans les 20 millions, Abafi à qui Catherine Abena a remis la lettre ne s’est retrouvé qu’avec 2 millions. Alama et un autre prêtre ont pris le reste. Alama me demande si je connais le ministre Bapès parce qu’il voulait qu’on le relance dans le chantage, voilà ce qu’il m’explique au lieu dit Cheval Blanc au quartier Kondengui à Yaoundé. En présence de cet adjudant-chef qui ne peut pas le nier aujourd’hui. Je dis à Alama que moi je ne fonctionne plus comme ça. J’ai des possibilités de gagner mon pain de façon honnête, je voudrais m’en tenir à ça. Le soir, je reçois Abafi parce qu’il était aussi mêlé dans l’histoire de Brahim Menimmour. Abafi me parle de cette lettre et me la remet en me disant qu’il est au courant que le ministre a donné 20 millions de F Cfa, que je dois donner la lettre aux journalistes afin qu’ils la publient. J’ai dis à Abafi que ‘si le ministre a donné 20 millions de F Cfa et que c’est toi-même qui a accepté la négociation mais si les 20 millions ne te sont pas parvenus, la faute n’est pas au ministre, mais à ceux à qui tu as confié le dossier, il faut être un homme de parole, tu avais décidé d’arranger, mais moi je préfère que tu revois plutôt le ministre pour lui dire que tu n’as pas reçu l’argent’. Abafi me dit qu’il ne sait pas comment faire pour approcher le ministre mais qu’il me confie le dossier. J’ai pris mon téléphone et j’ai appelé M.Bapès, je lui ai envoyé un message pour cette lettre. Bapès a appelé Alama, son ami intime et Alama lui a dit ‘Mbapou ment, il n’a pas de lettres’. Alama m’a appelé pour me menacer en me disant ‘je te donne une information verbale, tu me dis que tu n’es pas chaud mais tu passes par derrière ?’, je lui ai dis que c’est faux, qu’il vienne je lui montre la lettre. Quand il est venu je lui ai dis ‘voilà la lettre, tu peux l’arracher tu fuis, mais j’ai une autre, c’est l’original, toi on t’a donné la photocopie en couleur’. Le ministre s’est dit que s’il continue à payer, ce sera un chantage interminable et que la meilleure façon d’en finir avec cette histoire c’est de ne plus rien payer. Voilà comment cette affaire est morte.

Est-à-dire qu’il y a  beaucoup de journalistes qui ont des collusions maffieuses avec des hautes personnalités de la République ?

Beaucoup. Quand un journaliste obtient une information au  sujet d’une personnalité, il part rencontrer l’ennemi de cette personnalité. Quand il part de là, il revient vers l’homme pour qui il est allé parler mal. C’est pourquoi vous allez constater que sur une personnalité, il y a une presse qui lave et une autre qui salit, ce n’est pas normal, les journalistes doivent être  coopératifs.

Dans quel registre rangez-vous l’affaire du journaliste Ndiomo Flash aujourd’hui incarcéré à la prison de Yaoundé, est-ce celui d’une liberté de presse en danger où alors d’une affaire de chantage par voie de presse ?
 
J’ai causé avec Flash quand il a publié la lettre de Catherine Abena. Nous nous sommes donnés rendez-vous, il est venu mais ce jour-là, j’étais occupé, il est reparti. Il a envoyé quelqu’un d’autres me voir qui travaille avec lui, on a échangé sur ce qu’on devait échanger. J’avais une note d’information contre certaines personnalités. Flash m’a demandé de lui donner cette information parce qu’il connaissait un ministre à l’intérieur qu’il devait aller voir pour qu’il nous donne de l’argent. J’ai dis à celui que Flash a envoyé que je ne pouvais pas lui donner le document. Mais il est allé dire au ministre qu’il y a un petit appelé Mbapou qui détient ci qui détient ça. Mais comme je suis quelqu’un de renseigné, je connais quelqu’un qui est allé voir le ministre en question et le Sp (secrétaire particulier, ndlr) de ce ministre a dit que j’étais déjà venu les voir alors que c’était faux. Je sais qui est allé leur dire que je détenais l’information. Moi je ne suis pas un policier, je ne recoupe pas, les gens me donnent des informations, même les hommes en tenues me donnent des informations, des officiers supérieurs, que ce soit de la gendarmerie ou de la défense, ils m’en donnent et je transmets à qui de droit parce que j’ai ce privilège. Pendant que nous y sommes, nous parlons du cas d’Ebang Mve parce que j’ai la presse que Flash a publié de ce qu’Ebang Mve a dit de certaines personnalités. Et parmi les personnalités qu’Ebang Mve avait diabolisé selon Ndiomo Flash, il y avait mon papy à l’intérieur.

Votre papy ? 

Oui, mon papy, une personnalité de ce pays, très grande d’ailleurs, qui a des relations très étroites avec le président de la République…

Vous voulez parler de Martin Belinga Eboutou ?

C’est vous les journalistes qui le dites, vous pouvez recouper, je ne peux pas faire de publicité à propos de lui, je dis juste la vérité. Son nom était dans ce journal. Moi j’ai le devoir, lorsque je vois quelque chose sur mon père, de lui en parler en tant que fils. Je demande au gars que Flash avait envoyé si ce qu’ils avaient publié était vrai, ils ont répondu par l’affirmative. C’est là où il me fait savoir que Flash était très proche du ministre (en réalité le Sg du ministère des Finances, M.Ebang Mve, ndlr) et que ce sont les gars de la Dgre (services de contre-espionnage, ndlr) qui ont essayé de rencontrer le ministre pour lui soutirer de l’argent. Mais comme il est dur, ils ont donné à son ami Flash pour que ce dernier publie le dossier sur sa fortune. Le ministre a trouvé que ce n’est pas lui, son ami, qui devait traiter de ce genre de dossier avec lui. Et là, les problèmes ont commencé, des engueulades, des menaces. Flash a donc sortir les enregistrements sur ce que le ministre disait sur plusieurs personnalités telles que le ministre de la Défense, etc. Quand Flash enregistrait, est-ce que M.Ebang Mve le savait ? Ils causaient entre amis, ils se faisaient des confidences, mais lui Flash enregistrait, ce qui veut dire qu’il n’avait pas de bonnes idées derrière la tête. Quand aujourd’hui, il dit qu’il n’a jamais publié d’articles sur Ebang Mve dans le journal Le Zénith qui est son journal, je ris, c’est faux !
Le journal a un directeur de publication par intérim qui n’est pas lui
C’est vrai. Le directeur  de publication a le nom d’un musulman là…

Ali Ibrahim

Quand j’ai appelé le numéro de cet Ali Ibrahim, c’est Flash que j’ai reçu. Voilà comment les journalistes fonctionnent.

Mais Flash a dit récemment au tribunal d’Ekounou qu’il ne se reconnait pas dans ces enregistrements ainsi que dans les articles qui incriminent le secrétaire général des Finances, M.Ebang Mve 

Qui les a donc signés ? Appelez donc la personne ! Il y a quelque chose que vous les journalistes vous faites souvent, quand vous publiez un truc qui est grave et que vous craignez le délit de presse, vous mettez un nom fictif, de quelqu’un qui n’existe pas. Qu’il dise alors qui a publié cela si ce n’est pas lui. Moi je pense simplement que Flash devrait dire à son grand-frère que ‘grand frère, je me suis mal comporté vis-à-vis de toi, tu es grand, aies pitié de moi…
Mais lui, il ne veut pas présenter d’excuses à M.Ebang Mve
C’est par orgueil. M.Ebang Mve et Ndiomo Flash était des amis. Ebang Mve lui a fait confiance mais il l’a trahi. Il n y a pas deux explications à ça. Vous savez, Flash est mon ancien voisin au quartier Anguissa, donc je le connais. 

Mais tout de même, est ce que cette fortune de M.Ebang Mve n’est pas avérée ?

M.Ebang Mve est le secrétaire général du Ministère des Finances, sa maman est de l’Est, chez moi. Donc je suis comme un oncle de M.Ebang Mve. Lui et moi, nous ne nous sommes jamais vus mais nous nous sommes appelés au téléphone déjà. La dernière fois, je voulais le rencontrer, il m’a dit qu’il avait deuil, son grand frère était mort, il voulait d’abord l’enterrer et je pouvais l’appeler après. Je voulais le voir pour un service. Il est très poli, très gentil, très abordable au téléphone. Parlant de sa fortune, vous pensez qu’un secrétaire général du ministère des Finances n’a pas le droit d’être fortuné ? Vous pensez que si un secrétaire général du ministère des Finances est fortuné c’est parce qu’il a volé ?  Soyons sérieux ! Je vais vous prendre un exemple simple. Secrétaire général de son état, il signe couramment des factures, si quelqu’un vient voir M.Ebang Mve et lui dit qu’il a une facture de 1000 F Cfa et qu’il voudrait qu’il signe cette facture ou alors que le ministre qui est son collaborateur la signe et que pour le remercier, la personne lui remet 200 F Cfa pour service rendu, c’est du vol ? Quand on nomme quelqu’un, le texte précise que « l’intéressé a droit aux avantages de toute nature », où est le problème ?

Des avantages prévus par la réglementation en vigueur

Lesquels ? 

Indemnités de sujetion, de carburant, logement au frais de l’Etat…. 

Donc les 200 f Cfa que la personne lui donne, c’est de la corruption ?

D’aucuns pourraient assimiler cela à un pot-de-vin. Je vous ai dis que je ne connais pas M.Ebang Mve, mais les gens qui parlent de lui le font en bien. Ebang Mve ne pose jamais une condition pour signer une facture, ce sont les personnes à qui il rend service qui viennent après pour lui dire ‘prends’. La corruption selon mon entendement c’est faciliter un service à quelqu’un qui n’en a pas droit parce qu’il vous a promis de l’argent. M.Ebang Mve est quand même secrétaire général du ministre des Finances, s’il est fortuné, je ne vois pas où se trouve le problème. Mais maintenant, reste à savoir si ce qu’on lui attribue comme biens mal acquis lui appartient parce que le Camerounais, l’être humain a tendance à trop exagérer les faits. Quand Flash a publié ces choses, je pense qu’il l’a fait par rancune, pour faire du mal à Ebang Mve. 

Mais est-ce que sa détention préventive ne tombe pas sous le coup de l’illégalité puisque les faits qui lui sont reprochés ne constituent pas un crime ?

C’est vrai que je ne connais pas très bien le droit, mais je crois que les magistrats devraient respecter la Charte des Nations Unies, cette détention préventive a d’ailleurs trop duré. Le conseil que je pourrais donner à M.Ebang Mve, c’est d’avoir pitié de Flash, de retirer sa plainte, de le laisser. Parce que les hommes politiques de la dimension d’Ebang Mve craignent souvent le sabotage. Si M Ebang Mve en est arrivé là, c’est parce qu’il ne se reproche de rien. S’il se reprochait de quelque chose, il aurait réglé cela, on n’aurait même pas su qu’il se passe quelque chose, mais il lui a dit ‘fous le camp écrit’, ils se sont querellés, il y a des enregistrements. Qu’on prenne des experts pour les authentifier.

Est-ce que vous avez les amis dans la presse ?

J’ai des amis dans la presse qui sont corrects

Quelques exemples

Léopold Clovis Noudio, directeur de publication du journal L’Epervier. Quand j’ai travaillé avec lui, je ne l’ai jamais vu essayer d’aller recouper, c’est-à-dire aller voir des personnes pour les arnaquer. Même s’il a écrit contre moi la dernière fois sans me nommer. C’était dans une affaire qui m’opposait au directeur général de la Scdp (Société camerounaise de dépôts pétroliers, ndlr), Gaston Eloundou Essomba. Clovis Noudio a écrit des choses qui n’étaient pas vraies. Donc Léopold Clovis Noudio c’est mon ami. Je vais chez lui, il vient aussi chez moi. Il est même venu chez moi une fois à Anguissa, on a cassé sa voiture et volé son sac on a même pris son argent. Olivier Mbele (directeur de Le Courrier) c’est mon ami, Armand Mbianda du journal Le Soir c’est mon ami que j’aime bien parce qu’il dit des choses courageuses, mais quand il a le feu, il quitte, je n’aime pas cette façon de fonctionner, le directeur de publication doit protéger son rédacteur-en-chef, ce n’est pas que quand on t’appelle, tu dis ‘non ce n’est pas moi qui ai écris c’est mon rédacteur-en-chef’, il est un peu comme ça parce que je connais deux rédacteurs-en-chef qui ont travaillé chez lui comme Embom Lucien et Yannick Ebosse. J’apprends que ce dernier est reparti là-bas, c’est une très bonne chose. Mais de manière générale, c’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup.
Il se dit que vous apportez un appui à l’Etat dans la lutte contre la secte islamiste Boko Haram, pouvez-vous nous dire de quelle façon ? 
Vous savez, je ne suis pas indic, pour moi les indics ce sont des traitres. J’ai un certain nombre de relations avec les jeunes, avec les vieux, avec les démunis avec toute sorte de personnes. Vu mon état, j’ai le privilège de voir, d’entendre et de posséder certaines choses. Je vais prendre un exemple, celui du phénomène Boko Haram, des enlèvements. J’ai beaucoup aidé l’Etat, je le dis haut et fort…

En quoi faisant ?

J’ai donné des informations précises aux services de renseignement. Je n’ai rien gagné dessus même pas une bouteille d’eau. Je sais que ces informations ont payé. Donc si j’ai une information par exemple, le sultan Brahim Menimmour qui a accordé une interview à La Tribune de L’Est de Chantal Roger Tuile, un de mes tonton de l’Est, en disant qu’il veut donner la tête d’Abubakar Shekau, moi j’ai reçu Menimmour depuis qu’il est parti de l’Extrême-Nord, c’est mon tchango, un adjudant-chef en service à la sécurité militaire qui a amené Menimmour à la présidence de la République, sous mes conseils, voir le colonel Engolo de l’Etat-major particulier du président de la République en son temps pour lui dire que Menimmour avait des informations sur les dix chinois enlevés par Boko Haram. Le secrétaire général (de la présidence, ndlr) a répondu qu’il ne voulait pas déranger le président parce que le président regardait le match. Ça c’est une réponse qui m’a vraiment  dépassé. Autre exemple, celui des religieux. Je suis chez moi à la maison, dans ma chambre d’hôtel, une dame, Odile Atangana d’Afrique Média vient me voir à 6h en robe de nuit, elle me dit ‘Parfait, j’ai mon indic qui me dit qu’il sait où se trouve les religieux’, j’ai envoyé Odile voir le colonel Mboutou par le biais d’un ami qui est capitaine, je n’ai rien reçu, je ne l’ai pas fait pour de l’argent. Ensuite, Odile est partie avec Biloa Ayissi chez Mbarga Nguele (patron de la police, ndlr) et après ça, on a retrouvé les religieux. Donc il ne faut pas qu’on me confonde à un indic, non, moi je travaille. Je peux connaitre que mon voisin est braqueur, c’est sa vie. Mais quand tu veux nuire à la sécurité du pays, je te dénonce sans crainte. J’ai un réseau d’informations très étendu, même sur les histoires de Boko Haram vous savez combien d’informations nous donnons aux services de renseignements ? Beaucoup trop. De vraies. J’ai des amis qui me disent qu’il y a des montants prévus par l’Etat pour payer ceux qui donnent des informations sur Boko Haram, ces gens s’emparent de tout ça mais je continues à leur donner les informations, je paye même certaines informations. J’ai un groupe de syndicalistes de chauffeurs camion qui m’ont donné des informations récemment concernant la sécurité du pays, ils m’ont dit ‘on a trop donné, on n’a jamais rien reçu, on ne donne plus’, je leur ai envoyé 100 000 F Cfa, ils m’ont donné l’information et j’ai transmis à qui de droit. 

N’avez-vous pas le sentiment que le chef de l’Etat est seul dans cette guerre ?

Si je rencontrais le président de la République un jour, je lui donnerais des preuves pour qu’il coupe les têtes de tous les chefs des services de renseignement du Cameroun. Il s’agit du Sed (secrétaire d’Etat à la défense chargé de la gendarmerie nationale, ndlr), Jean Baptiste Bokam, du Dgsn (délégué général à la sûreté nationale, ndlr) Martin Mbarga Nguele, du Dgre (directeur général de la recherche extérieure, services secrets, ndlr) Maxime Eko, on devait tous les mettre de côté. Vous savez, aux Usa, quand Bill Clinton était président, les services de renseignement étaient incompétents.il a dit un jour au directeur de la  CIA que je préfère lire les informations dans les journaux comme Le Times, The Post, je ne lis pas ce que vous donnez comme bulletin de renseignements parce que vous êtes incompétents. Il a coupé  des têtes, il a même mis certains en prison. Ça doit aussi arriver au Cameroun.

Est-ce à dire que tous ces responsables ne font pas leur travail ?

Ils ne font pas leur travail et il y a deux choses qui les poussent à ne pas faire le travail : ils sont incompétents et ils sont corrompus. J’ai des preuves. Mais ce ne sont pas des preuves que je vais mettre sur la place publique, je les transmettrai à qui de droit. Mais je dis bien que tous ses services de renseignements sont in-com-pé-tents et co-rrom-pus. J’ai causé avec un lieutenant-colonel du Sed dont je suis proche, il m’a dit ‘Parfait, ce que tu me dis est vrai, il y a beaucoup d’armes qui circulent à Yaoundé mais on a les mains liées’, quand un officier supérieur de l’armée en arrive à dire de telles choses, vous n’avez plus besoin de vous poser trop de questions, il sait pourquoi il le dit. Je voudrais aussi que le président de la République écoute beaucoup plus les jeunes, qu’ils comprennent que ce ne sont pas seulement les hommes en tenues qui doivent fournir les informations, c’est aussi nous les civils. Il a sa façon de fonctionner, je ne peux pas le lui reprocher, c’est un patriarche, un chef d’Etat et je pourrais lui faire une suggestion, qu’il décide comme ça au hasard de rencontrer 10 jeunes qui n’ont pas une position officielle, il comprendra ce qui se passe réellement dans ce pays. Tous les services de renseignement lui donnent des informations erronées, des informations qu’eux-mêmes veulent donner. Il y a deux enfants d’un député du Rdpc du Mayo Sava que le Bir (Bataillon d’intervention rapide, ndlr) a interpellé récemment pour complicité avec Boko Haram. Ce député m’a islamisé, Abba Malla Koumbra, j’étais à Mora, j’avais 15 ans. C’est une famille que je connais très bien.Je ne suis pas surpris de ce qu’on dit d’eux aujourd’hui parce que même étant petit, je voyais déjà cet homme très louche. C’est malheureux parce que le président de la République est seul. Il n’a pas 3 personnes qui le soutiennent dans ce pays. L’histoire de Boko Haram cache aussi une rébellion, ce sont les ministres qui craignent d’être épinglés par l’opération Epervier qui financent cette rébellion, donc la chute du régime Biya serait pour eux une très bonne chose.

Quelques noms de ces ministres

Je ne vais pas citer leur nom ici, pas parce que j’ai peur d’eux parce que moi je n’ai peur de personne, je suis intrépide. Il y a ce qu’on appelle le secret-défense, cette information est déjà parvenue à qui de droit.

Vous avez parlé tout à l’heure d’un différend qui vous a opposé à Clovis Noudio concernant le Dg de la Scdp, pouvez-vous nous en dire plus ?
M.Eloundou Essomba et moi étions des amis mais il y a eu un malentendu. J’ai fais un certain nombre de déclarations sur lui dont j’étais convaincu de la véracité. Et aujourd’hui je maintiens ce que j’avais dis même si je lui ai demandé de m’excuser parce que je l’avais fait publiquement.

Et qu’est ce que vous avez dit concernant Gaston Eloundou Essomba ?

Non vous savez, il ne faut pas réveiller les vieux démons. Mais ce que je vais quand même vous dire est que quand je connais Gaston Eloundou, je ne venais pas pour lui demander de l’argent. J’étais comme un ami, un petit frère pour lui. Je lui donnais des informations. J’ai dis à Gaston que ‘je ne veux pas être mendiant, je veux travailler, il y a par exemple le terminal pétrolier de Kribi qu’on doit construire, je peux te faire venir des investisseurs’. Il m’a donné le feu vert. Je détiens jusqu’aujourd’hui les preuves de ce que je dis. J’ai les messages qu’il m’a envoyés, j’ai nos appels téléphoniques, pas que je les ai enregistré. Des personnes proches du Dg qui étaient ses amis intimes et qui étaient mes amis m’ont dit que ‘ce monsieur c’est un bandit, il te roule dans la farine, il ne va rien faire’. C’est à partir de cet instant que j’ai commencé à l’enregistrer quand on parlait pour que demain je puisse dire que voilà la vérité. Ce monsieur m’a fait venir les gens du Koweït qui venait pour investir dans le terminal pétrolier de Kribi. Par deux fois, il les a reçu en audience, on a eu une séance de travail, pourtant il n y avait rien, c’était du bluff qu’il faisait. Est-ce qu’une personnalité comme lui devrait faire les choses pareilles ? J’ai également fais venir des gens des Usa pour ce même projet toujours avec l’accord de Gaston Eloundou Essomba. Un avocat international, Vivian NKambe qui est Camerounais originaire de Bamenda, qui travaille avec la famille Bush et les plus grandes sociétés pétrolières américaines, elles sont venues ici pour ce projet, mais Gaston Eloundou faisait toujours du bluff. Ça veut dire que mes relations, il les ternissait, devrais-je en être fier ? Je me suis dis que ce monsieur est vraiment ce qu’on dit de lui. Dans nos relations, il y avait eu un mort subit, j’avais déclaré en son temps que c’était lui qui avait assassiné la personne parce que des éléments sous-jacents démontraient cela. 

Vous avez parlé des ministres qui craignent l’opération Epervier tout à l’heure, que pensez-vous de cette campagne ?
    
L’opération Epervier pour moi, petit citoyen de mon état, est importante pour lutter contre les détournements de fonds publics. Je suis d’accord avec l’idée générale, mais dans les détails, c’est discutable. Par exemple, depuis que cette opération a commencé, qu’est ce qu’on nous a ramené ? Parce que le but de cette opération ce n’est pas seulement d’arrêter les voleurs mais aussi de récupérer ce que ces gens ont pris. N’importe qui voudrait se sacrifier pour ses enfants. Si on me dit aujourd’hui M.Mbapou tu es nommé ministre et que je sais que je vais voler l’argent pour que ma femme et mes enfants soient à l’aise, même si je vais pourrir à Kondengui (prison, ndlr), d’autant plus que les conditions de détention ne seront pas celles de celui qui a volé le coq au quartier, d’autant plus que je pourrais donner de l’argent au régisseur pour que je sorte chaque soir, je dors chez moi, je rentre le matin. Beaucoup le font. Mon ami, le capitaine Ayissi, commandant de compagnie de gendarmerie de Yaoundé 3 a déniché un réseau des gens qui étaient condamnés et qui sortait de prison et revenait. Donc l’opération Epervier devrait être menée de façon à ce que les gens aient peur de toucher au bien public

Mais avez-vous le sentiment que c’est le cas ?
 
Malgré ces arrestations, la situation s’empire. Mais il faut noter que je suis aussi un homme spirituel, le problème n’est pas M. Biya, le problème n’est pas le Cameroun, le problème c’est un état d’esprit de l’être humain. C’est un phénomène mondial, ce n’est pas le président Biya qui va lutter contre ça. Si les gens disent qu’ils craignent Dieu ils doivent aussi voir cet aspect. L’Eglise aussi a son rôle mais elle a échoué parce que même les hommes d’Eglise sont devenus des commerçants parce qu’ils ne sensibilisent plus leurs ouailles, ils ne leur montrent pas la crainte de Dieu. Mais sur le plan politique, l’opération Epervier a buté sur quelque chose : les réseaux. M. Biya est président de la République mais il n’est pas omniscient, il n’est pas omnipotent. Si le président de la République sortait un peu de son enfermement, l’opération Epervier se porterait mieux. Ce sont les services de renseignement qui informe le président de la République d’une certaine situation. Mais comme ces services de renseignements sont corrompus, ils n’envoient au président de la République que ce qu’ils ont décidé et le président exécute en principe leur volonté. Il y a des guerres, des coups bas, on fabrique des bulletins contre tel, contre x, contre y, en son temps, c’est d’ailleurs vous les journalistes qui aviez publié cela, Remy Ze Meka qui était ministre de la Défense et Edgard Alain Mebe Ngo’o, délégué général à la sûreté nationale à l’époque, avait fabriqué un bulletin de renseignement pour tuer Abah Abah parce qu’il existait une compétition entre eux à Zoetélé (sud). Des choses comme ça ne doivent pas exister.

Est-ce à dire que toutes ces  personnes incarcérées dans le cadre de cette opération sont en réalité victimes des réseaux ?

Non, il y en a qui ont quand même volé.

Qui par exemple ?

On a quand même saisi les biens d’Abah Abah tout récemment. On a parlé de 29 immeubles…

Sauf que selon ses avocats, il ne s’agit pas d’immeubles bâtis, mais de terrains nus destinés aux exploitations agricoles qui ont été morcelés en plusieurs titres fonciers et c’est cet ensemble de titres fonciers qui constitue les immeubles d’Abah Abah

Voilà encore pourquoi je suggère à M. Biya d’avoir des contre-services de renseignement. C’est-à-dire qu’en plus des sources de renseignements officielles que sont le Sed, la Dgre et la Dgsn, le président devrait aussi avoir d’autres sources de renseignements. Je vais vous prendre un exemple simple. Si M.Tombi à Roko (actuel Sg de la fédération camerounaise de football, ndlr) est poursuivi, s’il va à la Dgsn, il donne 20 millions, il va chez le Dgre il donne 20 millions, il va au Sed, il donne, quel rapport on va faire au président ? On va lui dire que non, ce monsieur est correcte, voilà ce qu’il a fait, vous voulez que le président fasse comment ? Autre exemple, la direction des Douanes, j’ai un dossier très brûlant contre elle avec d’autres personnalités. Et il y a des preuves, moi-même j’en ai vu, malheureusement j’ai le bras court. Je regarde seulement le Ciel et je dis ‘Seigneur, Seigneur’. Il y a une responsable de la direction des Douanes qui est actionnaire dans une société privée appelée Bio-One basée à Minta (centre, ndlr) avec son mari et son enfant, c’est normal ? Et cette société a fait entrer des armes au Cameroun avec la complicité de la direction informatique de la cellule informatique de la Douane.

Etes-vous sûrs de ce que vous dites là ?

Vous savez, moi je ne suis pas journaliste, je ne dis pas les ‘on dit’, je parle des éléments que j’ai vu, que j’ai, elle est dedans. Dans cette société, le Pdg,  M.Ewodo Christophe qu’on a destitué de force, n’avait jamais demandé que ses containers ne soient pas fouillés, n’avait jamais demandé que ses containers soient traités de manière spéciale. Mais qui a pu donner cette autorisation ? Puisque le Pdg de cette société remet en cause les responsables de la police complices, la direction des Douanes et les responsables de la gendarmerie. Parce qu’il a fourni toutes les preuves qu’il faut mais personne ne bouge. Et ce monsieur a été convoqué par un responsable de la police qui lui a dit ‘je ne te parle pas en tant qu’homme en tenue, mais en tant que patriarche, démissionnes et rentres au Canada’. Avec une histoire d’armes, tu ne pousses pas l’enquête plus loin et tu t’assoies avec ces Canadiens qui ont fait entrer ces armes, ils ont les pieds croisés et ils réclament du whisky chez toi, vous avez vu ça où ? Voyez alors ce que le président pense d’elle. Qu’est ce qui a fait ce travail, c’est la corruption. Autre exemple, j’ai des preuves que j’ai pu voir moi-même comme Tombi à Roko. J’ai même beaucoup de preuves. Et je ne cache pas qui me donne ces preuves, c’est l’ancien capitaine pilote du président de la République, Feutcheu Joseph.

De Panthère de Bangangté ?

Oui. C’est un monsieur qui est honnête, j’ai causé avec ce papa, c’est un monsieur qui aime le football camerounais, c’est un monsieur qui a investi des milliards, son propre argent, dans ce football. Mais M.Tombi à Roko est réputé dans l’art d’acheter les consciences des gens. Si bien qu’aujourd’hui même, l’enquête traine. On lui a retiré le passeport, on l’a sorti de l’avion mais rien n’a progressé, il est toujours là. Le peuple a donné son point de vue dans cette histoire. Pourquoi les élections à la Fecafoot ont été renvoyées ? Parce que le peuple était prêt à marcher. J’ai assisté à 3 réunions, j’ai tous les éléments. Parce que ces jeunes m’ont appelé et m’ont dit que je suis leur porte-parole et que j’informe les aînés qu’ils vont mourir pour le pays. A Tsinga, j’ai assisté à une réunion, à Kondengui j’ai assisté à une réunion, à Anguissa, j’ai assisté à une réunion. A la réunion de Tsinga, les jeunes avaient 700 machettes, ils disaient que s’il y a les élections ils iront là-bas pour tuer. Tout le monde était contre Tombi. Vous pensez que tout une foule peut refuser quelque chose s’il n y a rien ? si on manipule les grands vous n’allez quand même pas dire qu’on manipule aussi le bas peuple, ils voient quand même, j’étais au Djeuga Palace, à une réunion avec Feutcheu et son ami Messanga Nyamding qui est un vrai Biyaiste que j’aime d’ailleurs beaucoup. Au sortir de cette réunion, tous les jeunes qu’on appelle les nanga boko (enfants de la rue, ndlr), moi ce sont mes amis, ils sont venus vers moi en courant pour me saluer, ils ont vu Feutcheu, je ne savais même pas qu’ils le connaissaient, ils se sont mis à crier ‘  Feutcheu, Feutcheu, Feutcheu, nous ne voulons pas de Tombi’, les jeunes de la rue, je ne parle pas des intellectuels, ils ont dit qu’ils sont prêts à mourir. Qui est-ce qui informe le président de la République ? M.Feutcheu n’a pas fait quoi pour le football ? Il ne peut pas aussi être président de la Fecafoot ? On va dire qu’il est bami (bamiléké, ndlr), qu’il est illettré, c’est ça l’excuse ? Bell Joseph Antoine, qui ignore son franc-parler ? Il n’est pas footballeur ? Pourquoi il ne peut pas passer ? Parce que c’est un réseau déjà bien programmé pour 10 ans, pour 20 ans, pour 30 ans. Pour eux, si quelqu’un qui n’est pas des leurs vient, ce sera gâté. Alors, ils sont prêts à sacrifier les intérêts du pays. Mais ce que le chef de l’Etat doit savoir est que la déstabilisation du pays peut passer par le football. Ces puissances tapies dans l’ombre qui veulent déstabiliser le Cameroun peuvent passer par le football et c’est ce qu’ils ont voulu faire. Quand je vous dis qu’à Tsinga il y avait 700 machettes, à Kondengui il y avait combien ? À Anguissa, il y avait combien ? S’il était 3 000 avec autant de machettes et que la police devait tirer sur eux, vous imaginez ce que ça peut faire ? Où sont les agents de renseignement, qu’est ce qu’ils font ? Ils ont dans des bureaux climatisés, les salons rembourrés, ils couchent avec les femmes nuit et jour. Ils sont même hédonistes, c’est-à-dire que le but principal de leur vie c’est le plaisir. Comment ils auront l’esprit sobre pour travailler ?

Que faut-il faire alors pour remédier à la situation ? 

Quand Fochivé était en vie, quand il travaillait pour le renseignement, qui n’avaient pas son numéro de téléphone ?  Fochivé ne recevait pas qui ? il était fort parce qu’il recevait tout le monde. Mais vous allez voir que lorsque vous appelez un patron de renseignement au téléphone, si vous le faites à 8h on vous demande de rappeler à 14 h, pourtant de 8h à 14h tout peut basculer pour un pays. Quand tu rappelles, on te fait savoir qu’il est occupé. Les personnes les plus accessibles dans ce pays devait être les chefs des services de renseignements, c’est-à-dire Mbarga Nguele (patron de la police, ndlr), le Sed (patron de la gendarmerie, ndlr), Eko Maxime (patron des services secrets, ndlr) et le ministre de la Défense. Mais ils sont devenus comme des chefs d’Etat, il faut remplir l’audience pour les rencontrer. Et le temps est compté. Quand tu es avec telle personnalité il te fait comprendre que vous avez une heure ou 30 mn. Et pendant que vous parlez, il répond au téléphone à gauche, il répond au téléphone à droite. Mais bon Dieu c’est pour aller où ? On a donc besoin des gens qui ont le profil, qui ont le Cv

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