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© Source : France24
- 05 Feb 2015 01:13:39
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CAMEROUN :: Premiers témoignages d’une attaque sanglante de Boko Haram à Fotokol :: CAMEROON
Mercredi matin, des combattants de Boko Haram ont attaqué la ville camerounaise de Fotokol, à la frontière avec le Nigeria, avant d’être repoussés par les soldats camerounais et tchadiens. Une attaque sanglante dont témoignent nos Observateurs sur place.
Partis de villages nigérians frontaliers avec le Cameroun, les islamistes de Boko Haram ont attaqué Fotokol vers 5h du matin, mercredi 4 février. Ils sont entrés dans les mosquées et les maisons de la ville, tuant de nombreux civils, bien que le bilan exact demeure incertain. Ils ont également incendié la grande mosquée de la ville et plusieurs maisons.
L’armée tchadienne était présente depuis plusieurs jours à Fotokol. Mais mardi, elle s’était lancée dans une offensive terrestre dans la ville nigériane de Gamboru, de l’autre côté de la frontière, afin de chasser les combattants de Boko Haram se trouvant sur place. Seuls des soldats camerounais étaient donc restés à Fotokol. Une opportunité saisie par Boko Haram pour contre-attaquer.
Mercredi matin, vers 7h, les soldats tchadiens ont donc dû retraverser la frontière afin de prêter main forte aux soldats camerounais, face aux assaillants. Avec des militaires de l’armée camerounaise arrivés en renfort, ils sont parvenus à repousser les combattants islamistes, selon nos observateurs.
"J’ai vu une vingtaine de cadavres dans l’une des mosquées de la ville"
Mamadou (pseudonyme) est un habitant de Fotokol.
Vers 5h du matin, j’ai entendu des coups de feu. Des voisins ont quitté leur maison, donc j’ai fait pareil. En fait, des combattants de Boko Haram avaient attaqué au niveau de l’entrée de la ville, là où se trouve le pont qui sépare Fotokol de Gamboru. J’habite de l’autre côté de la ville, ce qui m’a permis de fuir assez facilement. Je suis allé me cacher vers la sous-préfecture, qui se trouve à un kilomètre de ma maison environ. Puis je suis revenu chez moi vers 10h, car la ville était calme à nouveau. Les soldats tchadiens, qui sont revenus ce matin, patrouillent désormais dans la ville.En fin de matinée, je suis allé me promener dans la ville. J’ai vu une vingtaine de cadavres dans l’une des mosquées. La tuerie s’est produite au moment de la première prière de la journée, vers 5h.
Je suis également passé voir mon patron, dont la maison a été incendiée. Par chance, il a pu s’en échapper avec sa famille, donc il va bien. Mais une autre maison a été incendiée à côté, où deux personnes ont été brûlées avec leurs enfants. J’ai également vu cinq voitures brûlées dans la rue.
"J’ai perdu 15 amis"
Ali (pseudonyme) habite également à Fotokol.
Ce matin, j'ai fui la ville avec ma famille lorsqu’on a entendu des coups de feu, avant de retourner sur place quatre heures plus tard environ. À notre retour, on s'est arrêtés à l’hôpital, où on a vu des cadavres et des blessés. On a ensuite fait un tour en ville, où on a également vu des corps sans vie dans la rue. Moi-même, j’ai perdu 15 amis, d’anciens camarades de classe que je connaissais très bien.
Actuellement, il n’y a plus grandmonde dans la ville, tout le monde a fui dans des villages voisins. Il n’y a plus d’eau et de nourriture ici, donc je pense aller dans un autre village demain, avec ma famille, si le gouvernement n’intervient pas rapidement pour nous aider.
"Cette après-midi, des combattants de Boko Haram ont à nouveau tiré depuis la frontière qui se trouve à proximité"
Boukar (pseudonyme) travaille au sein d’une association locale militant en faveur des droits de l’Homme, à Kousséri, à une centaine de kilomètres au sud-est de Fotokol. Mercredi, il a pu recueillir les témoignages d’habitants de Fotokol.
Cette nuit, à Kousséri, on a entendu que des soldats de l’armée camerounaise quittaient la ville pour aller en renfort à Fotokol.
D’après les gens avec qui j’ai parlé au téléphone depuis ce matin, les combattants de Boko Haram sont entrés à Fotokol vêtus d’une tenue ressemblant à celle des militaires tchadiens et camerounais, donc les habitants n’ont pas tout de suite compris qu’il s’agissait de Boko Haram. Il y a eu de la confusion.
Ils seraient entrés par le nord de la ville, où il y a un camp militaire tchadien, par le sud, où se trouvent des soldats camerounais, et par l’ouest, du côté nigérian.
Les miliciens de Boko Haram ont brûlé un poste de la douane et des maisons se trouvant à côté. Ils sont passés de maison en maison et ont égorgé les gens qu’ils trouvaient sur leur chemin. Ils ont également tué des gens dans plusieurs mosquées, comme à la grande mosquée, où 35 personnes ont été assassinées [chiffre non vérifié, NDLR].
Cette après-midi, alors que tout était redevenu calme, des combattants de Boko Haram ont à nouveau tiré en direction du cimetière de Fotokol, depuis la frontière nigériane qui se trouve à proximité, alors que des corps étaient en train d’être enterrés. On parle de 370 morts et de 278 blessés [chiffres non vérifiés, NDLR].
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