YAGOUA/BOKO HARAM. Malgré le calme qui règne, les populations n’occultent pas leur peur face à la menace d’une infiltration des éléments de la secte
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CAMEROUN :: YAGOUA/BOKO HARAM. Malgré le calme qui règne, les populations n’occultent pas leur peur face à la menace d’une infiltration des éléments de la secte :: CAMEROON

Les autorités mènent la guerre contre la psychose. «J’ai vraiment peur des gens qui arrivent massivement à Yagoua au prétexte qu’ils sont en partance pour Kousseri en passant par le Tchad. Ils sont tellement nombreux que je me demande si les forces de sécurité parviennent vraiment à les identifier tous», s’inquiète Laouna, un habitant de Yagoua. Le jeune homme, la trentaine sonnée, n’est pas le seul à vivre au quotidien avec la peur au ventre. Sa crainte est partagée par toutes les populations.

Elle est d’ailleurs l’objet de toutes les conversations à Yagoua, aussi bien dans les coulisses des bureaux de l’administration que dans les chaumières. Du coup la panique est montée d’un cran chez les populations qui estiment que l’insécurité qui sévit dans les départements du Mayo-Tsanaga, du Mayo Sava et du Logone et Chari, n’est pas loin du chef-lieu du département du Mayo-Danay.

En effet, depuis l’interdiction de la circulation des biens et des personnes sur l’axe Maroua-Kousseri il y a quelques semaines, Yagoua est devenu le carrefour par lequel transitent tous les voyageurs à destination du Tchad et de Kousseri. Le débarcadère de Zebé est devenu le point de convergence des centaines des personnes en partance pour le Tchad ou le Cameroun c’est selon, arrivent et parfois avec des gros bagages. 

Malgré les contrôles auxquels ils sont soumis au niveau du premier check-point par les services de l’immigration de la police, nombreux sont ceux qui parviennent à tromper la vigilance des policiers. 

Selon le responsable du débarcadère de Zebé, environs 400 à 500 personnes transitent chaque jour par Yagoua. «Les policiers et les gendarmes qui sont au poste de contrôle de Zebé ne font pas bien leur travail. Ils sont plus portés sur l’argent que sur la sécurité des populations.Sinon comment comprendre que des suspects échappent à leurs contrôles pour être rattrapés en ville par d’autres forces de défense», fulmine un riverain.

Conscient du danger permanent que peut créer le flux des populations qui transitent par Yagoua, les autorités administratives, les forces de maintien de l’ordre et les chefs traditionnels ont dû réajuster leur stratégie de renseignement et des contrôles.

«Nous avons entrepris de rassurer les populations en les sécurisant, ainsi que leurs biens. Cela est fait à travers des patrouilles nocturnes et le bouclage des quartiers réputés abriter les personnes suspectes. 

Au cours de ces patrouilles, on découvre toujours beaucoup de personnes qui n’ont pas l’identité camerounaise. Pour se rassurer, toutes ces personnes sont envoyées au commandement militaire pour exploitation», indique Simon Kwenti Ndoh, préfet du département du Mayo-Danay.

Le lamido de Yagoua lui aussi joue sa partition dans le combat contre les extrémistes de Boko haram. «Quand on m’informe qu’un responsable d’un quartier, ou qu’une personne a reçu des étrangers chez lui, ou que des personnes sont arrivées chez un marabout, j’appelle tous ces gens pour me faire la liste de leurs visiteurs. Je leur dis que ce qui se passe ailleurs, doit être un événement qu’on entend seulement à la radio ou regarde à la télévision. Dans mon territoire je ne veux pas le désordre. Et tous m’écoutent», se réjouis sa majesté Litassou Makaïni. Ici, le ton est donné par le préfet Simon Kwenti Ndoh.

En tant que garant de la sécurité des biens et des personnes de son ressort de commandement, a lancé un mot d’ordre à l’endroit de ses administrés pour que chacun puisse s’impliquer activement à son niveau à la dénonciation des visages inconnus dans la ville. 

Premier résultat : grâce aux informations fournies par les populations, une tentative d’enlèvement a été déjouée dans le canton de Guirvidig il y a quelques jours par les éléments du Bir. C’est d’ailleurs dans cette localité que 104 membres de Boko Haram dont 84 enfants ont été interpellés au cours d’une opération militaire le 20 décembre
2014. Guirvidig du fait de sa proximité avec le parc de Waza, est devenu aujourd’hui l’une des localités les mieux sécurisées du département du Mayo-Danay. Les militaires déployés dans cette zone ont reçu des consignes précises de ratisser large afin de contrer toute velléité des terroristes.

© L'Oeil du Sahel : JEAN AREGUEMA

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