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© Camer.be : Flore Honga
- 24 Jan 2015 13:55:01
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Didier Djoumessi, "CIM n’est pas une association camerounaise appartenant à Djoumessi et à son club d’amis" :: CAMEROON
“CIM n’est pas une association camerounaise appartenant à Djoumessi et à son club d’amis. Nous ne pouvons pas travailler pour une structure allemande avec la mentalité camerounaise”
Didier Djoumessi est un jeune camerounais, qui a accepté le défi de rentrer au Cameroun après des études en Sciences politiques en Allemagne. Aujourd’hui à la tête d’une structure qui facilite la réinsertion professionnelle des camerounais d’Allemagne, il revient sur les incompréhensions qui semblent jeter le doute sur ladite structure.
Didier Djoumessi bonjour, parlez-nous de la structure que vous dirigez au Cameroun.
Le centre pour la migration et le développement international (CIM) est une opération conjointe entre la Giz, (agence internationale de la coopération allemande) et le bureau national de l’emploi allemand. L’objectif principal de CIM est de contribuer au transfert des compétences, entre ceux qui ont étudié en Allemagne et leur pays. Aussi, les camerounais ayant étudié ou travaillé en Allemagne et intéressés à ramener leurs connaissances au Cameroun, reçoivent notre soutien. Au Cameroun, le programme de migration pour le développement a trois composantes. La première, est la facilitation du retour des camerounais ayant étudié ou travaillé en Allemagne. C’est à dire, les soutenir, les accompagner, au moment où ils décident d’apporter les compétence acquises en Allemagne au pays, en les aidant à trouver le travail ici. Ils bénéficient donc des subventions salariales, qui leur permettent pendant la période de leur intégration (deux à trois ans), de ne pas se plaindre des salaires, relativement bas au Cameroun. Etant donné que nous sommes conscients du fait que tout le monde ne peut pas trouver du travail, que ce n’est pas tout le monde qui veut travailler pour les autres, il y a cette autre composante qui facilite la création d’entreprises par les camerounais formés en Allemagne. Cette deuxième catégorie, bénéficie d’un accompagnement à partir de l’Allemagne, via les séminaires qui les préparent à faire un bon business plan. Au niveau du Cameroun, Nous les aidons à avoir des contacts avec des institutions financières, avec d’autres camerounais qui ont été formés en Allemagne et ont déjà des entreprises ici. La troisième composante, concerne les camerounais qui ne prévoient pas leur retour dans l’immédiat. Mais qui peuvent contribuer au développement du Cameroun.
Sont-ils nombreux les Camerounais d’Allemagne qui désirent rentrer au bercail?
Disons que le nombre de camerounais qui partent est nettement plus élevé que le nombre de camerounais qui rentrent. Surtout, que l’Allemagne a besoin de certaines compétences. Notamment des ingénieurs. Et, c’est sur ce domaine que la plupart des camerounais sont formés en Allemagne. Toutefois, on constate de plus en plus, que les camerounais sont intéressés par le retour au bercail. Certains ont abandonné le travail en Allemagne pour travailler au Cameroun, où se présentent de plus en plus d’opportunités.
Quelles sont les procédures à suivre, pour obtenir un emploi ou un financement de CIM?
Les camerounais qui veulent rentrer au Cameroun, s’inscrivent sur notre plate forme ( online), gérée par nos collègues en Allemagne. Les dossiers ou les CV sont premièrement envoyés en Allemagne. Quand nous collectons les offres au niveau du Cameroun, nous les publions sur notre plateforme et nous les envoyons parallèlement en Allemagne dans un mailing liste constitué, de toutes les adresses des personnes souhaitant travailler au Cameroun. Les postes sont ensuite publiés sur le site. Mais sachant que le site peut ne pas être visité dans les délais impartis, nous envoyons ces offres par mail.
Et à ce sujet, Camer.be nous a récemment contacté, pour nous faire part des plaintes de certains lecteurs, concernant le moment où ils reçoivent l’offre et la date limite d’envoi des dossiers. Vous êtes au Cameroun avec moi, vous savez que la publication des postes se fait 7 à 10 à jours, quand on consent à les publier.
D’où les récriminations des certains camerounais vivant en Allemagne, qui pensent que vous vous servez de votre position pour réserver les offres d'emploi juteuses à vos amis.
Premièrement, ce n’est pas nous qui recrutons. Nous ne sommes qu’une plateforme qui vous met en contact direct avec l’employeur. Deuxièmement, ce n’est pas CIM, mais, l’employeur qui choisit qui va travailler avec lui. Nous captons seulement les offres d’emplois et facilitons les démarches. D’autre part, ceux qui ont trouvé un emploi par eux même depuis l’Allemagne, peuvent venir vers nous. En ce moment, nous les soutenons dans la mesure du possible. D’ailleurs la majorité des personnes que nous finançons, ont trouvé elles-mêmes leur emploi. C’est dommage que nos compatriotes pensent que ne nous pouvons pas travailler dans la transparence. Mais, sachez que nos patrons sont regardant sur la manière dont les choses sont faites. Nous ne pouvons pas travailler pour une structure allemande avec la mentalité camerounaise. Pour l'entrepreneuriat, ce sont mes collègues en Allemagne qui captent les gens pour les séminaires. Moi je viens juste présenter l’état de l’Economie du Cameroun. Donc, ce n’est pas nous au Cameroun qui choisissons qui sera partie prenante ou pas dans un séminaire . Pour ce qui concerne les projets, quand vous envoyez un projet, il est accepté ou rejeté selon les critères de la structure qui finance. L’institution qui finance les projets a ses critères, et c’est sur la base de ces critères que votre projet sera accepté ou rejeté. En plus d’être bien écrit, on voudrait voir quelle est la contribution d'un projet au développement de notre pays.
Que répondez-vous à ceux de vos compatriotes qui disent que CIM fonctionnerait comme un club où les personnes d’une certaine région ou une certaine idéologie sont privilégiées?
On voudrait associer CIM aux individus. Non! CIM est une institution. Et le travail de CIM est hautement apprécié. Le challenge camerounais, qui est l’événement le plus relevé des camerounais d’Allemagne, est sponsorisé chaque année par CIM. Et pas avec des petites sommes. Nous sommes droits dans nos bottes, si un projet est bon , nous le finançons, s’il est mauvais, nous le rejetons. Ce n’est pas une association camerounaise appartenant à Djoumessi et son club d’amis. Vous avez affaire à une institution où règne la transparence.
Dites-nous de manière globale comment fonctionne cette structure au quotidien
A CIM, les responsabilités sont diversifiées. Nous avons nos collègues au niveau du siège en Allemagne, d’autres collègues au Cameroun et dans d’autres pays. Les initiatives sont prise depuis l’Allemagne dans la majorité des cas.Tandis que nous du Cameroun, sommes chargés de veiller sur le terrain pour qu’il n’y ait pas d'abus. Nous allons prendre les offres d’emploi chez les employeurs que nous publions. Nous aidons les associations qui ont des projets et n’ont pas de partenaires locaux, à en trouver sur place.
A propos de projets, quel type de projet financez-vous?
Nous finançons tout projet pouvant contribuer au développement du Cameroun d’une manière ou d’une autre. Çà peut être un projet sur l’amélioration des conditions de travail dans les hôpitaux, un projet sur la construction des salles de classe dans une école, un projet sur la construction d’un point ou encore sur les énergies renouvelables. Bref des projets pouvant permettre l’amélioration de conditions de vie des citoyens. Depuis 2011, nous avons déjà financé près de 16 projets dans plusieurs régions du Cameroun.
Est-ce que le financement de ces projets n’est alloué qu’aux Camerounais vivant en Allemagne?
Nous traitons exclusivement les projets des associations des Camerounais d’Allemagne. La seule chose que nous leur demandons, c’est de le faire avec un partenaire local. Çà peut être une ONG locale, ou une association locale. Parce que vous ne pouvez pas vivre en Allemagne et suivre un projet au Cameroun, même si vous voyagez tout le temps, vous allez nécessairement avoir besoin d’un partenaire local qui va vous permettre mieux de suivre votre projet. S'il y a une association camerounaise basée en Allemagne qui veut faire, qui un point d’eau, qui une école, ou un hôpital, dans une localité quelconque au Cameroun, dans une zone rurale ou urbaine, nous contribuons à la moitié du coût total du financement de ce projet. Notre plafond pouvant aller jusqu’à 50 000 Euros. Mais, pour les projets innovateurs, les projets d’une certaine envergure, nous sommes prêts à aller un peu plus loin.
Parlons maintenant de vous, de votre expérience depuis votre retour au Cameroun.
Je suis Didier Djoumessi. J’ai fait mes études en Allemagne dans la ville de Cologne. Je suis rentré au Cameroun en février 2009. Et depuis ce temps je travaille avec CIM. A mon arrivée en Allemagne fin 98, j’ai compris que l’Allemagne est une société très avancée, où on pouvait apprendre des choses et ramener chez soi. C'est pourquoi, après l'obtention de mon Doctorat en Sciences politiques, j’ai décidé de rentrer chez moi. Je ne voyais plus la nécessité pour moi de rester en Allemagne, alors que je pouvais contribuer au développement de mon pays. Et surtout que je rentre pour travailler dans un projet comme celui-ci, qui peut faciliter le retour de plusieurs autres camerounais, désireux de travailler dans les entreprises ou dans les organisations . Faciliter la tâche à ceux qui veulent créer leur entreprise au Cameroun en les accompagnant de l’Allemagne au Cameroun, avant et après la mise sur pied de leur idée. Et enfin,permettre aux associations de la diaspora, de contribuer au développement du Cameroun, à travers les projets dans les localités de leur choix.
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