-
© Le Jour : Aziz Salatou
- 22 Jan 2015 08:11:11
- |
- 2765
- |
CAMEROUN :: Boko Haram : La presse tenue à l’écart des opérations :: CAMEROON
Comme conséquence prévisible, la lutte que mène le Cameroun contre la secte depuis quelques mois est mal connue des populations.
Pourquoi ne se mobilise-t-on pas contre cette secte qui a fait près de 13 000 morts autant que l’a fait la « communauté internationale » contre les frères Chouaki après l’attentat du 07 janvier dernier contre des journalistes de l’hebdomadaire Charlie Hebdo ? Qu’ont fait les dirigeants occidentaux pour que 4 millions de personnes et une cinquantaine de chefs d’Etat participent à la marche républicaine qui s’en est suivie ? L’affaire fait grand bruit, des voix s’élèvent pour s’indigner. Notre confrère Mutations fustige la diplomatie camerounaise.
Le quotidien français Libération parle d’une guerre cachée. Une constante ressort des nombreuses observations. La lutte menée par le Cameroun contre la nébuleuse Boko Haram est très peu connue. « On se serait attendu à ce que Paul Biya, le promoteur de cette lutte, se rende à l’Extrême-Nord où il a envoyé des centaines de soldats combattre. Il devait aller rendre visite au front pour remonter le moral des troupes, cela aurait eu le mérite de mobiliser davantage la nation et les sympathies à l’international », pense un observateur. De nombreux autres se plaignent de ne pas savoir ce qui se passe au front.
Pourtant, au début des affrontements contre la secte, la division de la communication du ministère de la Défense était résolue à tout expliquer aux Camerounais. Souvent on voyait l’officier qui la commande intervenir dans les médias, parfois de façon inopinée. C’était inédit. Il y avait alors eu une relative adhésion des populations à la cause. Voyant cet engouement des Camerounais, les militaires ont associé la presse à leur engagement au front. Pour eux, la contribution des médias représentait 20% des ingrédients de la victoire.
Selon des critères propres à ces soldats, ils ont approché certains médias qu’ils se promettaient d’édifier sur le fonctionnement de l’armée en organisant des visites dans certaines structures jusqu’ici mystérieuses pour les civils. Ils ont classé les journalistes en trois catégories : la presse institutionnelle (médias gouvernementaux et certains autres qui sont très proches), la presse internationale et les journalistes «d’investigation».
Une première visite de presse a été organisée au front. Selon les explications des militaires, ils voulaient faire du « journalisme embarqué » comme le fit en 2003 le général américain David Petraus, commandant des troupes lors de la 2ème guerre d’Irak. Celui-ci avait remarqué que lors de la 1ère guerre d’Irak, les journalistes de la chaîne qatarie avaient dénaturé une descente des militaires américains dans un hôpital. L’effet avait été dévastateur parce que les soldats avaient été perçus comme une armée d’occupation.
La sélection
La première expérience du journalisme embarqué au Cameroun s’est déroulée quelques jours après la première victoire de l’armée camerounaise à Dabanga en fin mai 2014. Les militaires se sont montrés disposés à fournir toutes les explications. Ils voulaient néanmoins encadrer les journalistes. Ceux qu’ils appelaient «journalistes d’investigation » étaient surveillés comme du lait sur le feu. Ils avaient mis l’accent sur la déshérence des populations et les dysfonctionnements dans le commandement des troupes. Les comptes-rendus de la visite furent relayés par les médias, chacun en fonction de sa ligne éditoriale. Une deuxième visite au front fut organisée.
Cette fois, les «journalistes d’investigation» en furent exclus. La télévision et la radio nationale, embarquées dans une patrouille du Bir réalisèrent une vingtaine de reportages. Presque tous ne furent jamais diffusés. Une autre visite, ouverte uniquement aux chaines de télévision étrangères eut plus de chance, raconte-t-on. Désormais, les téléspectateurs notamment peuvent voir des officiers de l’armée en uniformes, intervenant sur les plateaux de télévision pour leur donner des informations sur le déroulement de la vie au front. Les intervenants sont tous brillants mais peu loquaces.
Toutefois, le public s’est habitué à entendre des répliques du genre «Je ne suis pas autorisé à vous le révéler ». Quand il n’écoute pas ces interventions, le public se contente des communiqués du ministre de la Communication, toujours accueillis avec beaucoup de suspicion. Heureusement, quelques journalistes se sont organisés, en dépit des menaces qui leurs sont faites par certains officiels, pour traiter l’information en évitant que leur collecte soit orientée. Mais là aussi, ils sont heurtés au mutisme des sources officielles, notamment les autorités administratives, pourtant au départ disposées à collaborer.
Lire aussi dans la rubrique SOCIETE
Les + récents
Le maire Luc Messi Atangana ordonne le déménagement des commerçants vers le nouveau marché Mokolo
Assassinat de Félix Roland Moumié:L’IMPORTANCE DE L’APPROPRIATION DE LA MEMOIRE HISTORIQUE DU PEUPLE
Drame au Lycée Bilingue de Deido : Une élève de 6e décède dans des circonstances mystérieuses
Pierre Achille WEBO obtient la prestigieuse UEFA Pro Licence
Affaire Balthazar : 23 Signes d’Infidélité Féminine et Inversion des Valeurs Sociales
SOCIETE :: les + lus
26 élèves surpris en train de tourner un film osé à Bafoussam
- 30 April 2015
- /
- 991516
Brenda biya sème la terreur en boîte de nuit à Yaoundé
- 15 July 2015
- /
- 530552
Menacée de mort par sa famille car elle est lesbienne
- 03 March 2016
- /
- 414078
Oyom-Abang : une femme marche nue à Yaoundé VII
- 09 July 2015
- /
- 378888
LE DéBAT
Afrique : Quel droit à l'image pour les défunts au Cameroun ?
- 17 December 2017
- /
- 182496