Journaliste et originaire de la région de l'Extrême-Nord du pays, David Wanedam raconte comment les djihadistes ont semé la terreur et l'horreur dans la région.

De violents affrontements opposaient mardi l'armée camerounaise à des islamistes armés de Boko Haram, au moment même où une réunion internationale se tenait au Niger contre la montée en puissance du groupe islamiste considérée comme une sérieuse menace par les pays voisins du Nigeria. En fin de journée, des hommes armés de Boko Haram ont attaqué la localité de Bondéri, dans la région de l'Extrême-Nord au Cameroun, frontalière du Nigeria. "Les combats sont très rudes", a déclaré à l'AFP une source sécuritaire.

Une autre attaque avait été menée dans la région ce dimanche au cours de laquelle plusieurs dizaines de personnes ont été enlevées, dont une vingtaine libérées à la suite d'une opération de l'armée camerounaise. Depuis le week-end dernier, l'armée tchadienne se déploie également dans la zone.

"La psychose est partout"

Contacté par Skype - la connexion internet n'est pas excellente dans cette région -, David Wanedam, journaliste et originaire de la région de l'Extrême-Nord au Cameroun, raconte les témoignages d'horreur qu'il a pu rapporter de ses reportages dans cette zone de conflit. "La psychose est partout, on ne sait plus qui est qui. Personne n'ose désormais prononcer le nom de Boko Haram." Les attaques ont touché d'ailleurs sa propre famille. "Une partie d'entre eux habitaient à Maltam. Mais ils ont dû fuir pour se réfugier à Yagoua. C'est une mère et ses deux enfants. Mais l'époux, lui, a disparu." Aujourd'hui, il pointe du doigt les faiblesses de l'armée et juge l'État camerounais responsable de l'enrôlement dans les rangs de Boko Haram de certains jeunes du Nord, désoeuvrés, sans avenir, et sans emploi.

REGARDEZ l'interview de David Wanedam, journaliste pour l'hebdomadaire L'Oeil du Sahel :

Lors de cette interview, David Wanedam soutient que l'armée camerounaise doit aussi faire face à des "difficultés de mobilité" dans sa lutte contre Boko Haram. En cause : des infrastructures et des routes en mauvais état qui handicapent fortement les déplacements des troupes en cas d'attaques.

Pour autant, sur la page Facebook de l'hebdomadaire pour lequel le journaliste travaille, on peut voir une vidéo dans laquelle des militaires camerounais, confiants et sûrs d'eux, menacent les terroristes de Boko Haram. L'un des soldats, dont le visage a été flouté pour des raisons de sécurité, affirme : "Je m'adresse particulièrement à tous les Boko Haram qui opèrent sur toute l'étendue du Logone-et-Chari (département de l'Extrême-Nord du Cameroun, NDLR). Laissez-moi vous dire que nous sommes prêts à tout moment. Rester sur le terrain ne veut pas dire que vous avez gagné. Nous allons vous atteindre, quelle que soit votre façon d'opérer." Un autre soldat conclut : "Nous, on va les brûler. Maintenant, on va les chasser parce qu'ils ont violé le territoire. Là maintenant, je prépare les avions de chasse pour brûler tous ces Boko Haram !"

REGARDEZ la vidéo des soldats de l'armée camerounaise :