Le sultan roi des Bamoun a procédé au toilettage au sein de la communauté Bamoun du Mfoundi en déposant celui qui était jusque-là son chef. Pochintouo Issah ! Voilà celui qui présidera désormais aux destinées de la communauté Bamoun du Mfoundi et environs. C’est le résultat d’une importante décision du sultan roi des Bamoun prise en début de ce mois de décembre.

Le colonel à la retraite qui prend le gouvernail de cette communauté est présenté comme un homme de consensus, pondéré, calme et respectueux de ses interlocuteurs. Tout le contraire de son prédécesseur à ce poste qui était connu pour ses déclarations orgueilleuses, hautaines, et condescendantes. On lui reprochait de regarder tout le monde avec dédain du haut de son piédestal.

Aux dires de certains, il se considérait comme intouchable et gérait sa communauté d’une main de fer. Résultat de course: la diaspora de Yaoundé est devenue le terreau par excellence de tous les coups bas, des luttes de positionnement, de querelles byzantines où les élites, zélateurs par excellence, passent le clair de leur temps à s’étriper, à se calomnier et se diffamer à cœur joie. Il fallait mettre fin à tout cela.

Raison d’un limogeage

Selon certaines sources anonymes, la déchéance de Njipendi Marcel, ancien arbitre international et ami de longues date du roi, viendrait du dossier brulant du quartier Nsimeyong. Un rocambolesque feuilleton qui a duré au moins 5 ans avec à l’origine une décision d’humeur, autoritaire voire dictatoriale du chef de la communauté Bamoun du Mfoundi d’alors, Nji Njipendi Marcel, destituant Monsieur Ngbetnkom Njoya Adamou de ses fonctions de chef du quartier. Motif pris de ce que celuici s’obstinait à lui faire allégeance et à répondre présent aux rencontres baptisées ‘ Munjumdù’ par lui initiées à l’intention de tous les chefs des quartiers de Yaoundé.

Supportant manifestement mal la condescendance et l’autoritarisme de Nji Njipendi, l’ancien nouveau chef de Nsimeyong, s’est vu destitué de ses fonctions au profit d’un certain Njoya Ibrahim qui semblait avoir le profil de l’emploi. Pourtant, le chef déchu jouissait d’une légitimité populaire dans son quartier. Conséquence, les populations ont pris cette nouvelle comme une pilule amère à avaler. Le dimanche 30 novembre 2014, le sultan roi des Bamoun à la tête d’une forte délégation est descendu à Nsimeyong.

Après moult tractations, aucun compromis n’a été trouvé. Les populations exigeant inconditionnellement le rétablissement de Monsieur Ngbetnkom Njoya Adamou à son poste de chef. Devant cet état de chose le roi a fait recours à la voie des urnes pour départager les deux prétendants. Ngbetnkom Njoya Adamou est définitivement élu et installé à ses nouvelles fonctions. D’aucuns disent que Njipendi Marcel aurait menacé de démissionner après ce revers quelques jours avant son limogeage.

Défis à relever
Passée l’euphorie de la confiance royale, la nouvelle équipe devrait comprendre qu’elle n’a pas d’état de grâce, car les défis à relever sont nombreux. Ils se résument en la nécessité de construire l’unité, l’entraide dans cette communauté où les égocentrismes exacerbés ont pris corps et sont congénitaux.

La communauté Bamoun ne dispose par exemple pas d’une salle de fête, encore moins d’un foyer culturel. Les gens n’y tiennent plus le même langage car on y prend plaisir à s’étriper à cœur joie dans l’optique de contrôler les strapontins. Tout un chantier donc à construire. Il devra compter sur les hommes expérimentés placés à ses côtés comme adjoints. Il s’agit de ceux dont le sultan a refusé leur lettre de démission : Nji Mbombo Ali, Ngouloure Mouliom Adalbert, Dr Matapit Issofa, Mounjoutouyi David et ceux nouvellement promus : Njimoluh Moussa, Bùtwouo Yacouba et Nchinmoun Salomon. Les maçons sont attendus au pied du mur.