Cameroun - Lutte contre Boko Haram: Faut-il faire confiance au président Idriss Deby ?
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Ballet diplomatique au palais présidentiel Rose de Ndjamena , au Tchad, que celui qui a eu lieu mercredi dernier 14 janvier 2015. Deux émissaires nigérian et camerounais, respectivement, Hassan Tukur, secrétaire particulier et envoyé spécial du président nigérian Goodluck Ebelé Jonathan d´abord, puis Edgard Alain Mebe Ngo’o, ministre camerounais de la défense et envoyé spécial du président Paul Biya en fin de matinée, ont séparément été reçus par le Président tchadien Idriss Deby Itno aux fins de négocier "la mutualisation des forces contre la nébuleuse Boko Haram". Mais une question se pose : faut-il faire confiance au président Idriss Déby Itno accusé á plusieurs reprises de « collusion « avec la secte Boko Haram?

"La terreur doit maintenant changer de camp"

Reçus séparément aux premières heures de la matinée de mercredi 14 janvier 2015 au palais rose de Ndjamena par le président Idriss Déby Itno, les deux émissaires camerounais et nigérians ont évoqué avec ce dernier les menaces sécuritaires que fait peser la secte Boko Haram sur leurs deux pays et son embrasement sur les autres pays riverains du Lac Tchad. Ils ont réclamé et acquis l’implication du Tchad pour contrer la menace du groupe islamiste qui a entraîné la fuite de plusieurs milliers de civils vers les pays limitrophes.

"Le gouvernement tchadien exprime sa solidarité avec le Cameroun et est disposé à lui apporter un soutien actif dans la riposte courageuse et déterminée de ses forces armées aux actes criminels et terroristes de Boko Haram " a déclaré Hassan Sylla, porte-parole du gouvernement tchadien á l´issue de l´audience accordée par le président tchadien Idriss Deby Itno á la forte délégation camerounaise conduite par le ministre de la défense Alain Edgard Mebe Ngo’o.
Inquiétudes

« Face à cette situation qui menace dangereusement la sécurité et la stabilité du Tchad et porte atteinte à ses intérêts vitaux, le gouvernement tchadien ne saurait rester les bras croisés », indique le communiqué, publié par le gouvernement tchadien. Sauf qu´après avoir suivi ces propos, l´on est en droit de se demander pourquoi ce revirement ? Est-ce  maintenant que le Tchad se rend compte que ses intérêts sont menacés? Pourquoi accepte-t-il enfin de se jeter dans cette bataille qui se déroule depuis des mois sur ses propres frontières?

Pour  certains spécialistes, le silence prolongé du Tchad commençait á devenir inquiétant et  devenait même trop suspect. Et la preuve de cette suspicion est apportée par le Soudan en novembre 2014 avec l´arrestation sur son sol de Mahamat Bichara Gnorti, un marchand d´armes tchadien et homme de main du président tchadien, en possession d´un ordre de mission signé de ce dernier qui avait pour but  de convoyer 19 missiles anti-aériens Sam7 pour le compte des terroristes de Boko Haram en action au Nigéria.

Une affaire qui fit bondir de son fauteuil le président nigérian et qui, avant d´embarquer pour Ndjamena, déclarait en substance " être choqué par cette histoire (…) aucun président ne saurait prendre un cas pareil à la légère, d’autant plus qu’un camarade président - sur lequel il avait toujours compté sur la collaboration régionale pour mettre fin au calvaire nigérian – est  mis en cause".

Contrairement au Nigéria, cette affaire ne fit pas grand bruit dans la presse locale camerounaise, mais surement, fut prise au sérieux par les autorités en charge des questions militaires et de sécurité au pays du président Paul Biya. Toujours est-il que l´affaire continue toujours de pourrir les relations entre le Tchad et le Soudan et pourrait entrainer la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays. Du moins, c´est qu´ excipe le général tchadien Mahamat Déliyo: « Si vous refusez de libérer ce monsieur qui détient une autorisation présidentielle de son pays, je vous apprends que mon président m’a donné pour consigne de vous notifier que le Tchad va rappeler son consul en poste à El-Jeneina et chasser celui du Soudan à N’Djamena. Ce qui pourrait même aboutir à une rupture de nos relations internationales».

Le maintien de Mahamat Bichara Gnorti dans les prisons soudanaises, dit-on dans les milieux tchadiens, aurait fait perdre le sommeil au président tchadien qui sait très bien que "c’est là un témoin absolument encombrant" et une "preuve irréfutable de sa relation incestueuse avec les « islamistes » criminels nigérians.

Puisqu´en politique, dit-on, il n´y a pas d´amis, il n´ya que des intérêts, alors devrait-on penser que c´est le fait de l´échec du deal entre le Tchad et la secte Boko Haram, c´est à dire la non livraison des missiles sam7 , qui fait subitement dire au Tchad que ses intérêts sont maintenant menacés au point d´accepter de se jeter dans la bataille contre Boko Haram et même de demander "le soutien de tous les États de la sous-région, en particulier les États membres de la CEEAC (Communauté économique des États de l’Afrique centrale)" car dit-il « C’est l’occasion pour les États de traduire clairement et dans les actes, la solidarité maintes fois évoquée dans les discours" ?

Aude-là, est-ce la raison pour laquelle le Tchad «  exhorte la communauté internationale (…) à des actions concrètes et conséquentes en faveur du Cameroun et de tous les Etats riverains du lac Tchad, en vue d’éradiquer ce fléau que constitue la secte Boko Haram », conclusion document final signé á l´issue de l´audience entre camerounais et tchadien?

Au demeurant, force est de reconnaitre que le Tchad est la principale force militaire dans la sous-région ;  la mutualisation des forces camerounaises, nigérianes et tchadiennes pour combattre Boko Haram a été très bien accueillie par les populations des pays concernés par cette guerre. Mais en attendant de s´impliquer effectivement sur le champ de guerre, de procéder á  une véritable opération de charme et  reconquête de  la confiance de ses pairs, ceux-ci resteront très vigilants, á l´image du président Goodluck Jonathan qui sait á quoi s´en tenir, lui qui aurait déjà obtenu des services de renseignements soudanais les premiers aveux de Mahamat Bichara Gnorti. Le Cameroun probablement en fera autant. Chat échaudé ne craint-il pas  l´eau froide ?

 

© camer.be : Issa-Behalal

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