Abus d’autorité, un leader d’un collectif dans le viseur d’un juge
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Après avoir passé trois (03) et huit (08) jours en détention préventive à la Prison centrale de New-Bell et être solidairement condamné à trois (03) mois avec sursis, Jean Baptiste Bontsebe vit désormais dans la peur de se voir arrêté tous les jours et incarcéré sur ordre du procureur de la république du tribunal de première instance de Ndokoti à Douala, la capitale économique.

Cette situation qui découle des faits connus pousse à se demander qui en veut tant à ce père d’enfants dont le malheur a été d’être élu président d’un collectif qui revendique ses droits de propriété sur un terrain occupé par la plupart des membres dudit collectif.

Le rappel des faits

C’est le 03 Juin 2014 que quatre leaders d’un collectif de défense des intérêts des populations victimes des évictions dans le secteur PK 14 – PK 17 étaient écroués à la Prison Centrale de New-Bell à Douala, la capitale économique après leur interpellation la veille. Il s’agissait de BONTSEBE Jean Baptiste, 44 ans, marié et père de 04 enfants, NGADJEU Maurice, 39 ans, père de 03 enfants, Secrétaire Général de ladite association ; TAMBA Martin, 37 ans, père de 05 enfants, membre de ladite association ; NGASSA Armande, 39 ans, membre de ladite association ; respectivement Président, Secrétaire Général et membres de l’Association Groupement de Défense des Intérêts, différends individuels, socio-économiques et fonciers des habitants de PK 14 à 17. On leur reprochait entre autres délits et crimes : blessures simples, rébellion, coups et blessures simples, atteinte à la propriété foncière contre Madame Veuve Doumbe née Njoppa Antoinette et consorts. Cette arrestation avait été opérée en violation du nouveau code de procédure pénale qui, en son article 218 deuxième paragraphe de l’alinéa 1 stipule « Toutefois, un inculpé justifiant d’un domicile connu ne peut faire l’objet d’une détention provisoire qu’en cas de crime ».

Ces derniers seront maintenus en prévention jusqu’au 09 Septembre 2014, date de leur remise en liberté après une condamnation à trois mois de prison avec sursis et de lourdes amendes à payer en dépit des réserves émises par leur conseil sur des faits non établis ou difficiles à établir.

Alors que l’on croyait l’affaire close avec le verdict du Tribunal de Première Instance de Ndokoti, voilà que le 02 Octobre 2014, Olivier Ondoua, le Procureur de la République près le Tribunal de Première Instance faisait à nouveau interpeller Jean Baptiste Bontsebe pour  les mêmes motifs. Il sera gardé à vue au Groupement de Gendarmerie du Wouri pendant trois jours. Après enquête, l’Adjudant-chef Major, directeur des enquêtes à la légion de Gendarmerie du Littoral après une descente sur les lieux, fera savoir au Procureur que les faits n’étaient pas avérés. Le mis en cause ne sera remis en liberté que le 06 Octobre 2014.

Mais cet acharnement ne s’arrêtera pas là. Le 08 janvier dernier, selon des sources concordantes, Jean Baptiste Bontsebe a été « kidnappé » à son domicile par des éléments des forces de maintien de l’ordre sur ordre du Procureur de la République de Ndokoti et conduit à la Brigade Antigangs de Bonanjo d’où il devait être déféré au Parquet le 09 Janvier 2015. C’est ainsi que le futur prévenu va bénéficier d’un appui de la hiérarchie judiciaire du Littoral qui va exiger sa remise en liberté. A 20 heures de ce 08 Janvier 2015, Jean baptiste Bontsebe sera remis en liberté.

La conséquence de ces multiples arrestations

Depuis son placement en détention préventive à ce jour, Jean Baptiste Bontsebe se sent comme un animal traqué et commence déjà à s’interroger sur le crime qu’il a commis, lui qui, au demeurant ; ne veut que défendre les intérêts de paisibles citoyens qui refusent de se faire spolier leurs terres chèrement acquises pour certains ou la terre de leurs parents acquises à la sueur de leur front.

Ce qu’il n’arrive surtout pas à croire, c’est l’acharnement dont il est victime de la part du Procureur de la République de Ndokoti, ce d’autant plus que l’affaire avait été tranchée dans ledit tribunal et en sa présence.

Cet acharnement qui frise la persécution, mérite qu’on s’y attarde. Pourquoi Bontsebe est-il le seul à être traqué dans cette affaire alors qu’il ne fait que représenter un collectif ? Est-ce parce qu’il refuse de baisser les bras ou est-ce parce qu’il semble être le plus irréductible de cette association. Qu’est-ce qui peut justifier l’acharnement  du Procureur de la République : la recherche de la vérité ou la sauvegarde des intérêts inavoués ? Dans l’un et l’autre cas, l’impartialité du juge n’est-elle pas remise en question ? Y aurait-il des desseins inavoués autour de cette affaire ? Que gagne-t-on à traquer un paisible citoyen de cette manière ?

Une persécution de cette envergure a de fortes chances de perturber l’équilibre psychologique ou psychique d’un individu qui risque par la suite de voir en les forces de maintien de l’ordre, des hommes et des femmes susceptibles non plus de protéger son intégrité physique mais de la mettre en danger. Et déjà, de peur d’être victime d’une quelconque agression, il a cessé de se déplacer tout seul et marche désormais accompagné de personnes capables de dire à sa famille ce qui peut lui arriver à tout moment. En a-t-il vraiment besoin ? Est-on encore dans un pays qui garantit la liberté d’expression ou d’association ? Qu’est-ce qui peut expliquer qu’un leader d’association en soit réduit à çà ?

Peut-être aura-t-on une réponse dans les  jours à venir quand on sait que les plaintes déposées par cette association auprès des autorités administratives, judiciaires et des forces de maintien de l’ordre auront dans l’intervalle, des chances de prospérer et d’aboutir à la recherche véritable de la vérité dans cette affaire qui oppose l’Association Groupement de Défense des Intérêts, différends individuels, socio-économiques et fonciers des habitants de PK 14 à 17 à Madame Veuve Doumbe née Njoppa Antoinette et consorts.

© africa-info.org : Georges Ndenga,

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