Les Camerounais n’avaient pas grand-chose à attendre de ce discours parce que la preuve est faite depuis longtemps que le leadership de monsieur Biya est déphasé et inapproprié pour relever les enjeux auxquels nous faisons face actuellement.

Ce discours n’a contenu aucun engagement clair. Ce discours n’a présenté aucun bilan réel notamment sur un certain nombre d’engagements pris depuis 2011 et 2013. C’est la preuve que si nous voulons obtenir quelque chose de ce gouvernement en tant que Camerounais, il nous faut s’organiser, se mobiliser avant d’agir. Parce qu’aussi bien sur la question sécuritaire et de développement, il subsiste beaucoup d’insuffisances et de contradictions qui sont suffisantes pour justifier un changement de leadership à la tête de l’Etat.

Si l’on veut rentrer dans les détails, on peut constater par exemple sur l’aspect sécuritaire, que si on peut se réjouir des efforts et des victoires de nos valeureuses forces de défense et de sécurité, nous restons très loin du terme de cette guerre (contre Boko Haram, Ndlr) parce qu’aussi bien au niveau de la collaboration entre  les populations et les autorités administratives, aussi bien au niveau de la coopération entre nos forces de défense et celles des autres pays, beaucoup de travail reste à faire. Et tout n’est pas toujours fait par notre gouvernement pour que les choses aillent dans le bon sens.

Si nous regardons la question de développement économique, le président souligne en observateur, qu’il faut que nous réduisons le volume des importations d’un certain nombre de denrées en vue de réduire le déséquilibre de la balance commerciale. Ce qui est contradictoire avec la décision qu’il a prise de ratifier les Accords de partenariat économique (Ape), qui comme on le sait, impliquent le libre-échange. Toute chose qui fatalement, va compromettre notre capacité à nous industrialiser. Le président dit qu’il a un plan d’urgence de 925 milliards. Il oublie que lorsqu’il signait les accords d’étape des Ape en 2009, son ministère de l’Economie avait annoncé que cette ratification serait une chance à condition que l’économie camerounaise puisse se mettre à niveau. A l’époque il avait annoncé des chiffres de l’ordre de 2500 milliards. On ne sait pas ce qu’il est advenu de cette annonce.

On nous dit qu’il y a un bureau de mise à niveau des entreprises, on ne sait quels résultats concrets cela a eu. Sur la question sociale, le président nous dit que son plan d’urgence va construire 1000 logements sociaux à raison de 100 par région. Or, ce qu’il ne nous dit pas c’est que depuis 2009, au sein du ministère du Développement urbain (Minduh), il y a un programme national d’amélioration des conditions de vie par habitat qui s’est proposé depuis cette année-là et jusqu’en 2014, de construire 10 000 logements sociaux.

Arrivé en 2014, on a pas construit 1000 logements sociaux, et ceux qui ont été construits n’avaient rien de sociaux puisqu’ils coûtent entre 17 et 25 millions. La preuve c’est que ceux qui ont été mis sur le marché à Douala, n’ont eu aucun succès, puisque pas un Camerounais n’a pu s’offrir un logement. C’est la preuve que ce président passe le temps à nous raconter des histoires qui ne correspondent pas à la réalité.