Un double sentiment m'anime depuis la mort de l'abbé Jef : La peine mêlée de joie. On dirait que l'abbé a choisi son heure de départ. A Noël, tout le monde est dans la joie et célèbre la modestie et l'humilité de l'enfant Jésus. 

C'est bien justement en  cette période de Noël, que l'abbé a choisi de partir pour  rejoindre la maison de Dieu. Il me semble que ce précieux choix va dans la droite ligne de la liturgie de l'Eglise afin de  ne pas nous rendre tristes ni orphelins.

J’ai fait la connaissance du Père Jef, il y a plus d’une dizaine d’années alors que j’étais hospitalisé à la clinique Sainte Anne Saint Rémy d’Anderlecht. Il était aumônier dans cet hôpital  et venait dire la messe tous les dimanches pour les patients et le personnel.

Je me rappelle comme si c’était encore hier. Ce  jour-là, son homélie  avait porté sur un texte plein d’humour : le bulletin de notes de Jésus. Comme vous pouvez vous y attendre, c’est bien la vie d’un Jésus, élève paresseux dans  un collège. A la fin de la messe, je me suis rapproché de l’abbé. Je me suis présenté ensuite pour le féliciter de la manière dont il nous a édifiés par son message du bulletin de  notes de Jésus. Ainsi nous avons fait connaissance.

Tous deux, notre joie était toute grande de nous  lier d’amitié et de fraternité en Christ. Disons que c’est ce bulletin de Jésus qui sera l’acte de naissance de notre relation  qui date de plus d’une dizaine d’années. 

Dès lors, je suis devenu par  la force des choses, un  de ses  paroissiens. Et une grande confiance est aussi née dans notre relation. Il m’a offert une clef de l’église. Par ailleurs, l’abbé se donna corps et âme pour me rendre tous les services que je lui demandais personnellement et pour mes connaissances et pour les membres de ma famille : messe, baptême, mariage, etc.

Dès que je lui téléphonais, il était toujours prêt à prendre son agenda pour y noter le rendez-vous et la demande de messe. Parfois, pour mes intentions de messes quand  j’arrivais avec un petit retard  et  que la procession démarrait, l’abbé sur la pointe des pieds m’accordait toujours la possibilité de lui remettre mon bout de papier de demandes de messes. Ce service, m’a-t-il toujours dit est gratuit. Et de poursuivre : «  il n’est jamais tard pour tous de venir dans la maison de Dieu et de confier à Yahvé nos besoins en toutes circonstances, Dieu nous vient en aide dans tous les cas, il suffit  de donner le temps pour Dieu ».

Un point capital de ce témoignage, c’est ce que j’ai vu de mes yeux et vécu de près avec  le RP Jef, c’est qu’il s’efforçait de conformer  sa vie au message de l’Evangile dans la réalité quotidienne. Il m’a pris  en charge pour mon éducation et mon cheminement spirituels, m’indiquant combien de fois, Dieu qui est père nous veut petit, simple et humble.

Depuis l’hôpital, lieu d’origine de notre relation, nos liens se sont renforcés et notre amitié, a grandi ; elle s’est enracinée dans tous les sens et toutes les dimensions.
C’est ainsi que depuis quelques années déjà, l’abbé Jef est devenu de fait aumônier de la Communauté Togolaise de Belgique. C’est lui qui nous célèbre toutes les manifestations religieuses de joie comme de peine de nos membres.
L’abbé Jef était toujours prêt pour servir comme nous l’indiquent les textes de l’Evangile. Il veillait pour ne pas être surpris.  Bien que son état de santé  a été défaillant ces derniers temps, l’abbé faisait toujours l’effort d’aller nous dire nos messes demandées. La dernière messe en date est une messe des ivoiriens. Des Congolais et des Camerounais, j’en ai ramené auprès de l’abbé.
Quant à la fin de nos  célébrations, je  me fais le devoir filial de lui dire merci, il n’aimait pas trop. Il  trouvait toujours les mots justes pour me réponde :" Maurice quand tu veux, l’Eglise de la paroisse t’est toujours ouverte."
L’abbé a donné le meilleur pour rendre service à la Communauté des Togolaise en Belgique.
Nous perdons un grand homme de par son humilité et sa simplicité.
En la personne de l’abbé Jef, la Communauté Togolaise perd un père de famille, un confident, un  directeur spirituel et un ami. Que faire devant ce deuil qui nous frappe ?  Et si l’abbé était encore là que dirait-il ?
Que ferait –il ?
 
L’Abbé Jef laisse le souvenir d’un homme de foi exceptionnelle, atypique, inclassable, déconcertant, qui aura bousculé son Eglise et son temps.
C’est aussi un intellectuel passionné et résolument moderne. Il était possédé par un sentiment d’urgence pour sa mission. Intellectuel moderne et intelligence étincelante, il était présent sur tous les théâtres où se joue le sort de l’homme : la jeunesse et l’école, l’art et la culture, les médias, les prouesses des laboratoires et les promesses de la politique, le sort de l’étranger et les droits de l’homme, l’Europe. Sur tous ces sujets, il ne craignait jamais d’intervenir, tel l’apôtre, à temps et à contre temps, à la  fois disponible et libre et passionné par l’action.
 
Enfin, la grande  prière que l’abbé Jef aimait dire reprenons -la en  disant ensemble : merci Seigneur.
En de pareilles circonstances, ensuite, acceptons de prendre la vie telle qu’elle vient à nous de la part du Seigneur.
Que la terre te soit légère, très cher ami !
Prions pour l’abbé Jef afin que  toutes les valeurs et richesses dont il nous a  nourris  ici-bas, il puisse continuer à nous les dispenser de la-haut.
Prions les uns pour les autres afin que la vie  simple et remplie de beaucoup de joie et de bonheur de notre cher curé nous  serve de leçons et de modèles.
Heureux et fier  d'avoir été  ton ami, ton fils et ton parent dans le Christ Jésus ...
Bon voyage, bonne route dans la barque de Jésus !
A Dieu !