Après une fête de Noël morose, l’on s’attendait  à vivre le Nouvel An avec plus d’enthousiasme et de gaieté à Douala, la capitale économique. Mais ce ne serra probablement pas le cas.

Il est de notoriété publique qu’à Douala, quand les affaires vont bien, tout va bien.   Mais force est de reconnaitre qu’en cette fin d’année 2014, beaucoup d’espoirs des hommes d’affaires n’ont pas été satisfaits. C’est donc une fête de fin d’année en demi-teinte que s’apprêtent  à vivre les populations de la capitale économique.

Le commerce pas du tout florissant

Les fêtes de fin d’année sont l’une des occasions pour les commerçants de tous ordres, de faire « de bonnes affaires ». Tel n’a pas été le cas cette année et ils s’en plaignent. La mine renfrognée, une vendeuse de poissons au marché New-Deido a à peine répondu à nos questions. A la question de savoir pourquoi elle était triste, elle nous a répondu. « Pourquoi voulez-vous que je sois gaie quand ça ne va pas ? Souvent, un jour comme celui-ci, je vends pour au moins 50 000 FCFA. Voyez vous-même, c’est à peine si j’ai vendu la moitié de ma marchandise. Je m’étais pourtant ravitaillée en conséquence te voilà que je n’ai presque pas vendu. La semaine prochaine, les clients vont commencer à dire qu’ils n’ont pas d’argent. Je me demande ce que je vais faire des invendus ». Sa voisine, vendeuse de légumes de renchérir. « Vous vous rendez compte que ces produits sont périssables ? Si je ne réussis pas à tout vendre d’ici deux jours, je vais perdre la moitié de ma marchandise et il faudra repartir à zéro. Vous rendez-vous compte ? »

Et ils sont nombreux, les commerçants qui se retrouvent dans cette situation et qui entrevoient le mois de Janvier avec beaucoup de pessimisme. Pour tant, l’occasion faisant le larron, c’est la période où la demande est plus forte que l’offre. Mais cette année, l’on n’a pas observé la grande affluence des années antérieures. Dans les rues, la circulation est fluide et même les bouchons des jours ordinaires ne sont pas perceptibles au niveau des principales artères. « On dirait que les Camerounais deviennent de plus en plus sages !» s’exclame un moto taximan et d’enchainer « D’habitude, ils nous proposent des prix hors du commun mais depuis ce matin ils discutent les prix que nous leur proposons et certains préfèrent emprunter le taxi. A ce rythme-là, il nous sera difficile de faire la recette journalière et de subvenir aux besoins de notre foyer ».

En parcourant la ville, nous avons été surpris du silence qui y régnait. Les haut-parleurs ne diffusaient pas les traditionnels décibels capables de vous boucher les oreilles. On dirait que la plupart des propriétaires de bars n’attendent que le soir pour voir s’il y aura affluence avant de brancher leurs appareils de musique, ce qui tranche avec la tradition.

Mais ce que les Camerounais attendent le plus, c’est le traditionnel discours de fin d’année du Chef de l’Etat. Et après cela, le programme se poursuivra par une veillée de prière pour les uns et des bals dansants pour les autres.

Entre la prière et la danse

Beaucoup de chrétiens prendront d’assaut les lieux de prière ce soit pour dire merci à l’Éternel de les avoir préservés tout au long de 2015. Ceux qui ne croient ni Dieu, ni en Allah eux, préfèreront passer la nuit à danser et à boire de l’alcool dans les bars, les boîtes de nuit et autres lieux de danse circonstanciels. Chacun passera la Saint Sylvestre à sa manière et selon ses moyens. Des concerts de musique religieuse sont même programmés à divers endroits de la capitale économique et au petit matin, ce sera l’heure du bilan.

A Noël, il nous avait été signalé des cas de bagarres, d’agressions et même d’accidents mortels. Que nous réserve le Nouvel An ? Nous le saurons probablement au lendemain de la fête.

Mais ce qui attirera le plus l’attention ce soir, c’est lorsqu’à 20 heures, le Chef de l’Etat s’adressera à la Nation à travers la radio et la télévision. Au cours de ce message, le Président de la République dresse le bilan de l’année écoulée et fait part des perspectives. S’agissant de ces perspectives, les avis sont partagés. Au cours d’une discussion entre moto taximen devant un kiosque ce matin, nous avons suivi divers avis. « Il ne va rien dire de bon » laissait entendre le premier. « Il va nous annoncer de bonnes choses » a répliqué un  second tandis qu’un troisième, sûrement plus réaliste déclarait qu’« il va encore nous promettre des choses qui ne se réaliseront pas ou qui ne se réaliseront que partiellement ». Qui des trois dit vrai ? Nous ne perdons rien  à attendre. Ce n’est qu’une question d’heures !