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Emigration et Diaspora: Force ou Faiblesse pour notre Afrique? :: AFRICA

Gaston, c’est bien toi qui t’amusais à dire que si les Européens abandonnaient leur Continent aux émigrants africains et s’en allaient tout recommencer en Afrique, dix ans plus tard, l’immigration reprendrait dans l’autre sens. Inénarrable. Ah, quel man, le Kelman ! En même temps, venant d’un Africain (de la diaspora), ces paroles peuvent donner envie de pleurer. Ceci n’est pas seulement de l’autodérision ou un aveu de faiblesse, c’est reconnaître soi-même qu’on traîne avec soi une fatalité, celle qui s’apparente à la malédiction, qu’elle nous suit partout, où qu’on aille, fût-ce même au paradis. Qu’avons-nous fait au bon Dieu ! On nous dit peu travailleurs, peu dynamiques, peu volontaires, peu disposés à la réflexion, ne sachant rien entreprendre par nous-mêmes. On dit que du temps où les colons avaient besoin de main-d’œuvre dans leurs usines nouvellement créées en Afrique, ce n’était pas la grande bousculade dans les bureaux d’embauche. Du coup, ils ont eu l’inspiration d’introduire la cigarette et la bière. Depuis nous sommes accros, principalement à la bière, et nous sommes obligés de travailler dur pour gagner de l’argent, afin de satisfaire les besoins et les envies que les colons nous ont injectés dans le sang, avec leur modernité.

Afrique, mon Afrique, nous voulions notre pays, ils nous l’ont cédé ; du moins nous avons notre Président de la République, nos ministres, et même nos opposants, comme en Occident. Nous avons des terres rares, précieuses, un sous-sol riche, si riche que ce devrait être nous les patrons de la planète. Qu’est-ce qui n’a pas marché ? Pourquoi fuyons-nous ? Pourquoi bravons-nous monts et vaux, déserts, vents et marées, au mépris de notre vie, à la poursuite du vent, à la poursuite du rêve que nous vendent les marchands d’illusions, la télévision, le cinéma ? Car la réalité, la vraie, la nôtre en tout cas, c’est ce combat que nous laissons derrière nous, notre combat, pour aller mener le combat des autres. Auparavant on nous y emmenait de force, bien malgré nous : nous étions esclaves ; on nous y emmenait de force, pour aller mener le combat des autres : nous étions des « tire-ailleurs ».  Aujourd’hui nous y allons de nous-mêmes, oui, nous marcherions sur des corps sans vie pour y arriver. Pourquoi ? Parce que Francis Nganou l’a fait, « Eto'o did it », alors, oui, « yes we can ! ». Si pour un Nganou qui réussit à passer à travers les mailles du filet et tire son épingle du jeu, des centaines et peut-être des milliers d’Africains finissent au fond la Méditerranée, Nganou est-il un exemple à faire valoir au-devant de la jeunesse africaine ? « That is the question ».

Certes, il y a un transfert considérable de devises de la diaspora africaine au profit des familles restées sur le Continent. Du simple débrouillard au cadre d’entreprise, en passant par l’infirmière ou le domestique, c’est la grande solidarité ; presque tous les émigrés africains envoient de l’argent au pays. Tenons-nous-en au cas de la Côte d’Ivoire : chaque année, la diaspora ivoirienne fait un mandat colossal de 200 milliards de francs Cfa à l’adresse de leurs parents et amis restées au pays (ccme.org) ; tenez-vous bien, « La diaspora [sénégalaise] transfère chaque année environ 1500 milliards de francs CFA, soit plus que l'aide publique au développement. » (agenceecofin.com). De l’argent qui sert certainement à payer des frais d’hôpitaux, des frais de scolarité, organiser des obsèques, résoudre des problèmes urgents, redonner le sourire et améliorer des conditions de vie. Donc, oui, si on organisait un référendum à l’échelle du Continent pour demander aux Africains s’ils votent pour le retour au pays de tous les émigrés africains installés en Occident, beaucoup s’opposeraient à cette option, parce qu’ils dépendent énormément de l’aide de la diaspora. Cette assistance est cruciale pour eux, vitale, tant et si bien qu’ils n’osent pas imaginer la vie sans le mandat (mensuel) de la sœur européenne ou du cousin américain. Vu sous cet angle, c’est indéniable, l’Afrique a beaucoup à gagner de l’immigration de ses fils et filles en Occident. Plus ils et elles y vont (avec ou sans diplômes ou expertise), plus on s’attend à recevoir encore plus d’argent. Pourtant, des personnes intelligentes pensent que cet argent n’est pas à la hauteur du sacrifice.

Du temps de l’esclavage, l’Afrique a été vidée de son sang laborieux, spoliée de sa force de travail et de son génie au profit de l’Occident, qui en quelques générations s’est vue propulsée au sommet des économies mondiales. Aujourd’hui, le même processus suit son cours, à peu de choses près, avec une terminologie plus soft (entendu comme dans « soft power »). On ne parle plus d’esclavage, mais de fuite de cerveaux, de ressources humaines. Pourquoi allons-nous travailler pour les autres alors que tout est encore à faire chez nous ? Tant de milliers de médecins africains officiant dans des hôpitaux de référence en Europe, alors même qu’en Afrique nous manquons de soins de qualité. Tant d’ingénieurs, d’universitaires… Rentrons chez nous, chers frères et sœurs ! Vous y êtes allés pour apprendre à lier le bois au bois, comme disait la Grande Royale de Cheikh Hamidou Kane, revenez-nous avec le Savoir et le Savoir-faire. Il est question de transfert de technologie et non de transfert d’argent. C’est ainsi qu’ils ont réussi au Japon et en Chine, sans cesser d’être bouddhiste, sans cesser d’être eux-mêmes. Ils ont appris juste ce qu’il fallait, la science et la technologie. C’est pour nous que l’expression « aliéné culturel » a été inventée, par un des nôtres (Cheikh Anta Diop). Parce qu’en plus d’apprendre à lier le bois au bois, nous avions aussi appris à vivre comme le Blanc, à parler comme le Blanc, à penser comme le Blanc, à regarder nos cultures avec ascendance et mépris (comme le Blanc). Qu'est-ce qu'un aliéné, « c'est un allié de de ses propres fossoyeurs » (Milan Kundera). Puis ils nous ont appelés « acculturés ». Parce que nous avions renié notre culture, oublié notre religion. Ils nous ont seriné que nos ancêtres étaient des barbares ; « peu à peu tu sors de ta sauvagerie », ainsi commençait auparavant l’hymne d’un grand pays de chez nous. Pourtant le roi belge l’avait dit, s’adressant à ses prêtres et colons en partance pour le Congo, que Dieu les avait précédés en Afrique, que nous n’avions plus rien à apprendre en matière de bonté divine et de philosophie. Ifrikiya, ressaisis-toi ! Arrête un peu avec les bagarres intestines et les politiques suicidaires !

C’est toi, Merhoye Laoumaye, « le vieux nègre et la médaille », ta Croix de Chevalier de l’Ordre de la Valeur, brillant sur ton torse fier et bombé, toi le poète, qui a dit :

« Je rêve d'une Afrique sans spectre de ruine,

Sans murmure ni querelle vaine des frères [...]

Afrique tu deviendras cette terre nouvelle-là ! »

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