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AFRIQUE :: Merhoye Laoumaye : voici l’homme et voilà l’œuvre :: AFRICA

On raconte que John Kennedy, pas le JFK président, l’autre plutôt, l’enseignant et écrivain méconnu de son vivant : John Kennedy O’ Toole ; on raconte que ce dernier a vu son ouvrage publié post-mortem et vendu à plus d’un million d’exemplaires en Amérique.

Alors même que de son vivant, John a essuyé d’innombrables refus de la part des éditeurs, et finalement il y a perdu sa plume. Suicidé.

Dix ans après sa mort, cependant, un ami de la famille, éditeur, se voit proposer le manuscrit de John par la mère du défunt. Il en tombe amoureux et consent, s’empresse de publier le livre. La suite est une success story. L’histoire de l’Art donne à lire de belles histoires comme celle de John, où le début n’est pas toujours rose (« La vie est une course, disait Houphouët Boigny, on ne juge pas au début mais à la fin »). Laisser mûrir le manuscrit : on l’entend souvent, l’expression n’est pas vaine, et ça vaut aussi même pour les ouvrages déjà publiés. Les pages qui aujourd’hui peuvent nous sembler anodines, quelconques, dix ou trente ans plus tard peuvent nous sembler relever du pur génie. C’est que la magie du temps a opéré ; le voile sournois qui nous empêchait de voir l’œuvre dans toute sa pureté, sa beauté ou son originalité, s’est désagrégé. Que la lumière soit…

« Patience » est le mot-clé, en matière de littérature. Si vous êtes un homme pressé, ne bousculez pas, passez donc, braquez dans le sens opposé, tout droit sur Paris-Dakar : la création du monde des mots n’est pas pour vous. Pour toute œuvre littéraire qui mérite considération, « il a fallu du temps », comme l’a dit Merhoye Laoumaye dans une chronique, à propos de son roman « L’infortunée ». Il s’explique dans la même chronique (« Epitre aux lecteurs », disponible sur la toile) : « J'ai commencé l’écriture du roman « L’infortunée » par les 15 premiers chapitres, entre 1991 et 1993, je n’ai réussi à l’achever qu’en 1997, après trois années d’interruption due à la perte de deux êtres très chers, d’abord ma mère, puis mon fils Fréderic. Ces deux évènements ont marqué mon existence de blessures indélébiles qui n’ont cessé de m’affliger jours et nuits. Ce fut à ces moments, où le goût de la vie devenait de plus en plus aigre, qu’apparut sur mon chemin un certain Nadjiber Daniel, l’éditeur qui, mû par je ne sais quelle main invisible, se résolut 36 années plus tard à dépoussiérer l’ouvrage et à le sortir de l'hibernation pour enfin le mettre en lumière en 2017… » Trente-six looongues années, à écrire, raturer, gribouiller, effacer, réécrire, toute une vie… il faut le faire. Puis en 2017, donc, parait tout un coffret signé Merhoye Laoumaye aux éditions D&L, à Yaoundé. Il s’agit de « L’infortunée » (roman) ; deux recueils de nouvelles (« Le tourniquet » et « Les lunettes du caméléon »), ainsi que deux recueils de poésie (« Le silence se tait » et « La cloche et le tympan »). Cinq ouvrages publiés d’un coup, c’est beaucoup (d’inspiration). Mais où ce digne fils de Garoua puise-t-il matière à écrire ? Ainsi parle Merhoye Laoumaye (dans sa chronique intitulée « Epitre aux lecteurs ») : « Toute chose qui me pourfend le cœur qui n’arrête pas de saigner abondamment. Eh bien, c’est ce cœur blessé qui me donne cet imputrescible courage d’interpeler l’alphabet à la rescousse pour essuyer mes larmes avec des mots à la fois virulents et sédatifs. Oui ! je vis à perpétuité sous les ailes de ma colombe blessée par des cruels artisans des contradictions amères de l’existence et qui n’ont jamais cessé de m’inspirer… » Une réponse qui rejoint celle d’André Gide ( et qui vaut d’ailleurs pour tous les auteurs) : l’écrivain n’est jamais tout à fait perdant ; il perd sa chèvre, il raconte comment il a perdu sa chèvre et il gagne de quoi s’acheter une autre chèvre, sans parler de l’inestimable soulagement qu’il trouve dans cette alchimie qui consiste à transcender ses malheurs ; pour l’artiste, c’est comme transformer de la boue en or. Que l’or soit…

Il y a forcément, il y a toujours un message, une leçon à tirer d’un conte, un poème, une histoire. Voici un commentaire extrait d’un article consacré au roman de Merhoye Laoumaye : « Les plus belles histoires n'ont pas toujours été des plus enchanteresses. Les chefs-d’œuvre aussi. « Ma mère est morte », ainsi commence un grand classique du siècle dernier ; c'est sur cette note nécrologique, sombre et malheureuse à vous donner envie de refermer le livre que se déroule « L'étranger » d'Albert Camus, aujourd'hui considéré comme l'un des ouvrages les plus notoires de la littérature française. Toutes proportions gardées, « L'infortunée » de Merhoye Laoumaye pourrait lui aussi s'inscrire dans ce registre, celui des œuvres qui, sans forcément nous émerveiller, nous passionnent, nous questionnent sur les problématiques insolubles de la condition humaine. Si nous devons vivre avec le(s) malheur(s), comment faisons-nous pour vivre avec ? La réponse de Merhoye Laoumaye est philosophique : « utiliser les fleurs du malheur pour se tisser des guirlandes sédatives » (une œillade au poète des fleurs du mal ?) » Ici encore, Alchimie ; l’écrivain est un alchimiste, L’Alchimiste même de Paulho Cuelho.

C’est connu, le poète est sensible à la beauté. Le poète Merhoye Laoumaye célèbre la nature, son Garoua natal, la femme (épouse et mère) ; mais encore, c'est écrit dans un article disponible sur la toile, gravé dans « La lumière noire du temple des chacals » (tel est l'intitulé de la première partie du recueil [La cloche et le tympan]) ; c'est écrit que la guerre est cruelle, la paix, le bien le plus précieux sur la terre des hommes. Pensif et amer de regret, le poète s'interroge sur l'absurdité des prétextes qui alimentent les atrocités humaines. Pourquoi... « Prétexte... ah! quel beau piège à rats! », s’insurge Merhoye Laoumaye. Puis, de pensif amer, le poète devient doux rêveur d'une autre Afrique, et sort vainqueur du temple des chacals. C'est ainsi qu'il prophétise sa vision optimiste, comme un King :

« Je rêve d'une Afrique sans spectre de ruine,

Sans murmure ni querelle vaine des frères [...]

Afrique tu deviendras cette terre nouvelle-là ! »

Parlant de « la bonne nouvelle selon Merhoye Laoumaye », un critique a écrit : « ‘Une des fonctions essentielles du conte, c'est d'imposer une trêve au combat des hommes’ (Daniel Pennac). Les maîtres du monde, les seigneurs de guerre, les soldats des parties belligérantes devraient se la raconter plus souvent qu'ils ne guerroient, ou alors se l'entendre conter par les porteurs de bonnes nouvelles comme Merhoye Laoumaye, qui nous signe ‘Le tourniquet’. Que la nouvelle soit, et la lumière fut. Peace ! » Tout est dit dans ce passage : en plus de nous inspirer des moralités, le nouvelliste Merhoye Laoumaye consacre ses historiettes au premier chef à la détente (c’est connu, le rire, le sourire, la bonne humeur peut être une thérapie).

Mais qui est Merhoye Laoumaye ? Nous avons commencé par découvrir l’œuvre, à présent parlons de l’homme. Ne dit-on pas « l’homme et l’œuvre » ? (Les deux font la paire, du moins en littérature). Donc, Merhoye Laoumaye est né le 05 juillet 1959 à Garoua, dans le Nord-Cameroun. C’est un Ingenieur Agro Socio-Economiste chevronné. Fonctionnaire retraité du Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural, il exerce aujourd’hui comme expert senior en planification et suivi-évaluation des projets et programmes de développement. Dans ce cadre, il a évalué beaucoup de projets à travers les pays d’Afrique de l’Est, de l’Ouest et du Centre.  Il a également été formateur des responsables des programmes, ONG et sociétés de développement en RDC, au Rwanda, au Congo Brazza, en RCA, au TCHAD, etc. Depuis 2014, il a exercé tour à tour comme Consultant Coordonnateur National des projets financés par la Banque Mondiale, à savoir :

1) Projet d’Urgence de Lutte Contre les Inondations (PULCI);

2) Projet d’Aménagement et de Valorisation des Investissements de la Vallée du Logone (VIVA LOGONE);

3) Agence fiduciaire du projet d’Aménagement et de Valorisation des Investissements de la Vallée de la Bénoué (VIVA BENOUE);

4) Agence pas fiduciaire du Projet d’Urgence de Lutte Contre la Crise Alimentaire (PULCCA).

Merhoye Laoumaye est récipiendaire de la médaille des ordres nationaux ; récipiendaire des médailles du travail : Argent - Vermeille – Or ; récipiendaire d’une médaille de Chevalier du mérite camerounais.

Crédit photo d'illustration: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Merhoye_Laoumaye.jpg

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