Enlèvement de Yérima Djouaïrou Chéboa : le Cameroun est-il encore un État de droit ? :: CAMEROON
© Correspondance de : Roufaou OUMAROU, Président de APJE asbl et membre du Shadow Cabinet du SDF | 15 Jan 2025 00:00:00 | 1585Le Cameroun est-il véritablement un État de droit ou s’apparente-t-il plutôt à une jungle où les membres des forces de sécurité agissent comme des mercenaires à la solde du plus offrant, enlevant et séquestrant des citoyens partout et en toute impunité, sans aucune procédure judiciaire quand ? Cette question brûlante refait surface avec l’enlèvement mystérieux de Yérima Djouaïrou Chéboa, militant et lanceur d’alerte camerounais. Ce dernier a été kidnappé le 24 décembre à Ngaoundéré par des hommes armés en civil, circulant dans un véhicule banalisé et sans plaque d’immatriculation. Depuis cet incident, ni sa famille ni ses proches n’ont reçu d’informations sur son lieu de détention ni sur les accusations portées contre lui.
Un acte arbitraire et inquiétant
Cet enlèvement illégal survient après la publication dans les réseaux sociaux, par Yérima Djouaïrou Chéboa, d’une vidéo accablante montrant un individu en tenue du RDPC, parti au pouvoir, manipulant illégalement des milliers de cartes d’identité nationales. Ce contenu a, semble-t-il, provoqué des réactions politiques violentes, révélant la peur d’un système face à la transparence et à la vérité.
Un mystérieux message porté plein d’incohérences venu de Yaoundé
Une copie d’un message-porté, prétendument signé à Yaoundé par le ATEFOR TSEFOR CONRAD, Commissaire Divisionnaire et Directeur Adjoint des Renseignements Généraux, circule depuis quelques jours dans les réseaux sociaux. Signé le 02 janvier 2025, soit 09 jours après l'enlèvement, portant un cachet « courrier arrivée » avec la date du 06 janvier, donc 13 jours après l’enlèvement, fait état de renseignements selon lesquels Yarima Djoubairou Cheboa serait à la tête d’un groupe nommé 3R qui aurait un projet d’incendier des bureaux de votes dans la partie septentrionale du pays et demande aux autorités de prendre des mesures pour faire échec au projet.
Après une rapide enquête et analyse du document on y constate plein d’incohérences. Si c’est pour ce motif, pourquoi le document est-il daté après l’enlèvement ? Pourquoi n’a-t-on pas simplement suivi les procédures officielles habituelles (convocations, audition, enquête, etc.) ? La date des élections ne sont pas encore fixées au Cameroun, on parle donc d’intention et non d’actes concrets : enlève-t-on un citoyen sur ces simples motifs alors que le pays a d’énormes soucis concrets de sécurité partout ? Selon des sources anonymes à Yaoundé, personne ne reconnait avoir envoyé ce message à la DGSN : une fabrication pour faire diversion et justifier le crime à postériori ?
Violation des droits fondamentaux
Le Cameroun, signataire de multiples conventions internationales et garant des droits humains selon sa propre Constitution, a failli à ses engagements. Chaque citoyen a droit : à un procès équitable, au respect de ses droits fondamentaux, à l’interdiction de la torture et des traitements dégradants. En agissant ainsi, les autorités camerounaises sapent ces principes fondamentaux et envoient un message d’intimidation à tous ceux qui osent dénoncer les abus.
Nécessité de transparence et de justice
S’il veut préserver ce qui lui reste de crédibilité dans le domaine du respect des principes d’un Etat de Droit, l’État camerounais doit informer immédiatement l’opinion publique et la famille de Yérima Djouaïrou Chéboa sur son lieu de détention, les accusations portées contre lui, les garanties apportées pour la protection de ses droits fondamentaux.
De plus une enquête indépendante doit être ouverte afin de déterminer les responsabilités dans cet acte d’enlèvement et de séquestration, sans oublier la probable fabrication d’un faux message porté en falsifiant la signature du Directeur Adjoint des Renseignements Généraux ATEFOR TSEFOR CONRAD. Si des accusations légitimes doivent être formulées contre Yérima Djouaïrou Chéboa, qu’elles le soient dans le cadre strict de la loi, et non par des pratiques extrajudiciaires qui rappellent les régimes autoritaires.
Un appel à la mobilisation citoyenne et internationale
Ce cas dépasse la seule personne de Yérima Djouaïrou Chéboa. Il représente un énième test pour la démocratie et l’État de droit au Cameroun. Si les Camerounais tolèrent aujourd’hui de telles dérives, qui rappellent entre autre l’enlèvement et l’horrible assassinat du journaliste Martinez Zogo en janvier 2023, il y a tout juste deux ans, alors les portes restent définitivement ouvertes à tous les abus.
Nous appelons :
• Les organisations de défense des droits humains, locales et internationales, à se mobiliser pour exiger la libération immédiate de Yérima Djouaïrou Chéboa.
• Les médias à maintenir la pression et à informer l’opinion publique sur l’évolution de cette affaire.
• Les citoyens à rester vigilants et à dénoncer toute forme d’abus et d’injustice.
Un test pour le Cameroun
Le Cameroun doit choisir entre poursuivre sur la voie de la répression ou respecter ses engagements en matière de droits humains. L’avenir démocratique du pays dépend de sa capacité à respecter et garantir les droits humains, la liberté d’expression et la sécurité de ses citoyens.
Précision importante
Cette protestation pour le respect des principes de l'État de Droit ne signifie aucunement que nous sommes d'accord avec les positions politiques ou les méthodes de lutte politique de Yérima Djouaïrou Chéboa.
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