FRANCE :: Décès de Jean-Marie Le Pen ce 7 janvier 2024
© Camer.be : Olivier Berhuse | 07 Jan 2025 14:58:49 | 859Figure incontournable du paysage politique pendant cinquante ans, le fondateur du Front National a marqué son époque par ses provocations, son ardeur belliqueuse l’empêchant d’élargir sa base électorale.
Il se voyait centenaire. Le 8 décembre 2003, Jean-Marie Le Pen est encore président du Front national (FN) et compte bien le rester longtemps. Il n'a "que" 75 ans. Ce jour-là, l'ancien leader du parti d'extrême droite évoque le décès, la veille, de la cinéaste Leni Riefenstahl, égérie d'Adolf Hitler, à l'âge de 101 ans. "Vous vous rendez-compte qu'elle continuait à tourner à plus de 90 ans. Appelez-moi Jean-Marie Riefenstahl!" La blague est énorme, sidérante, comme souvent. Elle ne fait pas rire sa fille, Marine, parce que chaque allusion à la Seconde Guerre mondiale de sa part, même sous le sceau de l'ironie – en était-ce? –, réduit à néant les efforts qu'elle commence à entreprendre pour le "dédiaboliser". Mais son diable de père est ainsi fait: provocateur-né, anticonformiste, ce réprouvé de la politique se complaît dans l'extrémisme.
C'est probablement cette image qui restera du fondateur du FN, mort à l'âge de 96 ans: un extrémiste qui ne voulait pas le pouvoir. Chacun de ses dérapages – et ils furent sont nombreux, souvent contrôlés, parfois hasardeux - l'aura écarté de l'exercice des responsabilités. En 1987, sa déclaration au micro de RTL sur les chambres à gaz, "un point de détail dans l'histoire de la deuxième guerre mondiale", pour laquelle il a été condamné, l'a rendu le rend infréquentable, empêchant une telle perspective.
Le Pen devient le paria de la politique française, lui qui rêvait d'être invité aux bonnes tables de la respectabilité. Lui, le "petit pauvre" de la Trinité-sur-Mer, l'orphelin pupille de la nation installé dans les murs bourgeois de la villa de Montretout, à Saint-Cloud. Lui, l'ancien légionnaire en Indochine et en Algérie, où il fut accusé de torture, le plus jeune député de France en 1956, cinq fois candidat à la présidentielle – en 2002, il parviendra au second tour de l'élection suprême … Leader d'un parti qui n'a cessé de gagner en puissance, capable de faire ou de défaire des majorités, notamment après la dissolution de 1997, il prétendait être traité comme un égal par les grands leaders de la droite. Il n'est resté, en fait, qu'un trublion tenu à l'écart par un "cordon sanitaire". Sa violence verbale, et parfois physique, n'était-elle que l'expression de son dépit ?
Toute sa vie, le "Menhir", doté d'un physique imposant et d'une ardeur belliqueuse, a fait de la provocation sa ligne de conduite. Dès son enfance, il se distingue en chahuteur notoire qui embête les Trinitaines. Plus tard, à la Corpo, l'association des étudiants de droit au Quartier latin, qu'il préside en 1949, il se fait remarquer par sa gouaille potache, mais aussi par des coups de sang contre les communistes quand il a trop bu. C'est surtout pendant la campagne des législatives de 1956, sous la bannière de Pierre Poujade, chef d'un mouvement de révolte des artisans et commerçants, l'UDCA, que Le Pen rôde, avec vingt-cinq ans d'avance sur le FN, le fond de sa rhétorique antisystème: connotations antisémites, xénophobie rampante, phobie des médias… Le poujadisme est sa véritable matrice politique.
Élu au Palais-Bourbon à l'âge de 27 ans, il est relégué à l'extrême droite. C'est sous la même étiquette qu'on le retrouve directeur de campagne de l'avocat Jean-Louis Tixier-Vignancour, nostalgique de Pétain et de l'Algérie française, lors de la présidentielle de 1965. En 1974, c'est lui, cette fois, bandeau noir sur son œil aveugle, qui est candidat au nom du Front national, un parti créé deux ans plus tôt par des individus sortis du tréfonds du pays: nostalgiques des années 1930 et du régime de Vichy, héritiers du poujadisme, inconsolables de l'Algérie française, païens et catholiques intégristes…
Le Pen ne manque pas de charisme grâce à une éloquence sans pareille doublée d'une grande culture classique. Sa force? Fédérer des groupuscules qui se détestent, ressusciter une extrême droite sulfureuse depuis 1945, et parvenir à propulser le FN sur le devant de la scène en dynamitant le paysage politique. Formé sous une autre République où la télévision n'existait pas, il est doué d'un instinct qui fait défaut aux générations suivantes. Il sait exploiter les failles d'une société française en perte de repères: son talent consiste à faire de l'exclusion dont il se dit victime le ressort de son ascension électorale, en se présentant comme le porte-parole des petites gens et des laissés-pour-compte de la mondialisation naissante. Et en désignant un bouc émissaire: l'immigration.
Sa dernière réussite est d'avoir assuré un avenir à son parti où règne le culte du chef, en transmettant le flambeau à sa dernière fille, Marine, en 2011. Que reste-t-il aujourd'hui de lui sur le plan politique? ", note cependant le politiste Luc Rouban (*). Le Rassemblement national est différent du FN sur le plan de son électorat auquel il a succédé, même s'il conserve la preférence nationale comme socle ideologique. C'est un parti en évolution, qui se positionne sur le terrain de la droite sociale et, de fait, tourne le dos au libéralisme de Jean-Marie Le Pen. Son problème n'est plus sa marginalité, mais sa crédibilité."
Pour les jeunes générations, le vieux baroudeur relève de l'histoire ancienne. Un signe: Jordan Bardella n'a rencontré que deux fois le fondateur du parti qu'il préside aujourd'hui.
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