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FRANCE :: Dieu existe-t-il ?

Cette interrogation, vaste et intemporelle, fut au cœur de quatre heures d’échanges passionnés, survenus le  23 décembre 2024, entre le Dr Daniel Stelane, universitaire de renom, et moi-même. Tout a  commencé  par une remarque acerbe du Docteur sur la prétendue subjectivité des titres de mes articles. Si la réponse à cette critique journalistique est déjà prête à paraître dans les heures à venir, je souhaitais d’abord revenir sur une autre discussion, bien plus profonde, qui s’est immiscée au détour de notre débat. Une discussion où nos esprits se sont croisés  sans jamais vraiment s’accorder.
 
La question de Dieu.
 
Daniel, revendiqué athée, porte  en lui ce regard sceptique, presque scientifique, sur l’idée même de la divinité. Pour lui, Dieu n’était qu’une construction de l’esprit humain, une hypothèse superflue pour expliquer l’inconnu. Une question ouverte, disait-il, mais au-delà de toute certitude. Il décrivait la Bible comme un texte parmi d’autres, une tentative humaine de rendre l’incompréhensible accessible. Selon lui, Dieu, dans toute sa pluralité de définitions, pouvait être envisagé comme une entité, une force, ou une expérience, selon les cadres philosophiques et culturels auxquels on choisissait de se référer.
 
J’ai tenté  alors, non sans un certain élan passionné, d’élargir la perspective. Dieu, lui dis-je, varie profondément selon les traditions philosophiques, religieuses et personnelles. Il peut être l’être suprême des traditions abrahamiques, éternel, omniscient, omniprésent et omnipotent, à la fois transcendant et immanent. Il peut également se démultiplier dans d’autres spiritualités, montrant  des facettes multiples de la vie et de la nature. Mais cette idée, vaste et complexe, semblait glisser sur lui comme une pluie sur une vitre ; il l’a repoussée  d’un revers de main, armé des aphorismes cinglants de Nietzsche.
 
Ne me laissant pas décourager, j’ai fait appel  à la rescousse les philosophes : Aristote, ce penseur des origines, qui décrit  Dieu comme le Premier Moteur immobile, la cause initiale de tout mouvement dans l’univers. Puis Spinoza, qui identifiait Dieu à la nature elle-même, cette substance infinie englobant toute chose. Mais face à mes références, Daniel restait inflexible, préférant la quête d’une expérience intérieure à l’affirmation d’une vérité extérieure. Ainsi, notre débat a atteint  son apogée dans une danse d’idées opposées, entre une foi en l’indicible et une réflexion nourrie de doutes. Ce qui demeure, au-delà des désaccords, c’est cette quête universelle qui anime les cœurs et éclaire les esprits, une quête où l’homme tente de saisir l’infini avec des mains humaines.
 
La foi, le silence de Dieu et les quêtes humaines
 
Les intellectuels, dans leur quête de compréhension, oublient souvent une vérité simple : avant de chercher Dieu, il faut d’abord entrer en contact avec soi-même. Le premier acte de l’homme n’est pas une exploration extérieure, mais un dialogue intime avec son être, une rencontre authentique avec sa vérité intérieure. Ce cheminement, cette connaissance de soi, n’est pas un obstacle à la foi, mais son prélude. Car avant de lever les yeux vers le divin, il faut ancrer ses pieds dans le sol de son humanité. La Bible, comme d’autres textes sacrés, n’est pas une réponse en soi ; elle est une préparation.
 
Elle agit comme une charge spirituelle, nous équipant pour affronter les épreuves au moment opportun. À l’image d’un étudiant qui révise ses leçons pour réussir un examen, les moments de prière sont des plans personnels qui nous arment pour les batailles invisibles. La Bible, le Coran, le Talmud… ces textes ne sont pas des reliques passives, mais des sources d’énergie vivante, parmi tant d’autres. Pour comprendre la religion, j’ai entrepris des pèlerinages, j’ai commencé par  visiter  Lourdes, Rome et Jérusalem. À Lourdes, une expérience unique m’a traversé, un souffle que les mots peinent à capturer au moment où j’ai touché la grotte.
 
A Jérusalem  sur le Mont des Oliviers, j’ai ressenti une telle plénitude que j’ai saisi mon téléphone pour appeler mes proches, leur disant : « Je vis quelque chose que je ne pourrai vous expliquer tant que vous ne l’aurez pas vécu. » La foi, comme un voyage, ne se raconte pas ; elle s’éprouve. Elle est semblable à l’Europe pour ceux qui ne l’ont jamais foulée : tant qu’on aura pas vécu en occident, aucune explication ne suffira. Nous devons parler de ce que nous connaissons et taire ce que nous ne maîtrisons pas. La foi, ce n’est pas quelque chose d’extraordinaire ; c’est l’ordinaire vécu extraordinairement.
 
L’existence de Dieu ne se prouve pas par des arguments rationnels ; elle se ressent, dans les replis de l’âme. Pourtant, beaucoup, emmenés par des philosophes athées, se perdent dans leurs propres labyrinthes. Ils cherchent à tout expliquer par des faits simples, espérant trouver un Dieu barbu, assis sur une montagne avec un bâton magique, éclairant les villes ou distribuant du pain. Ces images, enfantines et naïves, masquent leur véritable quête. Ce qui les trouble, au fond, ce n’est pas l’absence de Dieu ; c’est son silence. Et que faire lorsque Dieu se tait ? Comme une mère silencieuse, il ne s’éloigne pas : c’est à nous d’aller vers lui.
 
Nous portons en nous une boussole sacrée, notre cœur. C’est dans ce cœur que résonnent les réponses les plus profondes, celles qui éclairent ce que nous sommes et ce que nous cherchons. On a souvent accusé la Bible d’avoir retardé l’Afrique, mais cette accusation simpliste néglige l’essentiel. Ce texte a été un pilier, un levier pour élever nos consciences vers l’universel. Certains disent qu’elle a servi à nous assujettir, mais depuis que nous sommes indépendants, que faisons-nous de cette liberté ? Si une servitude demeure, elle est désormais volontaire. Ceux qui prônent un retour à la civilisation traditionnelle, comme les Kémites, que proposent-ils ?
 
Depuis qu’ils chantent cette nostalgie, qu’ont-ils inventé ? Qu’ont-ils bâti ? Même réunir une somme modeste pour aider leurs semblables leur semble difficile. Ironiquement, ils utilisent des outils modernes pour rejeter cette civilisation qu’ils condamnent. Mais que font-ils pour enrichir notre compréhension du monde ? Je retourne parfois dans ces villages que j’ai quittés il y a cinquante ans. Rien n’a changé. Les champs de cacao, qui ont produit des millions, voire des milliards, sont toujours là, mais où sont les fruits de cette richesse ? Le temps semble s’être figé. Au lieu de rejeter en bloc une civilisation qui nous tend des outils, il faudrait apprendre à marcher entre deux mondes : honorer nos racines tout en construisant un avenir. La foi, la connaissance de soi, et la quête de Dieu ne sont pas des antinomies. Elles sont des forces qui, bien comprises, peuvent nous élever, individuellement et collectivement.
 
À la croisée des chemins : Réflexions sur l’intelligence, la foi et les illusions
 
  Nous avons reçu un fragment d’intelligence, une étincelle capable de nous éclairer, de nous construire. Mais au lieu de bâtir, nous errons. Et lorsque les fondations vacillent, nous pointons l’Occident du doigt, comme si le salut ou la chute nous venait de l’extérieur. Pourtant, le constat est implacable : c’est nous-mêmes qui sommes à l’origine de nos failles. Voyez les pays du Maghreb : ils ont su se démarquer, se détacher de ces chaînes invisibles. Et nous ? Combien de ministres croupissent dans nos prisons ? Combien de nos actions, au quotidien, dans nos cercles professionnels ou familiaux, reflètent ce désordre intérieur ?
 
Ce n’est pas à l’Église de porter cette responsabilité pour les athées, et l’athéisme, en soi, n’est qu’un mot. Ce n’est ni une conviction ni une action. Il n’a pas de substance s’il ne se traduit pas par une quête d’éthique ou une recherche de sens. Quant au Kémisme, cette construction récente, il n’est qu’une élucubration sans force vive, un néologisme dénué d’énergie créatrice. Regardez les Chinois, les Japonais, les Indiens : eux ont su puiser dans leurs racines une puissance idéologique, un socle qui leur permet de s’affirmer dans le concert des nations. Et nous, Africains, qu’avons-nous fait ?
 
Qu’ils se proclament Kémites ou athées, qu’ils prônent une rupture ou une critique, la plupart se livrent à des fanfaronnades inutiles. Ils ressemblent à une abeille piégée dans un train, bourdonnant sans but, ignorant d’où elle vient et où elle va. Pourtant, nous avons une chance, un héritage à portée de main : la Bible. Mais nous devons apprendre à l’utiliser avec sagesse, non pas comme un simple livre sacré, mais comme un guide pour nous développer. Tous les enseignements ésotériques, si on les dépouille de leurs mystères, en tirent leurs racines. Ce sont les Juif qui ont  transmis aux Anglais les clés de leur révolution industrielle.
 
Il leur révéla ce simple secret : « Tout est dans la Bible ». À nous, Africains, de chercher ces codes de la vie. Mais comment bâtir une philosophie quand nous n’avons pas pris la peine de concevoir des écrits ? Ne me parlez pas de l’Égypte ancienne, ces vaines spéculations creuses ne mènent nulle part. Ceux qui s’y accrochent n’ont rien démontré, sinon leur incapacité à relier le passé à l’avenir. Revenons à la religion. Nietzsche, avec son célèbre « Dieu est mort », a sans doute prononcé l’une des phrases les plus connues et les plus mal comprises de l’histoire. Ce n’était pas une proclamation athée, mais un constat d’une dérive éthique, similaire à celle que nous observons aujourd’hui. Si Nietzsche était camerounais, il proclamerait à nouveau cette mort de Dieu, tant nos dérives morales semblent rivaliser avec celles de son époque.
 
Quant à moi, écrivain averti, fort de recherches assidus,  de mes contacts et des mes voyages, , je peux affirmer ceci : l’intelligence, si elle n’est pas mise au service d’une quête de vérité, reste une lumière vacillante. Nous avons des ressources, des outils, et même une histoire à réinventer. Mais sans une boussole morale, sans un retour au travail sur nous-mêmes, nous resterons des errants, à la merci de nos propres illusions.
 
De l’imposture et de la vérité : réflexion sur Dieu, les livres sacrés et la philosophie
 
Il serait bien triste, et même tragique, qu’un livre tel que la Bible, le Coran ou tout autre texte sacré repose sur une imposture. Mais souvent, ce n’est pas le livre qui trompe, c’est celui qui le dénonce qui s’égare dans l’imposture de ses propres préjugés. La Bible, en particulier, demeure une œuvre inégalée, le recueil le plus complet qui soit en matière de genres littéraires et de philosophie de la vie. Elle n’est pas qu’un texte religieux ; elle est un miroir, une clé, une toile qui nous permet d’interpréter notre propre histoire. Quant au christianisme, beaucoup l’accusent d’asservir les hommes.
 
Pourtant, n’est-ce pas l’homme lui-même, par la tyrannie de ses pensées, qui se rend esclave ? Jésus n’a jamais prêché la servitude. Son discours sur la montagne est un hymne à la libération, une invitation à l’indépendance de l’esprit, à la paix intérieure, à la lumière et à la joie. Il ne prétendait pas être un fardeau, mais une source inépuisable de vie, une source aussi vivante et authentique que ses évangiles. Ces évangiles sont profondément enracinés dans les vérités culturelles et psychologiques universelles. Elles auraient dû devenir la pierre angulaire de nos entreprises, un socle pour nos vies. Et pourtant, combien d’enseignants d’aujourd’hui, en prêchant sur l’athéisme ou la négation de Dieu, laisseront une trace  durable dans l’histoire ? Très peu, sans doute.
 
Lorsqu’il s’agit de Dieu, nous avons besoin de solutions solides, de réponses qui transcendent les arguments périmés de certains philosophes antiques. Car c’est là le drame des athées modernes : ils abordent la question divine avec des connaissances éparses, des théories glanées au hasard, digérées sans profondeur. Avoir des convictions philosophiques solides est une richesse. Mais s’égarer dans des labyrinthes intellectuels qui manquent de rigueur et de substance, c’est risquer de tourner en rond. La question de l’existence de Dieu ne peut être réduite à une démonstration scientifique simpliste.
 
Elle exige une dimension supplémentaire, un élan intérieur, une conviction divine. Ces convictions ne s’imposent pas par la logique froide, mais s’organisent autour des religions positives, qui enrichissent la réflexion par leur ancrage dans le vécu humain. Cependant, je ne dirai jamais que la philosophie doit se réduire à chercher des preuves de l’existence de Dieu. Penser ainsi reviendrait à enfermer le divin dans une équation stérile. Ce n’est pas parce que l’existence de Dieu ne se prouve pas dans des termes strictement scientifiques que les discours philosophiques sur Dieu seraient irrationnels.
 
Bien au contraire ! Mais force est de constater que ces discours, lorsqu’ils sont menés sans profondeur ni sincérité, tombent souvent dans des spéculations superficielles, des fanfaronnades qui s’essoufflent d’elles-mêmes. La réflexion sur Dieu ne doit pas être une lutte d’arguments, mais une quête d’harmonie entre l’intelligence et le spirituel. C’est là que réside la véritable profondeur : dans la capacité à conjuguer raison et foi, science et mystère, pour dessiner les contours de ce qui dépasse l’entendement humain. Mais retournons toujours à l’évangile qui dit :  « Ne jugeons pas ».

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