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FRANCE :: Rencontre avec Yael Motaze, Auteure du livre » La Femme du Patron »

Yael Motazé, écrivaine camerounaise, a récemment fait sensation avec la publication de son roman très engagé, « La Femme du Patron. » À l’occasion de la journée de dédicace qui vient de se tenir, l’équipe d’Afriksurseine a eu le privilège de s’entretenir avec elle. Lors de cet échange enrichissant, l’auteure nous a dévoilé quelques extraits captivants de son roman.

Bonjour Yael, Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs, en quelques mots, et nous dire ce qui vous a conduit à embrasser l’écriture ?

Bonjour et merci pour l’opportunité de cet échange. Je suis Yael Motaze, une écrivaine camerounaise passionnée par les questions sociales, culturelles et humaines. Je suis principalement Entrepreneure , il y’a 4 ans j’ai créé une structure de fabrication et de commercialisation des infusions et tisanes faites à base de plantes naturelles camerounaises dénommée Monef Slim . Relativement à ma carrière littéraire, J’ai toujours eu un goût prononcé pour les histoires, pour la manière dont elles façonnent notre perception du monde. L’écriture est devenue pour moi un moyen puissant d’explorer les réalités sociales complexes, de questionner les normes et de mettre en lumière des injustices invisibles. C’est cette volonté de partager ces réflexions, de donner une voix aux femmes et aux opprimés, qui m’a poussée à embrasser l’écriture.

Pouvez-vous partager avec nous votre parcours académique et professionnel ? En quoi a-t-il influencé votre carrière d’auteure?

Mon parcours académique est plutôt orienté vers les sciences juridiques et la gestion, et, bien que cela ne soit pas directement lié à ma carrière d’écrivaine, il a cependant façonné une partie de ma manière de penser et de structurer mes idées. J’ai obtenu un Master en Droit des Affaires de l’Entreprise et Commerce International, ce qui m’a permis de comprendre les enjeux juridiques et économiques qui régissent les affaires et les échanges internationaux. Par la suite, j’ai décroché un second Master 2 en Gestion des Ressources Humaines, où j’ai appris à gérer le capital humain, à comprendre les dynamiques sociales au travail et à aborder les relations interpersonnelles sous un prisme stratégique. Je sais que ce parcours académique n’a pas de lien direct avec mon rôle d’auteure aujourd’hui.

Cependant, il m’a apporté une approche méthodique, analytique et un sens aigu des réalités sociales et humaines, des éléments qui, d’une manière ou d’une autre, nourrissent mon écriture. L’écriture, pour moi, reste avant tout un moyen d’expression, une façon de donner voix à des réalités et des questionnements qui me tiennent à cœur, bien au-delà des sphères juridiques ou managériales dans lesquelles j’évoluais auparavant. C’est une démarche personnelle et un espace de liberté, où je peux explorer des thèmes et des idées avec une totale autonomie. Toutefois, c’est mon engagement dans des projets sociaux qui a réellement nourri mon écriture. La rencontre avec des femmes qui ont vécu dans des situations de silence et de manipulation a particulièrement influencé La Femme du Patron.

Quand et comment avez-vous découvert votre passion pour l’écriture ? Est-ce une vocation qui s’est imposée tôt dans votre vie ?

Ma Découverte de la Passion pour l’Écriture J’ai découvert ma passion pour l’écriture à l’âge de 16 ans à travers une grande sœur à moi qui écrivait très bien . À cette époque, je me contentais principalement d’écrire des textes romantiques et des poèmes, des formes d’expression qui m’ont permis de canaliser mes émotions et mes réflexions. Ces premières écritures étaient très personnelles, marquées par les préoccupations adolescentes et les rêveries romantiques, mais elles ont constitué la base de ce qui allait devenir une forme d’expression beaucoup plus large et profonde. Au fil des années, ma passion pour l’écriture a évolué, se diversifiant pour aborder des thèmes plus complexes et sociaux. Aujourd’hui, l’écriture me permet de partager des histoires qui vont au-delà des simples émotions et qui portent des messages forts, notamment en ce qui concerne les réalités humaines et sociales. Ce parcours, débuté dans la poésie, m’a donc permis de découvrir progressivement la puissance des mots et leur capacité à toucher, à interroger et à ouvrir des espaces de réflexion.

Pouvez-vous nous présenter votre œuvre ?

La Femme du Patron est un roman qui explore les réalités complexes de certaines femmes qui, bien que vivant dans un confort matériel et un luxe apparent, sont emprisonnées dans des situations de violence, de manipulation et d’abus et pire même de silence . Le roman décrit ces femmes comme des héroïnes silencieuses, prisonnières d’un système patriarcal qui leur impose de supporter l’indicible au nom du luxe et du statut. Elles sont contraintes de faire face aux crimes rituels, aux abus de leurs maris et à la souffrance de leurs enfants, tout en étant réduites au silence par le poids du “bonheur” matériel que leur offre ce même système.

Justement, ce roman, La Femme du Patron, fait beaucoup parler de lui. Pouvez-vous nous en dire plus sur le message que vous souhaitez transmettre à travers cette histoire ?

À travers La Femme du Patron, je souhaite dénoncer l’idée fausse selon laquelle le luxe et le confort matériel peuvent compenser les souffrances humaines et sociales. Le roman expose la contrainte imposée aux femmes, leur silence complice par peur des répercussions sociales et familiales, et comment elles sont manipulées par leurs maris puissants. Le message central est celui de la libération : l’idée qu’il est crucial de dénoncer les abus, de briser les chaînes du silence et de s’émanciper des valeurs superficielles qui, souvent, masquent des réalités bien plus sombres.

Qu’est-ce qui vous a inspiré pour écrire ce roman ? Avez-vous un processus particulier pour construire vos récits et vos personnages ?

Mon inspiration est née de plusieurs rencontres avec des femmes confrontées à des réalités similaires à celles que je décris dans le roman. J’ai écouté leurs histoires, leurs souffrances et leurs espoirs. C’est ce qui m’a motivée à créer des personnages qui incarnent cette lutte silencieuse. Mon processus d’écriture est assez intuitif : je commence souvent par des situations, des émotions ou des dialogues qui me frappent, puis je développe les personnages et l’intrigue à partir de là. J’aime que mes récits soient ancrés dans des réalités humaines fortes, afin que mes lecteurs puissent se reconnaître dans les personnages, même si leurs histoires sont particulières.

Comment votre roman reflète-t-il des aspects de la société ou des réalités humaines ? Pensez-vous qu’il joue un rôle éducatif ou critique ?

La Femme du Patron aborde des thèmes de pouvoir, de contrôle et de manipulation, mais aussi de solidarité et de résilience. Il reflète des réalités humaines où le luxe et le statut social deviennent des outils d’oppression, où la souffrance est mise sous silence au nom de la réputation. Le roman a une dimension éducative, car il pousse à la réflexion sur les rapports de pouvoir dans nos sociétés et sur les rôles imposés aux femmes. Il invite à remettre en question les normes sociales qui tolèrent ces abus et à comprendre qu’une vie sans liberté et sans dignité, même dans le confort matériel, est une vie marquée par la violence.

En tant qu’auteure, quels défis avez-vous rencontrés lors de la création et de la publication de ce roman, et comment les avez-vous surmontés ?

L’un des plus grands défis a été de traiter des sujets aussi sensibles et lourds, tout en respectant la dignité des victimes. Il a fallu trouver un équilibre entre l’évocation réaliste de la souffrance et le respect des personnes réelles derrière ces histoires fictives. La publication n’a pas été facile non plus, car il existe encore des tabous autour de certains sujets dans la société camerounaise. Cependant, j’ai persévéré en croyant fermement que ces voix méritent d’être entendues.

Quel message aimeriez-vous adresser à ceux qui souhaitent se lancer dans l’écriture, et quels sont vos projets futurs en tant qu’auteure ?

Je leur dirais de ne jamais sous-estimer le pouvoir des mots. Écrire, c’est avant tout un acte de courage, de responsabilité et de passion. L’écriture peut transformer, guérir et éveiller les consciences. Quant à mes projets futurs, je travaille sur un nouveau roman qui abordera la question de l’identité et de la recherche de soi dans une société en constante évolution. Je veux continuer à explorer des thématiques sociales et humaines fortes, et à écrire des récits qui poussent à la réflexion.

 Où trouver vos romans ?

Mes romans sont disponibles actuellement au Cameroun chez Monef slim situé près de la station Total biteng, ils sont également disponibles dans la boutique SM à the playce warda face supermarché carrefour. Vous pouvez également les trouver lors de mes séances de dédicaces notamment le 25 janvier à Yaoundé et le 8 février à Douala , où je propose des dédicaces personnalisées .

Votre mot de fin ?

Je voudrais remercier tous ceux qui prennent le temps de lire mon œuvre et qui, à travers leurs retours, contribuent à faire vivre ces histoires. La Femme du Patron n’est pas seulement mon roman, c’est un cri collectif pour toutes les femmes dont les voix sont encore trop souvent étouffées. L’écriture est un pouvoir, et j’espère qu’elle nous aidera à créer un monde plus juste et plus libre pour chacun.

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