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CAMEROUN :: Wilfried Ekanga : " Mathias Eric Owona Nguini,ENTRE RECHERCHES ET FOUILLES" :: CAMEROON

Dans les sciences humaines, il existe deux entités distinctes : les chercheurs d’une part, et les fouilleurs de l’autre.

– Les chercheurs sont mus par le désir réel et innocent de comprendre le pourquoi des choses ; en gros, par l’envie de déceler les causes initiales des phénomènes sociaux (insécurité, guerres et crises diverses) et d’expliquer le comment de leur enlisement, afin d’en envisager les solutions les plus rapides et les plus efficaces. Les chercheurs brillent par le sérieux et le pragmatisme de leur démarche ; ils ne s’encombrent d’aucune idéologie, ni d’aucune espérance gastro-pécuniaire susceptible d’altérer leur esprit de jugement et de nuire à leurs analyses.

C’est la raison pour laquelle les chercheurs les plus assidus finissent toujours par trouver quelque chose ; ou a minima, posent les jalons des grandes trouvailles futures qui contribueront grassement à l’amélioration de l’interaction sociale. Et ce ne sont pas Rousseau, Zola, Weber, Comte, Kane, Diop, Soyinka ou encore Achebe qui me démentiront. .

– Les fouilleurs en revanche sont de grandiloquents pharisiens de la forme, au contenu absent. Ils pensent, mais ne réfléchissant pas. Ils parlent, mais ne disent pas. Ils écrivent, mais n’instruisent pas. Pire encore, loin de se contenter d’être simplement inutiles, ils s’évertuent à devenir proprement nuisibles : c’est-à-dire qu’au lieu de laisser en l’état cette société à laquelle ils n’apportent de route façon rien du tout, ils s’activent à accélérer le pourrissement de ce qui pouvait pourtant encore être sauvé. Tout ceci pour la cause d’une idéologie – ou, le cas échéant, d’un homme – perfide auquel ils auront subordonné leur exigence de rigueur scientifique.

C’est pour ça que les fouilleurs ne trouvent jamais rien. On leur soupçonne un travail de recherche, mais on ne dit jamais ce qui est recherché, et, en dépit du temps qui passe, on n’identifie jamais la trouvaille y afférente. C’est ainsi que les fouilleurs finissent par quitter ce monde comme s’ils n’avaient jamais existé, sans que l’Histoire ait retenu la moindre découverte à leur crédit.

Car l’Histoire, en fait, est un tamis inversé : elle filtre les grands esprits et bloque le transit aux petites personnes.

OWONA NGUINI, LE TRAMOL LENT

Ces derniers jours, Mathias Eric Owona Nguini s’égosille à « alerter » la population camerounaise sur le fait qu’il y aurait dans le pays des individus tapis dans l’ombre, dont l’objectif serait de renverser le régime (de bananes) d’Etoudi avant l’échéance électorale d’octobre 2025. Selon notre fouilleur local, la gesticulation frénétique d’Atanga Nji s’explique par le fait qu’il disposerait d’éléments prouvant que d’aucuns veulent accéder au pouvoir « par des voies subversives », et ce avec le concours d’organisations de la société civile (coucou le RHEDAC !). Et c’est à ce moment-là que vous réalisez à quel point l’ex-théoricien (jadis lucide) du « chaos lent » est lui-même en proie à une lente dégénérescence cognitive, depuis l’ingestion du tramol chantalique dont son organisme n’a manifestement jamais su digérer les effets.

Car comment doit-on encore rappeler à un « chercheur de sa trempe » (rions ensemble) cette bonne vieille maxime pourtant connue de tous : « Gouverner, c’est prévoir »? Allez donc dire à notre « seigneur » préféré que ce ne sont pas les Camerounais qui veulent renverser Biya avant 2025 ; c’est plutôt Biya qui s’arrange au quotidien à fournir mille et un motifs aux Camerounais de le renverser avant 2025. Le fils de catéchiste considère en effet son peuple comme une mosaïque d’individus amorphes, sans conscience collective d’indignation ; il est persuadé que quand bien même il leur ferait subir les pires sévices imaginables, les habitants du pays des Crevettes ne franchiront jamais le pas de l’union sacrée contre son pouvoir. Et c’est bien pour ça qu’il s’en donne à cœur joie, en matière de barbarie et de mépris des Droits de l’Homme. L’attitude typique d’une crapule vénéneuse persuadée d’être insubmersible.

Voici donc quelques morceaux choisis, dans l’espoir de rafraîchir la mémoire de Nguini, qui commence ostensiblement à lui faire défaut :

QUESTIONS – RÉPONSES :

Primo, est-ce le groupe des « déstabilisateurs du Cameroun » qui a demandé à Atanga Nji d’organiser des réunions de sous-quartier avec Erik Essouse, en violation de l’article 5 de la loi de 2012 qui proscrit à l’organe électoral de se soumettre au dictat de l’exécutif, ou est-ce Atanga Nji lui-même qui, le premier, a décidé de provoquer le peuple par cette sinistre entourloupe, car convaincu que « le Cameroun c’est le Cameroun » et que rien ne va se passer ?

Secundo, est-ce la bande d’« antipatriotes ennemis de la nation » dont parlent Nguini et ses acolytes qui, en violation de la loi de 2011 (décret d’application signé le 8 août par Biya himself), a inventé de toutes pièces la règle cannibale qui consiste à exiger à des Camerounais des titres de séjour de pays étrangers à l’intérieur même des ambassades du Cameroun (!!!), ou fut-ce tout simplement une énième manifestation de la sorcellerie made in Biya, et inexplicable rationnellement ?

Et tertio, est-ce le MRC et les « Ntahlibans » qui ont conseillé à Essousse (encore lui) de tenter son braquage diurne en faisant disparaître pas moins de 120 000 inscrits des listes électorales, tel un charlatan béninois ? Pourquoi est-ce que les fouilleurs qui pensent par leur panse contractent-ils aussi vite la cécité intellectuelle ? Est-ce inconscient ou délibéré ?

Par ailleurs, est-ce dame Ngo Mbe qui a demandé à Tabala et à ses chiens minables de lacérer les pieds de Longkana Simon à la machette, au mépris de la Convention des Nations Unies contre la Torture du 10 décembre 1984 (pourtant ratifiée en 1986 par le Cameroun) ? Est-ce Maurice Kamto qui réclame désormais un impôt sur l’oxygène de l’air à une population déjà quotidiennement brimée, et ce alors même que l’audit sur l’évaporation des 3000 milliards engloutis pour la CAN ou encore celui des 185 milliards de fonds COVID se font toujours attendre ? Mais quel type de coupure électrique s’opère au juste dans le cerveau de ceux qui ont sacrifié leur âme sur l’autel du gastro-tribalisme ?

D’un autre côté, cela vaut-il vraiment la peine de… fouiller ici ?

VERS LES POUBELLES DE L’HISTOIRE

Avec un PIB par habitant de plus de 33 000 dollars, la Corée du Sud fait partie des 15 plus grosses puissances économiques du globe terrestre. Mais alors, à votre avis, pourquoi le peuple sud-coréen a mené en ce début décembre une intense campagne de protestation, jusqu’à pousser même le parlement à voter la destitution du président en exercice, Yoon Suk Yeol ? Est-ce parce que les Sud-coréens sont des « apprentis-sorciers subversifs hostiles à la patrie » et qu’ils veulent déstabiliser la Corée grâce à des financements extérieurs ?

Si vous demandez à notre Chantalogue du jour, il vous répondra à coup sûr par l’affirmative ; car il n’est pas au courant que tout a commencé le mardi 3 décembre 2024, lorsque le président a décidé, à la surprise générale, d’instaurer la loi martiale, c’est-à-dire de placer le pays tout entier, y compris les institutions civiles nationales, sous le contrôle de l’armée. L’objectif derrière la curieuse opération étant d’obliger l’opposition – majoritaire au parlement – à changer d’avis sur le volume du budget pour l’exercice à venir. En français facile, Yoon Suk Yeol a décidé un beau matin, comme Paul Biya, de piétiner les principes élémentaires de la démocratie, à savoir le respect de l’opinion contraire. Il a décidé de répondre à l’argument politique par la force brute, à l’instar du vieux Suisse de Yaoundé ; ce qui a précipité sa déchéance, au propre comme au figuré.

Il est donc grand temps de comprendre que les fumées sans feu, ça n’existe pas. Tout comme la guerre du NOSO qui naquit d’une réaction policière sauvage à de simples réclamations corporatistes d’avocats, d’enseignants et d’étudiants à partir du 8 novembre 2016, le courroux d’une population ne survient jamais ex nihilo, mais est toujours la conséquence de manœuvres sournoises d’un cartel de voyous en cravate dont le chef est souvent appelé « Excellence ». Et si quelqu’un te dit qu’il est chercheur mais qu’il ne comprend pas cela, sache qu’il cherche simplement sa nourriture.

Et l’avantage avec la nourriture, c’est qu’on n’a pas besoin de faire des recherches ; il suffit de fouiller.

Bien entendu, l’endroit le plus facile où fouiller de la nourriture reste la poubelle.

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