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CAMEROUN :: Mototaxi, un bien qui tue: Une chronique d’Alain Ndanga :: CAMEROON

Pourtant un moyen rapide de transport, le nombre de victimes mortes ou handicapées de cet engin à deux roues ne se comptent plus.

Ramassage. « 100-100 ». Des expressions tirées de l’activité du transport à moto taxi et bien connues des usagers des villes camerounaises. Les conducteurs disent jouer sur le temps. Les passagers quant à eux veulent vite arriver. Les minutes coûtent chères. Il faut doubler des camions qui vont lentement, faufiler entre la longue file des véhicules à quatre roues pris dans les mailles des embouteillages, ou même entrer et sortir des nids de poules qui jonchent des rues. Le conducteur parfois sans casque sur la tête et les passagers souvent assis deux-trois ou quatre derrière la moto courent les mêmes risques.

Là où ces motos importées de Chine passent, des vies trépassent. Yaoundé, Douala, Bafoussam, Ebolowa, entre autres. Le tableau est sombre. Les populations le plus souvent contraintes à emprunter ce moyen de transport, marchent avec la mort dans la paume des mains. Il ne se passe pas un jour sans qu’elle ne plonge des familles dans l’émoi. Le nombre d’accidents mortels augmente de jour en jour. Quelle ville camerounaise où circule l’engin-tueur est épargnée ?

A Bafoussam, un pavillon mototaxi vient de voir le jour. La ville arrive plus tard que Douala qui en dispose depuis des années.

Crasseux-mal-bouche, inciviques ; tant d’adjectifs pour qualifier des conducteurs (mototaximans). Ils sont aussi taxés de mal-nécessaires ; ils font la pluie et le beau temps ; décident de la mort ou de la vie des passagers. Qu’est ce qui peut bien justifier ces terribles accidents sur les motos ?

Dans la plupart des cas, ces conducteurs prennent la moto juste après avoir appris à démarrer l’engin. Nombre d’entre eux n’ont pas de permis de conduire. On vit au jour le jour ; chaque jour suffit sa peine. Des passagers font le signe de croix quand ils arrivent à destination sains et saufs.

Des mototaximan veulent vivre : nourrir leur famille et payer les factures. A défaut du travail décent, plusieurs jeunes se ruent à cette activité catégorisée informelle. Pour nombre d’observateurs, le « gouvernement a échoué » en ne trouvant pas d’alternatives pour le transport urbain. Les autorités chargées du travail de résoudre le problème d’emploi jeune sont dépassées par les événements. Pour d’aucuns, il est impensable de croire que l’on puisse bâtir une ville avec une telle activité. Leur nombre de plus en plus croissant a poussé

le chef de l’Etat, Paul Biya, lors de ses traditionnels discours à légitimer l’activité. Depuis lors, le gouvernement subit l’inconfort causé par ces conducteurs prêts à former une milice en cas de malaise. Du coup, les autorités les ménagent tout en sachant que c’est la bombe à retardement. Ils vont continuer à décimer des vies jusqu’au moment où l’on trouvera du travail pour eux. Pour le moment, la moto est un bien qui cause plus de mal.

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