CAMEROUN :: Après les obsèques de son fils, Shanda Tonme adresse des remerciements au Bâtonnier Me Mbah :: CAMEROON
© Camer.be : O.B | 25 Apr 2024 07:25:31 | 5739Dans sa lettre parvenue ce jour à la rédaction de Camer.be, Shanda Tonme adresse ses remerciements à Maître ERIC MBAH,Bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Cameroun pour les hommages rendu à leur confrère Me Patrice Cabral Shanda Sanou décédé le 18 mars 2024, et mis en terre à Bangou le 20 Avril 2024.
L'intégralité de la lettre en dessous
Yaoundé, le 23 Avril 2024
Maître ERIC MBAH
Bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Cameroun
Remerciements, reconnaissance et encouragements
Votre hommage à votre jeune confrère Me Patrice Cabral Shanda Sanou
Décédé le 18 mars 2024, et mis en terre à Bangou le 20 Avril 2024 par vos soins
Monsieur le Bâtonnier,
Cher compatriote et très cher frère,
Le temps de la célébration d’une vie après la mort, peut aussi nous révéler, au-delà ou par de-là la douleur, les douleurs, les peines, les remords et les regrets multiples, la dimension fonctionnelle d’une situation sociale, d’un état d’être d’un métier, et ultimement d’une position de principe éthique et morale.
Mais si dans le principe, la révélation s’instruit et se nourrit d’autant de fautes que de qualités insoupçonnées, c’est après toutes les considérations bien pesées, qu’émergent à la fois la réalité des individus, autant que les contours volontiers versatiles, des félicités.
Je suis Avocat !
I am a Lawyer !
Je suis Avocat !
I am a Lawyer !
Jamais je n’avais autant entendu rappeler avec une passion d’ostentation, mais également avec hauteur, dignité et éloquence, ce qui au-delà d’une légitime présentation d’anthropologie professionnelle, induit l’exégèse d’un des plus adulés et des plus aristocratiques des métiers de notre universalité.
Mon fils, mon cher fils, Me Patrice Cabral Shanda Sanou, qui s’en est allée si tôt, en avait fait un statut quasiment déifié, une caste jalouse et presqu’une secte savante réservée à quelques érudits des intelligences juridiques spéciales.
Monsieur le Bâtonner,
Peut-être qu’aurais-je du commencer par m’incliner, me prosterner devant vous, pour mieux dire, exprimer et magnifier, comment je comprends, regarde, ressens et considère votre métier dorénavant, votre corporation, votre statut. Oui l’Avocat, the Lawyer, l’Avocat, the Lawyer. Mais qui est-il véritablement ? C’est qui, qui donc ? Maître Patrice Cabral avait la réponse, une réponse sans appel.
A Bangou où vous avez personnellement honoré la célébration par votre illustre et forte personnalité, j’ai découvert, les mille âmes présentes avec moi, et mieux, ce qu’emporte l’homme, la femme, le génie juriste et le clameur normatif, qu’est l’AVOCAT. Témoignage d’un instant ou réaction émotionnelle suite à une douleur atroce mal contenue résultant de la mort de mon fils ? Que non. Réalité d’admiration et de consécration puis d’humilité savante ? Que oui.
Merci cher frère et très cher compatriote,
L’histoire récente de notre pays nous renseigne déjà à suffire, sur le rôle prépondérant de l’Avocat dans le redimensionnement sociopolitique de la cité, autant que sur les promesses contrariées d’une vie nouvelle, d’institutions nouvelles, et bien plus, sur les attentes s’agissant de la défense des droits et des libertés. Reconnaître ce que fut la force, la puissance et l’influence de la corporation durant les années de braise, c’est renseigner utilement les nouvelles générations sur votre responsabilité dans la suite, dans le futur présent, au regard du vaste chantier du dialogue, de la réconciliation, du pardon et de la tolérance qui tarde manifestement à entrer en maturité.
Mais quoi qu’il en soit, il serait illusoire, pour ma petite personne, pleine d’ignorances honteuses, de tenter de m’élever en porteur de vision, de livrer un jugement cardinal. Pourtant, la belle sortie, la démonstration de solidarité, d’unité, de discipline et d’organisation dont j’ai eu la chance d’être un des témoins privilégiés à Bangou, me conduisent à souhaiter, au-delà de la simple demande citoyenne, que les Avocats du Cameroun se montrent plus actifs et plus insistants dans l’arène. L’Avocat n’est ni le politique ni le sorcier, encore moins le magistrat délibérant et sentencier certes, mais il est absolument, le conducteur, l’influenceur, l’orienteur et l’indicateur de quelques lumières normatives. La robe du Maître consacre son statut indiscutable d’acteur de changement. Critique des normes existantes, il l’est, et conciliateur puis médiateur entre les oppositions d’intérêts, il l’est encore plus que quiconque.
Procureur, oui, il l’est assurément, tant la fréquentation du droit, la défense des libertés et la construction de la doctrine ainsi que de la jurisprudence, que formule consciemment ou inconsciemment sa posture devant le prétoire, font et défont la mécanique mentale du magistrat appelé à trancher. La clameur populaire qui émerge alors, conditionne instantanément l’instinct propre ou impropre du législateur obligé de tenir compte, nonobstant la nature du régime, tout comme la coloration du système de gouvernance dominant.
Monsieur le Bâtonnier,
Comment vous dire merci en langue Bantou ou en toute autre langue de souche authentiquement africaine non souillée des résidus de la colonisation ? Comment gratifier ces centaines de robes noires connues pour animer les joutes utiles des prétoires magistrales de la république, sans tomber dans une forme de zèle des excès ? Je découvre la profondeur de mon ignorance ainsi que de mon extraversion intellectuelle et académique, parce que j’aurais tant voulu le faire avec nos rites simples, munis des enseignements des cauris, agitant l’arbre de la paix et paré d’autres symboles anthropologiques crus.
Merci Maître, cher patron de la corporation des défenseurs des droits et des libertés
Merci les Maîtres et chers compatriotes, vous qui portez cette robe symbole
Vous avez perdu un jeune confrère qui élevait la profession au rang des sublimations référentielles, vous l’avez honoré et accompagné comme beaucoup d’autres avant lui, en même temps que lui, et comme beaucoup d’autres le seront après lui. Vous avez donné l’envie d’être Avocat, vous avez montré l’humanité de l’Avocat, au-delà de la relation dialectique Défenseur-Client trop souvent incomprise, abjecte ou malmenée
Merci vraiment,
J’ai perdu mon fils, et vous un jeune confrère qui rêvait tant, qui portait des ambitions nobles. Déjà le plus jeune de sa promotion, il rêvait d’être bâtonnier à quarante ans et en avait à la fois l’épaisseur académique, les éléments de construction d’une bonne expérience professionnelle, la capacité de recul
et d’humilité publique, mais aussi et surtout le charisme nécessaire, le respect indispensable des aînés et la détermination recommandée. Le destin a délibéré autrement et le ciel a fait un autre arbitrage, objectivement moins favorable. Le pays a perdu un citoyen ordinaire, un jeune de plus qui aspirait à se donner pour les causes justes, car déjà prénommé à la naissance, - ce n’était pas fortuit - sur deux figures emblématiques du combat pour la libération de l’Afrique et du peuple noir. Ma famille a perdu un membre, pas seulement, car un membre qui commençait à prendre le bâton de commandement et à se mouler dans les arcanes de l’apprentissage du leadership conséquent.
Toutefois, le monde, le monde, notre monde, continue et continuera, en allant vers l’avant, parce qu’aucun mort n’a jamais arrêté l’avancement du monde et aucun mort ne freinera les développements des sciences et des techniques. Ni Cheick Anta Diop ni Angela Davis ni Aimé Césaire ni Mongo Béti, ni Lumumba ni Martin Luther King, ni Mao Tsé Toung ni Lénine ni Raymond Aron et ni Mitterrand, ni Ahidjo ni Houphouët, ni Houari Boumediene ni Nelson Mandela ni Murtala Mohammed, ni Steve Biko ni Ruben Um Nyobe ni Malcom X, ni les millions de bébés qui meurent à la naissance, ni Steve Job ni Karl Marx et Duala Manga Bell, ni Gandhi ni Fidel Castro.
Je vous remercie encore, bruyamment.
C’est mon sosie, presque mon totem qui s’en est allé, mais contrairement à la logique qui veut que l’incarnation du totem disparaisse après le totem, je survivrai à la disparition de mon totem, tant mes combats, nos combats sont multiples, et nos missions délicates et historiquement obligeantes. De plus, je survivrai et resterai debout autant que constant et ferme, pour mieux honorer la mémoire de Patrice Cabral, lui qui avait de son père, une image de géant robuste, résistant à toutes les épreuves et tentations de fatalisme, battant et réconciliateur intrépide des souffrances et des bonheurs, des honneurs et des déshonneurs.
Merci monsieur le Bâtonnier, mon cher frère et compatriote,
Vive le Cameroun, l’Afrique et le Monde qui avancent, malgré certains départs précipités de la scène.
Je veux ici, saisir l’occasion, pour m’incliner devant la mémoire des Me Bernard Muna, Ngongo Ottou, Tchakounté Patié, Tang et beaucoup d’autres, ces compatriotes et érudits de la profession, qui ont presque tout donné au Barreau. Je veux saluer tous les autres, ceux qui auprès de vous et avec vous, ont fait de la défense des droits et des libertés autant que de la progression institutionnelle et politique de notre pays, un combat de tous les instants, un combat sacré. Je veux convoquer Maitre Vergès à l’international, juriste progressiste, homme de grands principes, citoyen du monde et Avocats des faibles, des oppressés et des sans-voix.
Je vous remercie tous.
Je vous supplie enfin, de réfléchir sur les termes de référence, d’un prix Me Patrice Cabral Shanda Sanou, dont je me chargerai de trouver les moyens de financement nécessaires annuellement. Et quémandant leur permission, je me considère comme un des PARRAINS HONORAIRES DE FAIT, de tous ses confrères de la promotion Achu Ben Muna.
Avec mes vibrants et sincères encouragements, mon profond respect, ainsi que mes sentiments fraternels et émouvants./.
IMPORTANT
En même temps que sèche l’encre de ma plume à la conclusion des présents remerciements, mes larmes sèchent, sèchent vraiment, et je me sens petit à petit, tendrement, délivré d’un si effroyable, indescriptible, lourd, mais humain chagrin./.
#ShandaTonme #MeCabralSanou #Remerciements #BâtonnierMeMbah #CamerounLire aussi
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