Le maître s’en est allé, comme savent le faire les hommes de sa classe. Sur la pointe des pieds et sans crier gare, terrassé par une crise cardiaque. Ebeny Donald Wesley est mort dans l’après midi de Lundi 19 septembre à Yaoundé. Il est musicien-batteur. Mais on le connait plus sur la batterie dont il est devenu une virtuose. Il s’est illustré comme le meilleur au Cameroun dans sa categorie avant d’exporter son talent à travers le monde.

Agé de 54 ans, Ebeny Donald Wesley était l'un des membres du trio qui a écrit les plus belles pages du makossa. La fameuse «équipe nationale du makossa» animée entre autres par Toto Guillaume, Aladji Touré, etc.

Un parcours de combattant.

Son amour pour la musique commence très tôt, alors qu’il est encore inscrit à l’école primaire. La musique n’est pas des plus rentables. A Bafang, Ebeny joue de la batterie dans la soirée et le matin il revêt une casquette de commerçant. Il officie comme colonel d’infanterie et visite de nombreux pays dans ses débuts de carrière. « On nous appelait l’équipe nationale du makossa, mais nous jouons aussi d’autres rythmes. Le premier bikutsi, nous l’avons enregistré à Bafoussam », précise l’artiste. Après son expérience extérieure, l’artiste pose ses valises au pays et produit des artistes locaux, dont Dina Bell. Vite, les magazines étrangers s’intéressent à ce noir qui produit de la musique africaine. Il reçoit une invitation des black cocus qui veulent le découvrir. Le producteur de renommée internationale Joe Adams, lui propose de jouer en live avec Lionel Richie. C’est un succès planétaire. D’autres collaborations suivront avec Stevie Wonder et autres. Les projets de l’artiste qui vit actuellement à Luxembourg, tournent autour de la propulsion d’artistes locaux. Il l’indique l’avoir déjà fait par le passé avec Dina Bell, Richard Bona, Mango, Douleur, Dedy Dibango.

Une musique Camerounaise en pâture.

Au cours d’une interview accordée à la chaîne de télévision Camerounaise Canal2 international, c'est un autre Ebeny Donald Wesley que l'on découvre. Prolixe dans son évocation teintée de fierté, intarissable d'anecdotes sur ses multiples scènes, mélancolique devant l'état de cette musique qu'il a servie depuis près de 50 ans. Non sans évoquer avec fierté etre l’auteur de la « mise en boite rythmique de la musique de la firme Yamaha » dans un studio de Paris en France. Pour regretter ensuite n’avoir pas mis une batterie juridique de cette œuvre qui « A ce jour devrait me rapporter beaucoup d’argent ». Au-delà de toute ces prouesses et talents qu’on lui connait, Ebeny exprime des regrets qu’il a fait savoir « la musique Camerounaise n’est plus competitive » et pointe le doigt accusateur sur les politiques qui « n’ont pas fait leur travail de protection de la musique locale »