Cameroun - Présidentielle 2018 : 10 scrutins pour deux présidents depuis 1960
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Cameroun - Présidentielle 2018 : 10 scrutins pour deux présidents depuis 1960 :: CAMEROON

Depuis l’indépendance, le Cameroun va bientôt connaître sa 11eme élection présidentielle, et n’a connu jusqu’ici que deux présidents. On est passé des élections à la Russe aux élections business, sans que le pays ne connaisse de véritable alternance.

Le Conseil électoral d'Elections Cameroon vient de rendre public la liste des candeen lice pour le fauteuil présidentiel.

Les candidats en lice.

C’est désormais officiel, ils sont 9 candidats retenus pour la conquête du Palais d’Etoudi le 7 octobre prochain, sous réserve des recours qui pourront être déposées devant le Conseil Constitutionnel dans 48h. Le Cameroun sera ainsi rendu à sa onzième élection présidentielle depuis l’accession du pays à l’indépendance. Une fois libéré de la tutelle française et britannique en 1960 donc, l’histoire de l’élection présidentielle commence en 1965, le 20 mars plus précisément. Ahmadou Ahidjo, qui a prononcé le discours de la nation le 1er janvier 1960 est le seul candidat. Il représente le parti Uc-Pndc, défini comme l’Union Camerounaise-Parti national démocratique du Cameroun. D’après les archives, il remporte les élections avec 100%, alors que la participation est de 95,1 %.

En mode 100%

A l’époque, le mandat présidentiel est de 5 ans, et la deuxième élection a lieu le 28 mars 1970. Le président sortant Ahmadou Ahidjo est toujours le seul candidat et l’emporte avec 100 % des résultats. Le Cameroun fonctionne alors sur la base d’un régime à parti unique, le vote est obligatoire et la participation est de 99,4 %. La troisième élection a lieu le 5 avril 1975. Rien n’a changé ni au niveau de la candidature, ni au niveau de la participation, encore moins au niveau des résultats. Pour une troisième fois, le président sortant Ahmadou Ahidjo est le seul candidat et l’emporte avec 100 % des votes. Toujours à la date du 5 avril en 1980, les Camerounais sont pour la quatrième fois appelés aux urnes pour élire le président de la République. Selon les contemporains de l’époque, dire qu’ils étaient appelés aux urnes est un bien gentil mot, car le vote était obligatoire, l’adhésion au parti unique obligatoire aussi.

D’ailleurs la carte du parti et la carte de vote étaient exigées lors des contrôles de police, et celui dont la carte de vote n’avait pas été cochée à la date de l’élection comme ayant voté risquait gros. Naturellement, Ahmadou Ahidjo l’emporte encore avec 100% de suffrages pour une participation de 99%. Ce quatrième mandat, il le consommera de moitié seulement, contraint par la fatigue d’abandonner le 4 novembre 1982 à l’âge de 58 ans, après 24 ans 8 mois et 17 jours au pouvoir. Il laisse les rênes à son successeur constitutionnel, Paul Biya qui doit achever le mandat. Mais les conflits de leadership entre Ahidjo qui reste le président du parti unique et le président de la République crée une crise au sommet. Paul Biya à qui son prédécesseur veut tout imposer, en lui rappelant qu’il n’a pas été élu, décide d’écourter ce mandat et prendre le sien. Il anticipe alors l’élection présidentielle, et la cinquième de l’histoire se tient le 14 janvier 1984. L’Union nationale camerounaise (Unc) reste le seul parti autorisé au Cameroun, Paul Biya est le seul candidat, et comme son prédécesseur, 100% est son score. Le mandat étant toujours de 5 ans, Paul Biya n’attendra pas de l’achever en 1989 et anticipe une fois de plus les élections qu’il veut générales le 24 avril 1988. Les Camerounais vont pour la sixième fois aux urnes pour élire le président de la République et les députés le même jour. Le président sortant se présente cette fois sous la bannière du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), nouveau nom de baptême du parti unique, adopté lors du congrès de la refondation à Bamenda en 1985. 100% est toujours le score sorti des urnes.

Fin du plébiscite permanent

Deux jours après la démission du premier président de la République du Cameroun Ahmadou Ahidjo, c’était au tour de son Premier ministre, successeur constitutionnel de prendre le pouvoir

Biya et Ahidjo.

En 1992, la septième élection présidentielle est aussi la première avec des candidats multiples. Le vent de la démocratie appelé vent de l’Est a soufflé partout en Afrique, contraignant les pays à l’ouverture démocratique. C’est dans cette foulée que la loi 90/55 du 19 décembre 1990 régissant les associations et les partis politiques est adoptée, ouvrant la voie à la création des partis politiques. 6 candidats sont en lice cette année-là pour la présidentielle. Les résultats proclamés par la Cour suprême donneront Paul Biya vainqueur avec 40%. Désormais le champ est ouvert. 7 candidats seront en course en 1997 pour la huitième élection présidentielle, 16 en 2004 pour la neuvième et 13 en 2011 pour la dixième.

Le poids du destin

Au fil du temps, certains ont fait de l’élection présidentielle un fonds de commerce et même un objet de ridicule. C’est ce qui a été observé en 2011 quand 52 dossiers de candidatures ont été enregistrés, et après toilettage Elecam en a laissé 23, réduits à 13 par des désistements le jour du scrutin. Le Cameroun est aujourd’hui rendu à sa onzième élection présidentielle. Et les choses semblent désormais plus sérieuses. Les conditions pour être candidats ont été revues dans le code électoral du 19 avril 2012, fixant par exemple la caution à 30 millions de francs cfa et exigeant que les candidats soient présentés par un parti politique ayant au moins un élu localement. Le Conseil électoral d’Elecam a passé au tamis 27 dossiers pour en retenir 9. L’engouement au sein de la population est perceptible, les choses sérieuses commencent.  Le poids du destin d’un peuple est sur les épaules de ces candidats, qui devront désormais en prendre la juste mesure, se dépouiller des égo et n’avoir pour seule motivation que le bien-être des populations, qui rêvent, anxieuses, de voir leur souffrances allégées.

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