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© Camer.be : Interview Réalisée Par Alain Ndanga
- 10 Jul 2018 16:24:04
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Cameroun, Franklin Mowha, Président Du Frontline Fithgters For Citizens Interest (Ffci) : « Nous Avons Noué D'importantes Relations Avec Des Sécessionnistes » :: Cameroon
Rencontré ce jour dans son fief d’intervention à Kumba dans le Sud-ouest-Cameroun, l’activiste, défenseur des droits de l’homme, fait de fracassantes révélations à Camer.be au sujet de la crise dans les deux Régions anglophones. Il parle de sa relation avec des forces sécessionnistes, donne son avis sur le plan d’assistance humanitaire d’urgence décrété par Paul Biya, Président de la République, propose des solutions pour une sortie de crise durable.
Le plan d’assistance humanitaire d’urgence est lancé au Cameroun pour faire face à la crise dans les deux régions anglophones, votre lecture ?
C’est une initiative louable, dans la mesure où l’Etat est conscient que nombre de citoyens ont été contraints de quitter leurs lieux de résidences, ceci sans nourritures, sans abris et pis encore, sans soins médicaux conventionnels. Donc l’Etat est dans son devoir régalien. Nous aurons souhaité que cette opération arrive plus tôt. J’espère qu’une partie de ces ressources collectées seront reversées au HCR (Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés), qui est la seule organisation au monde habilitée à encadrer des personnes déplacées ?
Quel est le climat qui prévaut actuellement sur le terrain ?
C’est une question très difficile. Une opération humanitaire ne peut porter des fruits qu’après l’accalmie, donc dans un climat devenu serein, après de soubresauts. C’est absolument le contraire que nous vivons dans les deux Régions concernées par la crise. La violence est grimpante, tant du côté des milices que du côté des forces de défenses et de sécurité. Il ne se passe pas un seul jour sans qu’il y ait des morts sur le terrain. Pour mieux cerner la situation, nous y avons déployé une équipe d’enquêteurs, le premier mai dernier, conduite par Dr Onward Erica, secrétaire général du FFCI à l’effet d’identifier les villages désertés et les personnes déplacées, leurs besoins et les sites de relocalisation provisoire. Au jour d’aujourd’hui, nous avons pu identifier dans le Nord-ouest, 6 villages désertés et plus de 37 dans le Sud-ouest.
L’on dit déplorer le manque de logistique et de ressources humaines du côté des forces de défense et de sécurité, et du coup, les forces sécessionnistes gagnent le terrain. Vous le confirmez ?
Tout à fait. Jusqu’à preuve de contraire, il n’y a plus de victimes que de renfort sur le terrain. Lorsqu’une équipe est attaquée et qu’il faut renforcer, les autorités locales prétendent ne pas avoir d’effectifs suffisants. Sur le plan logistique, c’est alarmant d’avoir constaté pendant nos campagnes sur le terrain, que le matériel roulant des forces de défense et de sécurité en plein guerre est vieillissant. D’autres chefs d’unités font du matériel de l’Etat, leur propriété privée, exposant les éléments dans la gueule des forces sécessionnistes. Certaines interventions se font à l’aide des mototaxis et de véhicules de fortune, parfois possédés par des « maquisards ». De l’autre côté, l’on trouve des matériels roulants en panne avec des roues lisses comme des carreaux. Pire quand certaines unités de commandement n’en possèdent même pas du tout.
Etant membre d’une organisation de défense des droits humains sur le terrain depuis le déclenchement de la crise, comment faire pour sortir de cette impasse ?
Notre rôle sur le terrain consiste à sensibiliser les deux parties en conflits pour un cessez le feu sans délai, ce qui permettrait d’inventorier les pertes et établir les besoins des personnes à recadrer ou à assister. Ce n’est qu’après cette démarche que l’aide humanitaire aura tout son sens.
On vous soupçonne toujours d’avoir des liens avec les sécessionnistes ?
En ma qualité d’activiste humanitaire, présent sur le terrain depuis la genèse de la crise, nous avons noué d’importantes relations avec des sécessionnistes d’une part et avec des autorités camerounaises d’autre part. Nous sommes dans une démarche de recherche de solutions, nous voulons voir les droits humains être respectés. C'est-à-dire que des enfants reprennent le chemin de l’école, que des populations vaquent normalement à leurs activités quotidiennes. Ce n’est pas une tâche aisée, puisque nous le faisons au risque de perdre nos vies quand nous sommes du côté des rebelles, et bien avant la crise, j’ai été l’un des clients fidèles des prisons du Cameroun à cause de mon militantisme. Je ne pense pas qu’à cause de ces défis, nous allons laisser plonger tout un pays dans la merde. J’en en appelle à chaque citoyen de ce pays, d’être épris de paix et bon sens.
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