Parti unifié : pour instrumentaliser, distraire et avilir le peuple ivoirien ?
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Il reste environ deux ans aux Ivoiriens pour aller aux urnes et confier la destinée du pays à l’un des leurs. A l’approche de ces échéances, que  de guéguerres au sein des partis politiques, et entre alliés qui ne s’accordent plus sur les conditions et les moyens de la désignation du futur candidat. L’exemple ici est donné  par le RHDP où l’incompréhension  et, sans doute aussi, la mauvaise foi ont pris le pas sur l’entente cordiale d’hier. Un énorme fossé s’est creusé entre les alliés d’hier. Ainsi, on assiste de plus en plus à des échanges des plus inélégants entre partisans de chaque groupe. Des lieutenants, à l’instar des ministres Cissé Bacongo, Adama Bictogo, Touré Mamadou dans le camp du RDR toujours prêts à ‘‘dégainer’’ comme dans des films western.

Au PDCI, le secrétaire exécutif en chef le ministre Maurice Kacou Guikahué et son adjoint Noël Akossi Bendjo, Jean Louis Billon ainsi que les jeunesses rurale et urbaine qui n’hésitent pas, de leur côté à donner la riposte en fustigeant l’attitude des cadres du RDR. Ils profitent également de chaque occasion pour préciser la position de leur parti à propos du parti unifié.  

Pour agrémenter la partie, on assiste à des batailles rangées entre militants du même camp : Adjoumani opposé à Guikahué, tandis que Duncan est considéré comme plus proche de Ouattara que du président de son parti Henri Konan Bédié. Un « Juda » en quelque sorte. Etc. A titre de rappel, précisément depuis le mois de mars dernier, plusieurs militants du  PDCI-RDA ont franchi le rubicon à Yamoussoukro, à l’occasion d’un hommage rendu au président de leur parti, en déclarant : « en 2020, le PDCI-RDA aura son candidat. Et ce dernier doit être soutenu par nos alliés ». Ces propos sont de Jean-Louis Billon. Toujours selon lui, la question relative au parti unifié ne sera abordée qu’après la présidentielle.  Le RDR, bien évidemment,  ne l’entend pas de cette oreille. Cette rencontre à peine achevée,  Bictogo et Kandia Camara Kamissoko ont donné la riposte en traitant Jean-Louis Billon de « politicien de salon ».

Depuis, la Côte d’Ivoire vit et respire au rythme de ce débat. Il ne se passe pas de jour où l’on n’évoque pas les problèmes PDCI-RDA/RDR ; la rupture entre Bédié et Ouattara, ou Bédié/Kablan Duncan, ou encore Adjoumani /Guikahué, ou bien l’UPCI qui dit non au parti unifié, l’UDPCI qui a choisi son candidat à la prochaine présidentielle et qui dit oui au parti unifié, et patati et patata. En somme, tout tourne autour de la question du parti unifié. L’émergence annoncée à l’horizon 2020 n’est presque plus d’actualité.  Toute la vie citoyenne de notre pays est focalisée sur la vie de ces partis politiques (PDCI-RDA, RDR, UDPCI, UPCI et MFA).

Les organes de presse ne dérogent pas à la règle. Ils suivent tous la cadence et s’en donnent à cœur joie. Des quotidiens aux hebdomadaires en passant par les mensuels, chacun y va de son commentaire avec des « Une » qui sèment la psychose au sein de la population. Ils titrent par exemple : Parti unifié, le président du Sénat Jeannot Ahoussou Kouadio « mon hymne est au-dessus de mon parti ». Ou « Guikahué trahit par son micro rejoint le haut-parleur », Alassane Ouattara : « le parti unifié se constituera avec ceux qui le voudront », ». Le Secrétaire exécutif du PDCI, Maurice Kacou Guikahué : « Je suis prêt à soutenir la candidature d’un cadre du PDCI-RDA ». Henri Konan Bédié : « l’alternance est non négociable », « longue, longue vie au PDCI-RDA.

Ce qui devrait n’être qu’une affaire des partis politiques gangrènent donc aujourd’hui la vie des populations. Les questions de développement, de l’emploi des jeunes et des femmes, de santé, de l’’école, d’environnement, que sais-je encore  sont reléguées au second plan. L’on se demande même si elles constituent encore une préoccupation pour les dirigeants.

Les dirigeants du pays et les hommes politiques engouffrent les populations dans le débat stérile sur le parti unifié, pendant qu’ils pillent l’économie du pays,  s’adonnent à des actes de corruption et de mal gouvernance. L’illustration la plus catastrophique est la fraude sur le dédouanement des véhicules au guichet unique révélée par l’hebdomadaire « l’Eléphant déchaîné ». Des personnalités du gouvernement sont impliquées. On cite entre autre le garde des sceaux ministre de la justice, Sansan Kambilé et le ministre des affaires étrangères, Marcel Amon Tanoh et son épouse. Face au mutisme du Chef de l’Etat et du premier ministre à propos de l’incrimination de leurs ministres, le président du Lider et ex-président de l’Assemblée nationale Mamadou Koulibaly ironise en disant : « A parti unifié, justice unifiée ».

Pendant ce temps, le panier de la ménagère se rétrécie au fil des jours au grand dam de la population sans que cela ne préoccupe personne. Pendant ce temps également le prix du carburant augmente. Le coût de l’électricité augmente. Des projets de lois telles que l’application du SMIG qui a été adoptée à l’Assemblée nationale depuis des années n’est pas encore rentrée en application. Et tout cela ne semble émouvoir grand monde. .

Les cours sont interrompus dans certaines universités suite aux grèves intempestives des enseignants, les urgences du CHU de Treichville fermées, et même celles dites fonctionnelles restent à désirer. Les yeux sont rivés sur l’Assurance Maladie universelle (AMU) annoncée en grandes pompes. Pendant ce temps encore et encore, les pénuries d’eau s’accentuent à Bouaké. Sur le plan administratif, on prend les mêmes et on les positionne à des postes encore plus juteux. Par exemple, Adama Toungara est passé de ministre de l’énergie et des mines à la tête de la Médiature de la république. L’ex-ministre du PDCI Allah Kouadio Rémi a été propulsé comme PCA de la SIR, etc. S’ils ne sont pas affectés à des postes plus onéreux, ils sont maintenus aux postes qu’ils occupent depuis des décennies.  Construction d’universités et  d’hôpitaux, l’emploi des jeunes et des femmes, tous ces  projets de campagne restent  lettre morte et chimères. Le café et le cacao, piliers de l’économie ivoirienne, sont achetés à des prix dérisoires aux producteurs. La liste de la désillusion est si longue qu’elle ne peut être énumérée dans un article.

Comme réponse à toutes ces désillusions, on construit des routes. Argument : « la route précède le développement ». Pendant ce temps, le peuple lui, assiste impuissant au décalage de ses espoirs!

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