Leopold Chendjou : Plaidoyer pour la presse Camerounaise. Lettre ouverte au president du GICAM.
CAMEROUN :: SOCIETE

Leopold Chendjou : Plaidoyer pour la presse Camerounaise. Lettre ouverte au president du GICAM. :: CAMEROON

Dans une lettre parvenue à notre rédaction, le journaliste passe au crible les maux qui minent la presse au Cameroun et appelle le Groupement Inter Patronal au secours.

Monsieur le Président,

Il ne fait point de doute que l’annonce de la suspension des parutions du QUOTIDIEN DE L’ECONOMIE ne vous a pas laissé indifférent. Comment pouvait-il en être autrement quand on sait que ce journal avait fait de la couverture de l’actualité économique en générale et des évènements du GICAM en particulier son dada.

Monsieur le Président,

Le cas du QUOTIDIEN DE L’ECONOMIE est illustratif de la situation de misère dans laquelle croupissent les entreprises de presse au Cameroun. En réalité, il s’agit de tout sauf de véritables entreprises constituées. Rares sont celles qui n’accusent pas 10 mois voir plus, d’arriérés de salaires, rares sont celles dont les employés sont affiliés à la CNPS, rares sont celles qui disposent d’un cadre de travail digne et décent, rares sont celles qui peuvent offrir des primes et autres gratifications à leurs journalistes…

Voilà qui explique Mr le président, la course effrénée de certains journalistes vers des buffets lors des évènements dans les hôtels, voilà qui explique Mr le Président, l’impertinence dont certains font montrer en réclamant sans vergogne, sans pudeur le « per diem » à la fin des cérémonie, voilà qui explique Mr le président, l’état misérable de nombre de journalistes, incapables de se vêtir dignement. Malades, seuls des mains levées permettent de retarder l’échéance fatidique. Morts, seules les collectes permettent d’acheter cercueil et de payer les frais mortuaires....

Monsieur le Président,

Face à ce triste et sombre tableau, le GICAM, principal mouvement patronal camerounais ne doit pas rester indifférent. Il doit porter un plaidoyer sincère auprès de l’Etat afin que celui-ci appuie véritablement la presse privée au Cameroun. Qu’on se le dise : Des dizaines, voire des centaines d’organes de presse croupissent sous une misère indescriptible, alors même qu’ils réclament plusieurs millions de FCFA dans les ministères. Des membres et adhérents du GICAM, donneurs d’ordres publicitaires rechignent à régler la facture le moment venu. N’est-il donc pas temps pour le GICAM de sommer ceux de ses adhérents débiteurs de ses organes de presse d’honorer à leurs engagements ?

Monsieur le président,

Un éminent Nobel d’Economie a récemment indiqué qu’il n’y’a pas de développement économique sans une presse libre et forte. Le Groupement Inter patronal du Cameroun (GICAM) devrait s’approprier ce paradigme et en faire une thématique de discussion dans le cadre de

ses traditionnelles instances de discussion avec l’Etat. Evidemment, un aggiornamento de la part des professionnels des médias que nous sommes est tout aussi nécessaire. Oui en plus, du professionnalisme, il faut aussi - je suis d’avis avec Mireille Fomekong - créer de véritables entreprises de presse, qui produisent des biens et services de qualité, capables de rivaliser avec d’autres. Oui, des entreprises capables de grandir, de faire des bénéfices et surtout de redistribuer (impôts, salaires et autres gratifications)

Monsieur le président,

En conclusion, il est évident que le GICAM peut porter action de sauvetage de la presse privée camerounaise. Il en a les moyens, il a la de la pugnacité pour le faire. Comment peut-il d’ailleurs en être autrement ? C’est connu que de tous que l’actuel Président du Gicam a beaucoup d’amis dans la presse. Mieux, Alain Blaise Batongue, le Secrétaire exécutif de l’auguste institution patronale est un pur produit de cette même presse. Même parti de ce milieu, il est toujours cité comme un modèle de professionnalisme. Plus généralement, le secteur privé camerounais en général, le GICAM en particulier ne peut jamais nier l’important rôle qu’a joué la presse pour l’assainissement du climat des affaires au Cameroun. Il est temps qu’elle en soit remerciée…

Comment ne pas finir sans partager avec vous cette anecdote du weekend. A un potentiel mécène a qui j’ai tendu la sébile pour les frais de productions de la présente édition, la réponse a été surprenante « Je ne veux pas rentrer dans ce jeu d’éteindre le feu un peu partout. J’ai moi aussi des problèmes et je vous ai souvent aidé. Soyez un peu plus digne ». De sa réplique, j’ai compris que plusieurs personnalités, surtout du monde des affaires ne savent plus où donner de la tête fasse aux multiples sollicitations des journalistes et autres directeurs de publication. Pour ce qui est de l’appel à la dignité, je creuse encore mes méninges pour comprendre . C’est tout dire

Sincères considérations

Léopold Chendjou

Journaliste- Directeur de publication du JOURNAL DU WEEK- END

chaleoche@yahoo.fr

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