Fonction publique : Peut-on être fonctionnaire et riche ?
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Le train de vie des agents publics sur la sellette.

L’actualité de cette semaine est dominée par les évènements qui nous viennent du ministère des finances. En effet, le chef de la division de l’informatique de ce ministère, Emmanuel Leubou, et cinq autres responsables de la chaîne de gestion du fichier solde de l’État, sont aux arrêts depuis quelques temps, dans le cadre d’une vaste opération visant à traquer les auteurs et bénéficiaires d’émargements irréguliers.

Également président d’Unisport de Bafang, un club de football de D1, Leubou est soupçonné d’avoir introduit un réseau de fausses informations dans la base de données des salaires des agents publics, dont le préjudice financier est annuellement estimé à 13 milliards FCFA. Selon des sources, une centaine de responsables, dans différents département ministériels, sont aujourd’hui sous le coup d’enquêtes judiciaires portant sur des milliers de fonctionnaires fictifs, de faux actes d’intégration, de doubles salaires et autres stratégies de fraude administrative et financière.

Ce énième scandale prouve à suffisance le niveau de richesse de certains fonctionnaires devant lesquels même les hommes d’affaires les plus aguerris ne sont que des porteurs de sacs. Il n’ya que dans notre pays qu’un fonctionnaire peut jouer les Abrahamovic en étant président d’un club de football. L’argent facile dont jouissent certains fonctionnaires a toujours été sous le feu des critiques. Ce n’est en effet pas la première fois que des agents publics s’illustrent à travers leur niveau d’enrichissement illicite. Et on ne parle pas que des ministres. On a encore en mémoire le scandale Antoine Félix Samba, du nom de l’ex-Dg du budget dont les images du palais avaient fait le tour des réseaux sociaux. Une enquête menée par nos soins avait révélé alors qu’il trônait à la tête d’un véritable empire financier.

De même, dans son dernier rapport, la Conacest restée pantoise devant le niveau de richesse de certains fonctionnaires no name. Singulièrement, le secteur des douanes a été pris en grippe dans ledit rapport.La Commission nationale anti-corruption a débusqué diverses techniques de corruption à ciel ouvert développées par des douaniers véreux. Parmi les pratiques de corruption identifiées dans ce secteur, figure, par exemple, l’existence, à Douala, d’un quartier luxueux des douaniers dans la zone de Ndogbong. 21 fonctionnaires de la douane ont été, au cours de la période allant de 2010 à 2015, auditionnés par la mission de la Conac. Ces derniers ont avoué être propriétaires de plusieurs immeubles bâtis aussi bien à Douala qu’ailleurs et sont détenteurs de nombreux comptes bancaires à solde créditeur, dont les montants s’élèvent à plus de 134 millions de F cfa.

D’après le président de la Conac, le plus illustre de ces fonctionnaires de la douane est en service à Maroua et avait été recruté au grade de préposé des douanes avec son CEPE. Il y a quelques années. Il est devenu adjudant des douanes et a réussi l’exploit d’être propriétaire de 13 villas en dur bâties sur terrains titrés, d’un immeuble de cinq niveaux construit aussi sur terrain titré. Ce cadre des douanes le plus fortuné, dont le nom n’a pas été révélé, est aussi détenteur de 10 terrains immatriculés. A ce vaste domaine immobilier, s’ajoute, dans son registre de propriétés, cinq camions de 30 tonnes de charge utile, cinq cars Toyota Coaster de 28 places, deux cars de 18 places et un parc automobile plein de véhicules personnels haut de gamme.

Dans ce cafouillis, l’Etat perd énormément. Par exemple, selon la Conac, sur la période 2010-2014, l’État a subi des pertes d’une valeur de 12 milliards 340 millions 813 mille 670 Fcfa, dont 581 milliards 275 millions 898 mil 299 Fcfa au titre des exonérations illégalement octroyées.Entre 2010 et 2015, le Cameroun a perdu 1 246 milliards FCfa du fait de la corruption et la fraude au sein de la douane. Le fichier solde de l’Etat est devenu la mamelle nourricière de prédateurs, à côté des actes de corruption et détournements tous azimuts. Relativement aux salaires fictifs, plus de 1920 milliards FCFA ont été détournés entre 1987 (début de la crise) et 2007 (atteinte de point d'achèvement de l'initiative PPTE).

La saignée  continue.

Ce chiffre est de loin supérieur aux 1420 milliards FCFA de remise de la dette accordée au Cameroun à la faveur de l'atteinte du point d'achèvement de l'initiative PPTE. Tandis que les vrais prestataires de l’Etat ne sont pas payés pour des raisons de tension de trésorerie, certains, par des stratégies machiavéliques, s’enrichissent. L’opération de comptage physique des agents de l’Etat qu’a lancée le ministre des finances, va-t-elle aider à stopper la saignée ? Cette semaine, nos experts ont répondu aux questions suivantes : Comment comprendre que des fonctionnaires en arrivent à être des milliardaires ? Fonction publique rime-t-elle avec richesse  ou avec pauvreté ?

Comment a-t-on pu laisser que les choses atteignent ce niveau ? Quand on voit ce qui se passe au sein de la division informatique du Minfi, haut-lieu de détournements, ne doit-on dératiser cette sphère ? Peuton contrôler l’enrichissement des fonctionnaires ? Si oui comment ?

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