Rendormir l'Epervier ?
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Deux interdictions de sortie du territoire qui circulent subitement sur les réseaux. En dehors de la récente concernant Basile Atangana Kouna et Louis Max Ayina Ohandja, il y a d’abord eu celle qui épinglait le directeur général de la Cameroon Telecommunications (Camtel), David Nkoto Emane, et sept de ses collaborateurs.

Ceci suscite deux questions qui s’emboitent : premièrement, qui est l’auteur des fuites de documents de la Police révélant des informations sur l’état d’avancement de certaines enquêtes en cours ? Deuxièmement, à qui profitent ces fuites ? A l’analyse, trois éléments essayent d’apporter des réponses à ce questionnement.

En premier lieu, l’argument (naïf ?) de la douce étreinte du buzz. N’importe quel usager tombé tout à fait par hasard sur ces documents s’amuserait à animer la galerie, avec la satisfaction inavouée d’être celui qui est à l’origine de l’information. Il n’aurait alors aucune arrière-pensée. Sauf que le hasard qui accouche du buzz ne semble pas être une piste sérieuse. Ceci, au regard du caractère récidiviste des fuites dont on parle. D’où cette deuxième hypothèse. Celle qui veut que ce soient les potentielles victimes de l’ « opération Epervier » ellesmêmes qui manoeuvrent dans l’ombre.

Plusieurs de ces  messieurs et dames dont les noms figurent sur les documents en question savent en effet (presque) tous qu’ils font l’objet d’une enquête. Certains ont même été épinglés de façon publique par des instances de contrôle de gestion des finances publiques. Leur objectif serait donc de tuer l’effet de surprise cher au pouvoir d’Etoudi, en rendant publiques ces affaires. Le coup de frein que subira l’interpellation leur donnerait alors le temps de fondre éventuellement dans la nature, ou d’actionner leur réseau tentaculaire dans les services d’intelligence, afin de tuer l’affaire.

Réseau : mot-clé intéressant dans cette histoire digne d’un film d’espionnage. Car, sur les documents qui fuitent, l’expéditeur et les destinataires apparaissent clairement. Des mains, des chevalets et des gourmettes aussi. La troisième et dernière hypothèse voudrait donc que les fuites proviennent de l’intérieur. Une piste d’analyse difficile à explorer, dans la mesure où jusqu’ici, la police est restée muette sur ces actes qui tendent à saboter son travail.

En fait, le ciel de la gestion publique au Cameroun était d’un azur chatoyant depuis des années. Aucun nuage pour assombrir la vue ou déclencher de violents orages. Ceci, du fait de l’absence de l’Epervier, entré en hibernation depuis belles lurettes. Mais, il s’avère que des individus fouineurs ont fait trop de bruits ; réveillant ainsi l’impitoyable rapace aux serres acérées. Lequel, visiblement, vient de déployer ses ailes pour prendre son envol et entamer la chasse.

Sauf que, dans un instinct de survie, les proies en ligne de mire ont eu le réflexe de pulvériser un puissant somnifère dans l’air : les réseaux sociaux. Avant l’arrivée de ces outils, c’est bien les journaux qui servaient de hautparleurs aux rumeurs d’arrestations à venir. La méthode d’empoisonnement a muté au gré de l’évolution des nouvelles technologies, et prend désormais plus de temps. La police est certainement en train d’enfiler un masque à gaz pour éviter la somnolence qui précède le sommeil. Mais, il faut aussi trouver les indics… si jamais il y en a. L’Epervier crie famine.

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