Bernard Ouandji : ça allait vite dans la prise des décisions
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L’économiste analyse la permutation de postes entre Alamine Ousmane Mey et Louis Paul Motaze.

Lors du récent réaménagement ministériel, Alamine Ousmane Mey, autrefois ministre des Finances (Minfi), a été nommé ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat). Pendant ce temps, Louis Paul Motaze effectue le chemin inverse. Comment peut-on expliquer ce chassé-croisé ?
Demandez directement au chef d’orchestre ; les deux hommes sont ses fils adoptifs avec le même niveau de loyauté. Il se pourrait qu’il recherche plus d’efficacité dans l’exécution des projets qui lui sont chers. Selon nos procédures, le Minepat engage les projets en fonction du budget annuel voté par l’Assemblée nationale.

Malheureusement, en ce moment, un grand nombre de projets ne fonctionnent pas à cause de l’incapacité du ministère des Finances à payer les 10% d’apport personnel requis dans les conventions avec Eximbank China et d’autres bailleurs de fonds. Est-ce que l’ex-Minfi ne collaborait pas à l’exécution des projets chers au chef de l’Etat ? En tout cas, la permutation va permettre au nouveau Minfi de payer lui-même ce qu’il a engagé. Mais encore faut-il qu’il trouve de l’argent dans les caisses.

Les deux ministres sont nommés en plein exercice budgétaire. Y a-t-il des risques que le Cameroun n’atteigne pas ses objectifs ?
Le seul risque c’est d’être rattrapé par la sincérité budgétaire. C’est un principe de finances publiques que je recommande d’appliquer depuis 2014. Mais Bernard Ouandji n’est pas écouté quand il écrit que le Cameroun a un déficit budgétaire de 30%. Voilà la contradiction à laquelle le Rassemblement démocratique du peuple camerounais doit faire face. Cesser de proclamer des chiffres de propagande comme le défunt taux de croissance de 6%.

Ou que l’Assemblée nationale vote à répétition des budgets en déclarant que « le budget est équilibré en  recettes et dépenses à la somme de …. » ; or le  déficit persiste et quand les caisses sont vides le système, le parti au pouvoir va blâmer le ministre des Finances. Par prémonition, le ministre Motaze a réussi à effectuer un redéploiement des cadres du Minepat peu avant la permutation, ce qui signifie qu’il a encore la haute main sur le fonctionnement du département qu’il quitte. Et vice versa.

Dans le passé, le Minepat et le ministère des Finances ont souvent été fusionnés, puis séparés. Quel est votre verdict final ?
Au début des années 1990 et à deux reprises, j’ai eu à exercer comme Conseiller spécial du ministre de l’Economie et des Finances, poste fusionné. Tout était urgent, notamment les dossiers tels que la réforme des banques, le sauvetage des grandes sociétés d’Etat comme la Cameroon Development Corporation du temps de Peter Mafany Musonge, la Société nationale d’investissement (Sni), la Société de développement de coton, hévéa du Cameroun (Hevecam), etc. je peux vous dire que ça allait vite dans la prise des décisions, la fusion des deux postes aidant.

Dans le contexte immédiatement post-dévaluation, il a fallu prendre les mesures pour rétablir l’équilibre financier du Trésor, et introduire des innovations comme l’émission des Bons du Trésor en vue de l’apurement de la dette intérieure. Car, l’Etat avait accumulé des arriérés sur les rappels et avancements dus aux fonctionnaires, sur la dette sociale qui comprenait les indemnisations des expropriations. Ce dernier problème est redevenu d’actualité et une multitude de chantiers de travaux publics sont bloqués en ce moment ; c’est regrettable parce que la solution existe, elle nécessite la mise en route de la Caisse des dépôts et consignations.

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