Ma Tribu d'Abord: Unité nationale contre l'ethno-fascisme en tant que fantasmes de pouvoir absolu au Cameroun
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Ma Tribu d'Abord: Unité nationale contre l'ethno-fascisme en tant que fantasmes de pouvoir absolu au Cameroun :: CAMEROON

Le récit historique de la défiance à l’autorité par les Betis, opéré ici par l’écrivain, homme politique et ancien prisonnier d’opinion camerounais Dieudonné Enoh Meyomesse, méritait bien d’être fait, surtout à l’adresse de toutes celles et ceux qui réduisent l’histoire politique du Cameroun à un découpage tribal… En effet, l’attitude de «ma tribu d’abord » doit être combattue à chaque occasion parce qu’elle place la tribu au-dessus de la politique, du caractère, ou de la pensée objective et claire.

En plus, le Cameroun est un pays de droits et signataire d’accords internationaux sur les droits humains tels que celui portant création du Tribunal Pénal International de La Haye qui place les droits humains au Cameroun dans un cadre international. Par conséquent, alors que les tribalistes pensent qu’ils peuvent s’en tirer avec n’importe quoi, la réalité est qu’ils ne peuvent pas.

Pour autant, il eût aussi été souhaitable que l’auteur remonte aux origines de la création de l’Union des Popultaions du Cameroun (UPC), l’emblématique parti nationaliste et indépendantiste kamerunais, pour que ces adeptes du repli tribal prennent pleinement la mesure de la diversité des parcours et des origines des acteurs politiques kamerunais, à l’instar de l’ancien premier ministre Charles Assale (un des fondateurs de l’UPC), David Mayi Matip (ancien compagnon de lutte de Ruben Um Nyobe, devenu le principal cadre du parti unique UNC d’Ahmadou Ahidjo et inamovible vice président de l’assemblée nationale), et même Paul Biya, notre président réactionnaire, qui a fleurté pendant ses années d’études en France avec cette mouvance nationaliste et indépendantiste. Pour ne citer que ceux-là.

Comment tous ces Camerounais étaient conscients des notions de connaissance de soi et d’auto- détermination et l’unité nationale comme une forme d’autonomie associative et productive avec des finalités pratiques émancipatrices. Ainsi, la notion que la communauté était la source d’émancipation et de pouvoir. Il n’est pas étonnant que l’échec actuel de la construction de l’État au Cameroun va de pair avec la résurgence de l’ethno fascisme génocidaire en tant que fantasme du pouvoir absolu. Ainsi, comment la politique tribale est par nature l’expression de la défaite intellectuelle et la tribu souillée dans une folie d’opportunistes essayant de nous maintenir dans une mentalité de la plantation coloniale.

Mais comment rétablir ces quelques vérités et remettre la question camerounaise à l’endroit – celle d’une mauvaise gouvernance chronique conjuguée à une extrême longévité au pouvoir d’un seul homme – sans être systématiquement accusé par les talibans de la tribu (qui sévissent notamment dans les réseaux sociaux) d’être solidaire de «l’extermination» des bamilékés, ou «vendu aux génocidaires» à la tête de l’État puis à leurs partisans favorables au nettoyage ethnique dans les deux régions anglophones?

En effet ces tireurs d’élite tribalistes et terroristes postés sur facebook s’arrogent le droit de nous infantiliser, banaliser, et ranger dans des cases tribales, en fonction de nos origines sociales, familiales, régionales…et feignent de ne pas voir la mise à l’écart systématique et parfois à mort dont certains d’entre-nous faisons l’objet, notamment comme ressortissants du Sud Cameroun, en raisons particulièrement de nos idées progressistes et au motif que nous exprimons ouvertement des critiques à l’endroit de la politique menée par Paul Biya au Cameroun.

Cause perdue d’avance, parce que cette stigmatisation tribale se confond désormais avec la conversion rampante de certains libres penseurs et opposants Beti au Biyaîsme.

On en avait déjà le soupçon dans la tribune au vitriol publiée par Dieudonné Enoh Meyomesse contre les contestataires anglophones, qu’il assimilait tous à des étrangers biafrais du Nigiéria. Cette fois l’écrivain étend sa technique de la généralisation à toute l’opposition camerounaise, qu’il accuse d’être « la plus bête d’Afrique »…

Plus qu’un clin d’œil très appuyé au régime de Paul Biya, M. Enoh Meyomesse marque sans le dire explicitement sa conversion pour le moins idéologique et tardive à ses thèses, puis se fait même plus précis dans ses éléments de langage, d’abord à travers le déni de la nationalité camerounaise à certains activistes anglophones établis à l’étranger, puis la culpabilisation récurrente de l’opposition, accusée comme toujours de tous les maux qui minent le Cameroun.

Autant le dire amicalement et respectueusement à Dieudonné Enoh Meyomesse: après 35 ans de «félonie» politique au Cameroun, on ne nous la fait plus!

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