EXTRàŠME-NORD : Un camp de 10 hectares pour les repentis de Boko Haram
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Le gouvernement a décidé de regrouper les ex-combattants à Méhé, dans l’arrondissement de Mora.

Après un moment de flottement dans la gestion du retour des excombattants de Boko Haram, le gouvernement a finalement opté pour leur regroupement dans un grand camp qui sera construit à Mehé, dans le canton de Mémé, où seront confinés tous les repentis. «10 hectares ont été mis à la disposition des autorités. Nous attendons que l’armée lance les travaux», confie une autorité traditionnelle locale. En attendant que ce lieu soit fonctionnel, les ex-combattants sont regroupés dans l’enceinte de la Force Multinationale Mixte (FMM), à Mora. A ce jour, ils sont 186, originaires de 19 villages frontaliers du Mayo-Sava.

«Ils n’ont pas le droit de sortir du camp et ne reçoivent non plus de visites. Il ne s’agit pas de privation de liberté mais de mesures de sécurité. Je peux vous dire que deux repentis ont déjà pris la clé des champs et qu’à ce jour un seul a été retrouvé, à la frontière», indique une source sécuritaire. Force est donc de constater que leur nouvelle vie est de loin, différente de celle que leur avaient concédée au tout début du processus, en octobre 2017, les autorités. «Les premiers repentis avaient seulement droit à de petits débriefings à Mora suivis des séances publiques à Kolofata avec les imans au cours desquelles ils étaient invités à jurer sur le Coran pour prouver qu’ils avaient rompu tout lien  avec Boko Haram. Après, ils étaient libres !», explique Abakoura Gana’a, un habitant de Kolofata.

Ce processus qui consacrait un rapide retour des repentis à la vie civile n’était toutefois pas du goût de la majorité des populations, suspicieuses à l’égard de ces hommes qui, du jour au lendemain, s’étaient retournés contre elles. Par la voix de leurs chefs traditionnels, elles ont donc exprimé leur désapprobation aux autorités. «Le 31 octobre 2017, s’est tenue à Mora une réunion entre certains chefs traditionnels des villages frontaliers du Mayo-Sava et les autorités. Au cours de celle-ci, ils ont protesté contre la présence des repentis dans les villages, laissant même sous-entendre que si aucune mesure n’était prise, ils n’accepteraient plus ceux-ci dans leurs villages», indique une source introduite.

INSÉCURITÉ

Les repentis, il est vrai, n’ont pas facilité la tâche à ceux qui pensaient qu’en leur concédant une relative liberté, ils inciteraient leurs compagnons à revenir. Au lieu de se montrer discrets, certains comme Garba, à Tolkomari, ont immédiatement repris, sans coup férir, leur ancienne activité. Comme si rien ne s’était passé. Mais la menace la plus importante était sécuritaire. Les populations n’ignoraient pas que parmi les repentis, certains avaient du sang sur les mains et pouvaient tuer à nouveau, à tout moment. «Le 22 octobre 2017, le repenti Baba Oumaté s’est rendu au domicile de Siddi Marcel à qui il a proféré des menaces tout en scandant des slogans de Boko Haram. Il tenait à la main un sac et menaçait les habitants de la maison. Quand je suis arrivé, il a tenté de s’enfuir, mais nous avons pu le maîtriser», relate Guiéké, habitant de Tolkomari et voisin de Siddi Marcel.

Les incidents de cette nature, certes rares, n’en nourrissaient pas moins les appréhensions des populations à l’égard des repentis. D’où le soulagement à l’annonce de leur regroupement. «Ca a été un grand soulagement lorsqu’il nous a été instruit de les conduire tous à Kolofata. Même leurs propres parents ont exulté, car eux-mêmes avaient perdu le sommeil depuis leur retour. Ils constituaient un danger pour nous tous. Nous les avons donc interpellés et conduits au camp militaire de Kolofata», explique Ali Abba, président du comité de vigilance de Sanda-Wadjiri.

Cette stratégie du gouvernement visant à les confiner dans un espace clos a-t-elle ralenti le retour des repentis ? Pas si sûr. Le 12 décembre 2017, lors du passage du gouverneur de l’Extrême-Nord, Midjiyawa Bakary, au quartier général du secteur n°1 de la FMM à Mora, n’étaient présents que 85 repentis. «A cette date là, 20 autres repentis se trouvaient dans les villages de Tolkomari et Gouzoudou. Quelques jours plus tard, ceux-ci ont été conduits au camp pour porter leur nombre total à 105 repentis. Aujourd’hui ils sont 186. Ce boom s’explique par l’ultimatum que nous avons donné pour le retour des repentis, à savoir le 31 décembre 2017», se réjouit une autorité administrative locale comme pour dire que le regroupement ne constitue pas un frein au retour des ex-combattants. Depuis le début de l’année, le camp de la FMM n’a encore enregistré aucun nouveau venu. Kalia et Goïgoï, deux nouveaux repentis originaires de Bornori et arrivés à Sanda-Wadjiri le 16 janvier 2018, devraient ouvrir le bal. «Cela s’explique par l’opération militaire dans la forêt de Sambisa qui a débuté le 03 janvier 2018. Elle s’est terminée le 13 janvier 2018. Maintenant que c’est calme, ils vont à nouveau sortir du bois», poursuit notre source.

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