MISE EN GARDE : Le Mindef fustige le port anarchique de la tenue militaire
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Après la phase se sensibilisation, des sanctions en application de la loi du 26 novembre 1982 seront désormais infligées aux contrevenants. Ces derniers s’exposent à une peine d’emprisonnement allant de trois mois à deux ans et/ou une amende de 50.000 à 2 millions de FCFA.

Au commencement, une note confidentielle du ministre délégué à la présidence chargé de la Défense (Mindef) datée du 19 décembre 2017, destinée à certains hauts responsables de la sécurité nationale a fait l’objet d’une large diffusion auprès du public. Depuis le 5 janvier 2018, sur les murs d’espaces appropriés fréquentés en majorité par les militaires et bien d’autres personnes, peuton lire un message dont l’objet porte sur la « répression, détention et port d’effets ou insignes militaires par personnes non autorisée ».

Le Mindef constate que la « détention et port d’effets ou insignes militaires par personnes non autorisées sont courants. En conséquence, après campagne de sensibilisation en cours, dès janvier 2018, prendre mesures nécessaires (…) conformément aux textes en vigueur. » La décision du Mindef est saluée car le Cameroun passe des moments difficiles sur le plan sécuritaire. 2018 étant électorale, il faut encore maximiser la sécurité, aucune fausse note n’est permise, aucune confusion ne doit être perceptible sur le port de la tenue militaire que certains apprécient un peu trop, sans toutefois faire partie du corps.

«C’est pratiquement toute les semaines que nous avons un cas. Les contrevenants disent s’approvisionner auprès des marchés, notamment à la friperie. A notre niveau, nous sommes sans pitié, nous avons des cas en prison », explique une source militaire qui a requis l’anonymat car « notre corps est très discipliné. Il faut toujours avoir l’accord de sa hiérarchie même si vous voulez allez-vous mettre à l’aise. Je ne peux donc parler à visage découvert sans l’accord de la hiérarchie. Je me limite juste à sensibiliser le public », argue-t-on. Ici, la liste des contrevenants est très longue. Et la douane est un maillon important sur lequel on s’appuie pour traquer des arrivées importantes. « Il n’y a pas longtemps, nous avons été saisis par la douane. Elle était tombée sur un important stock de tenues miliaires qui ne suivaient pas le canal normal. Cette cargaison pouvait habiller tout un régiment. Le stock a été saisi. »

Il existe plusieurs types de tenues militaires. Mais celle qui séduit le plus les faux militaires, c’est, « à 90 % » celle du Bataillon d’intervention rapide (BIR). « Le cas qui m’a le plus frappé à propos, c’est celui d’un jeune qui, pour impressionner sa petite amie, alla porter la tenue de son frère aîné pour la raccompagner prendre le taxi. Lorsqu’un taxi s’arrêta à leur hauteur, il y avait justement un vrai BIR qui s’y trouvait et le démasqua aussitôt à partir du salut. Il l’emmena dans une gendarmerie. Ce cas n’était pas dans l’intention de nuire, mais le coupable fut sévèrement sanctionné », témoigne-t-on.

ESCROQUERIE

Les différents responsables interrogés admettent qu’il sera très difficile à un civil lambda de reconnaitre un faux militaire dans la rue. Il faut être du corps ou alors le connaitre à fond. Cela permettra donc de vite démasquer un faux militaire. Les éléments qui les mettent souvent à nu, le plein de cheveux sur la tête alors qu’ils sont en tenue, la position même du képi, le mélange des insignes – il peut arriver qu’un faussaire par ignorance mélange et les insignes de l’armée de l’air et ceux de l’armée de terre, tous disposés non selon la norme en la matière. Il peut aussi arriver que, ne sachant pas la hiérarchie des galons, il salue un moins gradé que lui. Certains à l’interrogation ignorent leur matricule, « ce qui ne peut jamais être oublié par un vrai militaire car cela répond à un code bien précis ».

Si d’aucuns portent la tenue militaire pour se vanter au quartier ou dans la rue, cet habillement est un puissant moyen d’escroquerie, surtout lorsqu’un recrutement militaire est annoncé. « Un faux militaire peut donc aisément venir chez vous et vous dire, je connais le chemin le plus facile pour que vous-même ou votre enfant intègre l’armée. Il vous explique que lui-même est passé par cette porte sûre. La tentation de lui donner votre argent est grande et on a souvent eu des cas d’escroquerie de 200 à plus de 500 mille ». Les hauts responsables de l’armée avertissent. « Il est formellement interdit de vendre ou d’acheter les effets militaires. De nos jours, les risques sont multipliés. On peut vous confondre à un ennemi. Etant donné que vos chaussures Rangers ou autres effets sont susceptibles d’induire en erreur. Vous pouvez subir des conséquences tragiques. » Les origines des effets militaires sur les personnes non autorisées sont multiples. Les responsables guerriers évoquent les déménagements des hommes en tenue dans les pays européens et le non recyclage de ces vêtements qui se retrouvent à la friperie destinée aux marchés africains, le vol, les complicités entre militaires véreux et personnes non militaires, l’abandon d’une tenue par un proche militaire, etc. « Ils sont poursuivi par le code pénal », informe le colonel Badjeck, en charge de la communication au Mindef.

LOI

La loi N°82-19 du 26 novembre 1982 est claire en son article 1 alinéa 1. « Sont interdits : l’achat, la vente, la confection, la distribution, le port ou la détention d’effets ou insignes militaires par toute personne non physique ou morale non autorisée. » L’alinéa 2 ajoute que « cette interdiction s’applique également aux effets d’habillement ou insignes susceptibles de prêter à confusion avec effets ou insignes militaires. » L’article 2 rappelle que l’achat et la vente des effets et insignes militaires sont effectués auprès des établissements dument habilités, dans les limites et aux conditions fixées par décret. L’article 3 alinéa 1 martèle : « Le port d’effets ou insignes militaires est réservé aux militaires en activité de service ».Alinéa 2. « Les militaires en disponibilité ou en réserve ainsi que les prémilitaires peuvent être autorisés à porter les effets ou insignes militaires dans les conditions prévues par décret. »

La plupart des faux militaires arrêtés disent avoir un amour profond pour la tenue ou avoir essayé plusieurs fois, sans succès, des concours de l’armée. Ils se contentent donc des tenues. A ce propos, « est puni d’un emprisonnement de trois mois à deux ans et d’une amende de 50.000 à 2 millions de francs ou l’une de ces deux peines seulement celui qui achète, vend, confectionne, distribue, porte ou détient des effets ou insignes militaires sans qu’il y ait été régulièrement autorisé. »

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