Claude Abe : Des opérations de corruption électorale
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Le socio-politologue apprécie les actes du chef de l’Etat dans un contexte de pré-campagne électorale.

Avez-vous le sentiment que le président de la République est déjà en campagne pour sa réélection ?
Assurément. Il s’agit d’un processus routinier d’entrée en campagne de la part du président de la République, peut-être pas comme président de la République, mais qui joue sur les deux tableaux à la fois comme candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), et comme président de la République pour justement déjà faire un certain nombre de yeux doux concernant son marketing politique et organiser une captation des voix et de l’affectivité d’un certain nombre de régions du Cameroun. Il n’y a pas de doute là-dessus que la région de l’Est vivait mal l’absence d’une université ou du moins, une représentation d’une institution supérieure.

Bien que ce ne soit pas une université entière qui soit envoyée de part et d’autre, ça indique à n’en point douter, que ce sont des éléments qui compteront au moment de l’organisation du processus électoral. Il va également de soi que quand vous regardez le timing qui a été pris, malgré la nature foireuse de l’opération des ordinateurs, cela est en rapport avec le marketing politique. C’est malheureusement regrettable car ici, c’est le contribuable qui doit payer pour la campagne du candidat Biya qui joue sur les deux tableaux.

Comment faire le distinguo entre ce que fait le candidat potentiel et ce que fait le chef de l’Etat ?
C’est une difficulté qui est liée au type de République qui est la nôtre, où le chef de l’Etat reste également le chef d’un parti politique et par conséquent, son candidat naturel. C’est cette confusion de rôles-là qui fait que finalement, il peut jouer avec les divers tableaux sans être en porte à faux avec la loi puisque de toutes les façons, son mandat n’est pas terminé et qu’il dira que c’est probablement une planification des activités relatives à un agenda institutionnel longtemps arrêté à l’avance.

Personne n’a la possibilité de vérifier si cela est vrai ou faux. On est malheureusement en face d’un système juridique qui, du fait des vides de certaines dispositions empêchant ce type de tricherie, rend finalement légal ce fonctionnement qui est regrettable pour une situation démocratique. On n’est pas très loin ici, si cela était avéré, d’une opération de corruption électorale parce qu’il s’agit là de l’usage d’un argent qui est l’argent du contribuable à des fins qui elles ne sont pas nécessairement pour le contribuable, mais qui ont une finalité politico politicienne.

Les solutions apportées dans le cadre dans la crise anglophone entrent-elles également dans ce registre?
S’agissant de la crise anglophone, le chef de l’Etat ne peut pas jouer avec le feu. De mon point de vue, il faut davantage voir la gestion de la crise anglophone en la reliant au droit international et surtout, à la temporalité globale qui est celle de l’observation des droits de l’Homme et des droits d’un certain nombre de communautés, du droit des minorités et tout le reste.

Le chef de l’Etat sur cette question, a voulu faire montre d’une civilisation des mœurs juridiques et démocratiques de la part de l’Etat du Cameroun et du régime camerounais pour gérer un problème au demeurant à caractère interne.

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