Allemagne- Cameroun: Rencontre avec Senfo Tonkam, un des anciens leaders estudiantins Camerounais des années 90, exilé, intellectuel et activiste politique
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Allemagne- Cameroun: Rencontre avec Senfo Tonkam, un des anciens leaders estudiantins Camerounais des années 90, exilé, intellectuel et activiste politique :: GERMANY

Dans les années 1990, la répression et la persécution politiques atteignirent leur apogée sous le régime Biya. Monsieur Senfo Tonkam était à ce moment un des principaux militants estudiantins dans le pays qui avaient lancé une campagne nationale, prenant la forme d’un mouvement de masse pour pousser le régime à introduire le pluralisme politique , avec ce que cela suppose de respect des principes fondamentaux des droits de l’homme et de la démocratie dans le pays.

Sous sa direction, le mouvement estudiantin camerounais a mobilisé les masses avec succès à se battre pour un meilleur système de gouvernance ; mais, pour atteindre ce but final, ils étaient convaincus qu’une autre priorité clé était de libérer le Cameroun de la mainmise néocolonialiste de la France.

Pour la liberté de leur pays, Monsieur Tonkam et ses compagnons activistes estudiantins ont payé un lourd prix, le régime Biya réagissant avec des mesures de répression massive. En conséquence, Monsieur Tonkam et ses collègues furent arrêtés, torturés, bannis à perpétuité de l’université, persécutés et finalement forcés à l’exil en 1993. Plusieurs furent sauvagement violées et tués par les forces de l’ordre. Depuis lors, Monsieur Tonkam réside en Allemagne comme exilé et réfugié politique.

Comme plusieurs autres pays africains, le Cameroun fait face à plusieurs challenges internes graves qui risquent de miner sa stabilité en tant que Nation comme le montre les récents développements dans les parties dites anglophones du Cameroun. Qu’en pensez-vous ? Et quelles solutions pourraient être apportées à ce problème selon vous ?

Tout d’abord, en commençant par les victimes des tueries de Biya et de la répression dans le nord-ouest et le sud-ouest du pays ainsi que dans d’autres parties du pays, incluant la tragédie du chemin de fer d’Eseka causée par Oncle Biya et son maître impérialiste Bolloré en 2016, je voudrais exprimer mes sincères condoléances et ma profonde sympathie aux victimes de ces nouvelles démonstrations de la cruauté de l’Oncle Biya et aux familles endeuillées. Ils doivent savoir que les sacrifices qu’ils ont fait et le sang qu’ils ont versé ne l’ont pas été en vain. En fait, ils sont une autre des nombreuses graines à partir de laquelle la libération Kamite va grandir et acquérir une force si dévastatrice qu’elle va balayer l’Oncle Biya et ses maîtres occidentaux dans un éboulement irrésistible et les jeter tous dans l’enfer dont ils sont les créatures.

Maintenant, pour répondre à votre question, je dois dire que je n’identifie jamais et ne définis jamais mon peuple avec ou à travers ces contre-identités qui nous ont été imposées par nos esclavagistes violeurs et oppresseurs impérialistes ! Malheureusement, la manière dont les choses se sont passées ont confirmé que tant que nos luttes ne sont pas articulées et menées par nos masses dépossédées, par des forces sociales progressistes, des communautés de base et des activistes révolutionnaires avec une passion indestructible pour la libération africaine et une compréhension claire de la politique mondiale, elles seront toujours récupérées pour les élites bourgeoises et petites-bourgeoises pour avancer leurs propres intérêts de classe.

Ainsi, il est presque certain que, un jour ou l’autre, l’élite « franco-folle » de ce pays finira par faire des compromis, faire des concessions à son alter-ego « anglo-folle ». Les deux vont partager les mêmes perruques blondes et célébrer leurs allégeances et aliénation aux dialectes, symboles, (anti) valeurs et intérêts de leurs maîtres communs. Alors, lorsque le peuple va relancer la lutte pour mettre fin au contrôle impérialiste occidental et à l’oppression néocoloniale du pays une bonne fois pour toute (c’est-à-dire atteindre la libération complète et authentique), vous verrez à la fois les élites compradores « franco-folles » et « anglo-folles » se battre ensemble aux côtés de leurs maîtres occidentaux pour éliminer les masses progressistes et les activistes révolutionnaires Kamites. Mais si les élites « franco-folles » ne font pas de compromis avec leurs contreparties bourgeoises « anglo-folles », la tragédie du pays est qu’aucune force organisée ne peut actuellement arrêter la folie sanglante de l’Oncle Biya et sa détermination à maintenir son régime corrompu et en faillite à n’importe quel prix.

En d’autres mots, Monsieur Tonkam, vous suggérez que ce qui se passe au Cameroun aujourd’hui n’a rien à voir avec la stabilité, l’intégrité et l’unité du pays mais n’est qu’un simple conflit d’intérêts entre les élites du pays ?

Exactement ! C’est pourquoi je suis choqué par le myopie, la naïveté (ou la stupidité ?) et le fanatisme de ces intellectuels « franco-fous » qui dans les médias, rejettent agressivement leurs équivalents « anglo-fous » et qui continuent d’affirmer de façon effrontée et arrogante « qu’ils n’accepteront jamais que le Cameroun soit divisé ». Ce faisant, ils légitiment la répression criminelle et sanglante de l’Oncle Biya contre notre peuple et il leur est reconnaissant pour cela. Et pourtant, ce personnage paresseux, stupide, dictatorial et corrompu n’a jamais montré aucun intérêt pour les affaires du pays, si ce n’est pour assassiner en masse notre peuple, voler notre argent, détourner les deniers publics et les cacher dans des banques occidentales. Et une fois qu’il en aura fini avec les élites « anglo-folles », il se retournera contre ces mêmes « franco-fous » qui auront été assez stupides pour légitimer et soutenir sa répression des élites « anglo-folles ».

Il y a des problèmes qui auraient dû être clarifiés et exposés ; parce qu’ils auraient mobilisé plus de gens et revitalisé la lutte pour libérer le pays. Malheureusement, aveuglés par leurs intérêts de classe (le cas de l’élite petite-bourgeoise « anglo-folle ») et aveuglés par leur nationalisme réactionnaire (le cas de l’élite petite- bourgeoise « franco-folle »), tous les deux manquant sérieusement d’esprit progressiste et d’agenda révolutionnaire, tous ceux qui dans le pays ont intérêt à la fin du système ont complètement raté une énième opportunité de bâtir une forte coalition qui aurait libéré le pays de l’Oncle Biya et de ses maîtres.

Si je vous comprends bien, Monsieur Tonkam, suggérez-vous que les anglophones et les francophones auraient dû s’unir contre le Président Paul Biya et auraient dû faire campagne pour son départ ?

Pas de « franco-fous » et « d’anglo-fous », ma Sœur, mais les citoyens de Kemet, qui auraient dû se mettre ensemble, s’unir et travailler à chasser les oppresseurs étrangers et leur sbire local Oncle Biya. Oui !

Donc, en d’autres mots, vous êtes en train de dire que les camerounais doivent reprendre la lutte de libération à nouveau, comme l’Union des Populations du Cameroun (UPC) dans les années 50 et 60 ?

Exactement, ma Sœur, c’est l’éternelle obligation des peuples qui luttent mais ne finissent pas le combat victorieusement. L’ancêtre Bob et la sœur Rita Marley le disent très bien : « Lève-toi, Combattant tombé! Lève-toi et reprends ta position sur le champ de lutte! Parce que celui qui combat et s’enfuit, s’, se condamne à recommencer le même combat un autre jour. » Tant que nous ne comprendrons pas cela, nous ne serons jamais libres.

Un dernier mot à ce sujet, Monsieur Tonkam. Après l’évidente incapacité des partis d’opposition et de la société civile à s’imposer comme protagonistes dans le débat entre le régime et les anglophones, au regard de ce que vous avez appelé la faillite du régime du Président Biya, des contradictions entre les bourgeoisies et petites-bourgeoisies francophone et anglophone et de la trahison des anciens activistes estudiantins, qui pourrait s’attaquer à ce problème qui risque de devenir une menace sérieuse pour la survie du Cameroun en tant que Nation ?

Le peuple. Oui, les citoyens de Kemet se réunissant ensemble, résoudront certainement ce problème et tous les autres problèmes qui affectent l’Afrique aujourd’hui.

Non, Monsieur Tonkam, je veux dire, les leaders, les organisations. Parce-que même si le peuple peut résoudre un conflit, il faut des leaders et des facilitateurs pour amener tout le monde sur la même table et négocier des solutions et des accords.

Puisque vous insistez, je vais vous dire ceci. Les leaders historiques suivants auraient été utiles pour trouver une solution s’ils étaient toujours vivants : Mongo Béti (écrivain et essayiste), Hugo Chavez (président du Vénézuela), Ndeh Ntumazah et Ekemeyong Moumié (respectivement président et leader du parti camerounais de libération, UPC). Qu’ils reposent en paix. En leur absence, je recommanderais fortement les personnalités suivantes : Bayyinah Bello (prêtresse ancestrale, Ayiti). Mère Jah (famille Jah, Ambassadrice de la Diaspora à Ouidah, Bénin), Mamadou Coulibaly (ancien ministre et président du parlement en Côte-d’Ivoire), Nomzamo Mandikizele (mère de la Nation azanienne. NDLR : Winnie Mandela, Afrique du Sud). Assata Shakur (ancienne activiste du Black Power Movement, exilé politique à Cuba), Kah Walla (présidente du Cameroon People’s Party), Eboussi Boulaga (philosophe), Moukoko Priso (scientifique et activiste), camarade Affiong Limene Affiong (universitaire-activiste et organisatrice communautaire), Chinweizu Ibekwe (universitaire-activiste). Comme parti politique, je recommanderais l’authentique et historique UPC (Union des Populations du Cameroun) et comme organisation inclusive je recommanderais le SCNC (Southern Cameroon National Council). La seule chose est que pour réussir, ce rassemblement devrait procéder tout d’abord à une cure contre la malédiction pan-obamaniste.

Etes-vous conscient que le Southern Cameroon National Council (SCNC) a été interdit par le gouvernement camerounais ? Et que Assata Shakur est une fugitive au regard des lois américaines et recherchée par le gouvernement américain et ses services de renseignement ?

Oui, et alors ? Un bon révolutionnaire ne tient pas compte de la légalité ou l’illégalité des individus, organisations, institutions, structures ou mouvements existant ou opérant dans le contexte ou dans l’environnement dans lequel il opère lui-même. La seule chose qui compte pour un révolutionnaire c’est de savoir si ces individus, organisations et structures sont amicales, inamicales ou neutres ; alliées ou adversaires ; faibles ou fortes ; compétentes et efficaces ou incompétentes et inefficaces.

Et à propos du président Biya, l’homme au pouvoir ?

La seule chose significative que ce personnage paresseux, incompétent, corrompu et criminel puisse encore faire pour son pays, c’est de se prendre lui, sa famille et ses maîtres étrangers et d’aller au diable avec eux tous (rires).

Une campagne internationale bat son plein contre le Franc CFA, la monnaie utilisée par les anciennes colonies françaises. Vous avez été l’un des premiers à promouvoir cette campagne à travers l’Afrique et dans toute l’Europe et l’Amérique du Nord, mais de façon surprenante, alors que la campagne attire de plus en plus de personnalités panafricaines, vous n’avez pas participé aux différents panels de discussion et événements publics qui se sont tenus à ce sujet.

La monnaie néo-coloniale française appelée Franc CFA symbolise l’esclavage économique des Africains par l’Occident. La campagne pour l’abolir a en réalité démarré à l’initiative de jeunes activistes du Bénin avec le mot d’ordre : “NON AU FRANC CFA”. Ce sont des activistes braves et très engagés qui ont démarré une mobilisation à la base avec une approche populaire très louable et une vision pour cette campagne orientée vers la participation des masses. Mais au fur et à mesure que la campagne a pris de l’élan, elle a été soudainement récupérée par des “panafri-célébrités” opportunistes qui ont changé le mot d’ordre originel en campagne “ANTI FRANC CFA”. Et à partir de là, c’est devenu une affaire de m’as-tu-vu et de parade, de mise en avant personnelle, ce que j’appelle “Panafri-Show”.

Alors que les initiateurs de la campagne sont arrivés à la réalisation qu’il faudrait un changement de régime politique et une révolution pour abolir le Franc CFA, ces “panafri-élites” ont annoncé qu’elles allaient rédiger une feuille de route qui allait être soumise à ces mêmes dictateurs et gouvernants néo-coloniaux qui servent et soutiennent ce même Franc CFA. En d’autres mots, nous avons là un exemple typique de ces situations historiques où les révolutionnaires lancent un mouvement, pour qu’au final, ce mouvement soit récupéré par des réformistes opportunistes de la bourgeoisie et de la petite-bourgeoisie. Ainsi, la bourgeoisie et la petite-bourgeoisie panafricanistes ont pris le contrôle de la lutte populaire pour l’utiliser comme un instrument de négociation avec ces mêmes régimes et gouvernants anti-peuple que les masses sont en train de rejeter.

En fait, avec la campagne “NON AU FRANC CFA”, la jeunesse et les masses s’étaient mises en mouvement pour confronter et se débarrasser de ces régimes fantoches pro-occidentaux impopulaires et de leurs élites incompétentes et corrompues. Mais la panafri-élite bourgeoise et petite-bourgeoise opportuniste est en train de distraire, semer la confusion, affaiblir et mettre un coup d’arrêt à cette Jeunesse Progressiste et aux Masses. Les célébrités pan-africaines petites-bourgeoises ont trompé la Jeunesse Progressiste Africaine et les Masses en leur faisant croire qu’il y aurait une conjonction, communauté d’intérêt entre les peuples africains et les régimes fantoches africains. Dans ce conte de fées manipulateur, nos gouvernants fantoches sont eux-mêmes (faussement) présentés comme simples victimes de l’impérialisme occidental, et on demande aux masses d’avoir de la compassion pour eux et de ne pas les combattre; au lieu de cela, elles devraient dialoguer avec eux, les soutenir et les renforcer afin qu’ils puissent (soi-disant) résister aux prédateurs occidentaux.

Dans ce jeu de “panafri-fous ”, les intellectuels et activistes pan-africanistes petits-bourgeois prennent la place centrale en tant qu’acteurs clés en s’imposant comme intermédiaires entre les masses et les régimes en place. En effet, d’une part les masses pensent qu’ils sont réellement impliqués dans la lutte pour la Libération Africaine; d’autre part les régimes néo-coloniaux sont contents et reconnaissants du fait que les “panafri-élites” sont en train de les aider à empêcher les masses en colère de les renverser. De nos jours, il y a même des médias, des organisations, des mouvements, des intellectuels, des écrivains, des artistes et autres célébrités qui sont devenus des spécialistes de la diffusion de cette “panafri-confusion”. Ainsi, ils ont propagé, entre autres absurdités, l’idée que des marionnettes néo-coloniales et sanguinaires telles que Oncle Biya, Oncle Deby, Oncle Obiang, Oncle Sassou et leurs semblables sont des soi-disants “pan-africanistes” (rires). C’est comme ça que les demandes révolutionnaires de la jeunesse progressiste et des masses ont été diluées et leur campagne transformée en rassemblements ayant pour objectif de préparer une feuille de route à l’intention des régimes et gouvernants africains fantoches. Pourtant, l’objectif premier d’une révolution et des révolutionnaires est de défaire l’oppression externe et de se débarrasser de ses agents locaux, pas d’être leurs conseillers techniques ou leurs rédempteurs.

Nos intellectuels et activistes panafricanistes petits-bourgeois ont utilisé abusivement et trahi la lutte de notre jeunesse et de nos masses progressistes pour la transformer en instrument de négociation qu’ils essaient maintenant de marchander pour se réconcilier avec la bourgeoisie compradore dirigeante, en se proposant eux-mêmes comme conseillers techniques et consultants sur les questions de politique monétaire. Cela est vraiment, vraiment triste et terrible pour l’Afrique.

N’y a t-il pas un moyen de renverser la situation ?

Je crains que non ! Parce que, pour arrêter ces dérives réactionnaires de la petite bourgeoisie pan-africaniste, la jeunesse et les masses devraient être responsabilisées. Pourtant, la petite-bourgeoisie panafricaniste les domine grâce à des arguments d’autorité basés sur le droit d’aînesse, sa capacité à obtenir plus de visibilité grâce à l’exposition médiatique et son réseau global d’amis et de collègues, ses capacités financières et matérielles supérieures, ces contacts et relations dans les cercles dirigeants en Afrique et en Europe, sa réputation intellectuelle et son expertise scientifique qu’elle continue d’utiliser pour s’octroyer le leadership de la campagne (en prétendant que c’est la condition pour être “pris au sérieux” par l’opinion publique, les régimes africains et les puissances occidentales), etc.

Personnellement, j’ai vu cette pagaille poindre à l’horizon, lorsque j’ai commencé à voir beaucoup de “pan-obamanistes” apparaître soudainement dans la campagne. Certaines de ces personnes ont menti, trompé et trahi les masses africaines durant ces huit dernières années, et maintenant que leur héros présidentiel a terminé son mandat, au lieu de faire profil bas, de se repentir et de demander pardon à notre peuple, ils saisissent la première opportunité de récupérer une autre lutte des masses, en espérant que le peuple ne va pas dénoncer leurs contradictions et faiblesses et remettre en question leur hypocrisie. Si la jeunesse progressiste africaine et les masses ne reprennent pas rapidement le contrôle de l’agenda, ce sera un sérieux recul pour la lutte de libération africaine.

Il y a aussi des réflexions en cours parmi les activistes anti-CFA pour appeler au boycott des produits français. Mais beaucoup se souviendront que, c’était sous votre leadership au début des années 90 au Cameroun que le mouvement estudiantin a lancé la toute première campagne de boycott des produits français.

Oh oui, je me souviens très bien de cette période. Et c’est dommage que ceux qui ont si bravement combattu durant ces années soient devenus à présent des petits-bourgeois égoïstes et opportunistes. La leçon alors et maintenant est la suivante : en politique, il ne suffit pas d’avoir de bonnes idées et les meilleurs plans; sans les bonnes personnes qui sont authentiquement déterminées à les mettre en application, et si nécessaire mourir pour cela, vous allez échouer.

Monsieur Tonkam, concernant votre rejet des “pan-obamanistes” qui ont pris le contrôle de la campagne anti-CFA, je voudrais vous faire remarquer que certaines des figures du mouvement ne sont pas des “pan-obamanistes” comme vous les appelez. Il y a même le plus connu d’entre eux, Kemi Seba, qui tout comme vous, a été sévèrement critiqué par d’autres pan-africanistes pour avoir rejeté Obama. Que dites-vous à ce sujet ?

J’apprécie le fait que Kemi Seba et ceux dont vous parlez aient maintenu une cohérence idéologique alors que la plupart des autres pan-africanistes sont tombés dans l’hallucination Obama. Cela montre qu’ils sont sincèrement engagés dans la lutte de libération africaine. Mais c’est précisément en raison de cette cohérence idéologique qu’ils auraient dû comprendre que ces jeunes progressistes qui ont lancé la campagne “NON AU FRANC CFA” auraient dû être soutenus et mis en situation de porter la lutte, au lieu qu’ils (l’élite panafricaniste) arrivent et la récupèrent comme ils l’ont fait. Les célébrités et autres vétérans du mouvement pan-africaniste auraient dû rester à l’arrière-plan en tant qu’anciens, apportant conseils et soutien à la jeunesse. Ensuite, tout authentique combattant pour la liberté africaine devrait savoir que pour réussir, la révolution doit être conçue, planifiée et dirigée uniquement par des révolutionnaires. Ainsi, si l’accomplissement de votre révolution dépend de gens qui ont montré leurs faiblesses, leurs contradictions politiques et leurs incohérences idéologiques en soutenant des ennemis paradigmatiques de la libération africaine, alors votre révolution est vouée à l’échec.

Est-ce la raison pour laquelle vous avez quitté le mouvement pan-africaniste et êtes à présent en train de proposer une nouvelle théorie pour la Libération et de la Reconstruction Africaine ?

Oui ! Pour moi, le pan-africanisme est mort lorsque ses avocats les plus brillants ont soutenu Obama. Si une idéologie telle que le pan-africanisme échoue à empêcher ses plus grands représentants de soutenir des figures anti-africaines emblématiques, alors ce mouvement et l’idéologie sur laquelle il repose ont un sérieux problème. Ainsi, au lieu de combattre mes anciens camarades sur la question de savoir qu’est-ce qui est panafricanisme authentique et qu’est-ce qui ne l’est pas, j’ai préféré laissé ce chaos de contradictions derrière moi. Du coup, nous n’avons plus besoin de nous combattre. Chaque mouvement fait ce qu’il a à faire sans que d’autres viennent le déranger. Et si quelqu’un réussit à libérer l’Afrique, nous serons tous contents et en profiterons tous... (A suivre)

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